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Comment les États se renflouent sur le dos des épargnants

Vous pouvez le constater chaque jour autour de vous, l’inflation semble avoir disparu. Les médias n’en parlent plus. Et a priori, c’est plutôt embêtant…

La plupart des économistes nous ont dit pendant des années, et notamment quand la crise de 2007-2008 a éclaté, que la meilleure manière de nous débarrasser de notre dette publique, c’était le retour de l’inflation. En effet, l’inflation efface en quelque sorte les dettes, qu’elles soient privées ou publiques. Donc l’Etat s’en sort généralement plutôt bien, alors que les épargnants, et ceux qui vivent de leur rente (les retraités par exemple) sont malheureusement laminés par cette inflation. Bref, l’Etat y gagne, mais les épargnants y perdent en cas de forte inflation. Ce scénario-là est connu des économistes et porte même un nom: “l’euthanasie des rentiers”, une expression utilisée par Keynes, l’un des plus grands économistes de tous les temps et qui y voyait une manière radicale de résoudre le problème de la dette publique.

Seulement aujourd’hui, il n’y a pas plus d’inflation que de trapéziste au Vatican. Mais malgré cette absence d’inflation, les Etats ont trouvé une autre solution. Avec l’aide des autorités monétaires de la Banque centrale européenne, ils sont arrivés à faire en sorte que les taux d’intérêt restent extrêmement bas aujourd’hui – quasi à 0%, quand ils ne sont pas négatifs dans certains cas. C’est tout bon pour les Etats endettés comme la Belgique ou la France, car avec un taux d’intérêt à quasi 0%, le remboursement de la dette publique est indolore. Prenez le cas de la deuxième économie de la zone euro après l’Allemagne, à savoir la France: la durée moyenne de la dette publique en France est de 7 ans (1), ce qui veut dire qu’après 7 ans, la moitié du stock de dette publique aura été refinancé avec de nouveaux emprunts à 0%. Donc, le poids de cette dette, c’est -à-dire les intérêts, aura été divisé par deux. C’est magique !

Les taux aussi bas ne sont pas un hasard, mais une volonté politique délibérée en défaveur de l’épargnant, comme durant les guerres…

Et puis, d’ici quelques années, ces mêmes gouvernements feront en sorte que l’inflation reparte un peu, de l’ordre de 3% par exemple. Et là, grâce à cette inflation, ils arriveront à diminuer le poids du capital de cette dette publique.

Mais pendant ce temps-là, l’épargnant, lui, aura été le dindon de la farce. Les plus prudents seront restés scotchés avec des obligations d’Etat sans risque, mais qui ne rapportent rien, et leur capital aura fondu au fil du temps s’ils n’ont rien fait. Donc, si les taux d’intérêt sont aujourd’hui à presque 0%, c’est officiellement pour relancer nos économies, mais dans les faits, c’est aussi un choix qui a été fait en défaveur de l’épargnant. Ce n’est pas un hasard, mais une volonté politique délibérée, comme durant les guerres: l’épargnant est une victime collatérale. C’est la raison pour laquelle investir en actions est aujourd’hui surtout un choix par défaut. En fait, c’est la seule manière de ne pas se faire tondre en silence.

(1)Thèse des commentateurs de Contrepoints

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