Conflit Boeing-Airbus: l’UE réplique aux taxes américaines mais tend la main

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Sans attendre l’arrivée du nouveau président américain Joe Biden, Bruxelles a annoncé lundi des sanctions douanières contre les Etats-Unis dans le litige opposant Airbus et Boeing pour chercher une fin négociée à ce conflit vieux de plus de 15 ans.

Sans attendre l’arrivée du nouveau président américain Joe Biden, Bruxelles a annoncé lundi des sanctions douanières contre les Etats-Unis dans le litige opposant Airbus et Boeing pour chercher une fin négociée à ce conflit vieux de plus de 15 ans. “Nous avons une décision de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur le cas Boeing, qui nous autorise à imposer des taxes et c’est ce que nous faisons”, a déclaré Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’Economie, lors d’une conférence de presse lundi matin, tout en précisant que Bruxelles restait “ouvert à une solution négociée”.

Le détail des produits américains visés et le montant des sanctions devait être annoncé en début d’après-midi. L’OMC avait autorisé mi-octobre l’UE à taxer des produits américains pour un montant maximal de 4 milliards de dollars. “Les Européens sont unis et déterminés à défendre leurs intérêts. Nous appliquerons dans les prochains jours ces tarifs sur toute une série de produits manufacturés et alimentaires, ainsi que sur les avions Boeing”, a affirmé Franck Riester, ministre délégué français chargé du Commerce, dans une interview aux Echos.

Washington inflige déjà des droits de douane punitifs sur certaines importations de l’UE comme le vin, le fromage et l’huile d’olive, à hauteur de 25%. Des taxes douanières de 10% sur les avions Airbus ont été relevées en mars à 15%.

Ces taxes avaient été autorisées l’an dernier sur près de 7,5 milliards de dollars de biens et services européens importés chaque année, la sanction la plus lourde jamais imposée par l’OMC.

– Doutes sur le timing –

L’avionneur européen Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l’UE et les Etats-Unis, s’affrontent depuis octobre 2004 devant l’OMC, juge de paix du commerce mondial, sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales de part et d’autre. Les ministres du Commerce de l’Union européenne sont réunis ce lundi en visioconférence.

En coulisse, des Etats membres avaient exprimé leurs doutes sur le timing des sanctions européennes, notamment l’Allemagne, grande puissance exportatrice. Le ministre allemand de l’Economie, Peter Altmaier, a déclaré lundi à la radio Deutschlandfunk qu’il voyait dans le changement de président aux Etats-Unis “l’opportunité qu’on n’en arrive pas à de nouveaux durcissements sur les droits de douane”.

Sous Donald Trump, les Etats-Unis ont mené une politique de confrontation avec l’Europe. Après avoir taxé l’acier et l’aluminium européen, le président sortant a menacé à plusieurs reprises de s’en prendre aux automobiles allemandes.

– Fermeté et dialogue –

“Il y a de grandes attentes après la victoire électorale de Joe Biden et l’espoir que les Etats-Unis vont revenir à une approche multilatérale, y compris dans le commerce“, a affirmé M. Altmaier.

Du côté français, on plaidait pour une attitude de fermeté, condition nécessaire pour promouvoir un dialogue avec Washington sur un pied d’égalité. “Comme l’UE l’a dit à de nombreuses occasions, nous sommes prêts à suspendre ou retirer nos taxes à tout moment, si les Etats-Unis suspendent ou retirent leurs taxes“, a d’ailleurs expliqué lundi M. Dombrovskis. “Mais, jusqu’à présent, les Etats-Unis n’ont pas accepté de retirer leurs taxes”, a-t-il ajouté. D’où le choix européen d’aller au bras de fer.

Ainsi, pourraient être visés par les taxes européennes les avions de ligne produits aux Etats-Unis, les tracteurs, mais aussi la patate douce, les arachides, le jus d’orange congelé, le tabac, le ketchup ou encore le saumon du Pacifique, selon une liste obtenue par l’AFP.

Le dialogue devrait toutefois se poursuivre. En octobre, le représentant américain au commerce (USTR) Robert Lighthizer avait affirmé vouloir “intensifier” les négociations avec Bruxelles. Le secteur aéronautique, déjà sinistré par la pandémie de Covid-19, a tout intérêt à éviter un engrenage des sanctions qui ne feraient que des perdants.

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