Cinq choses à savoir sur les économies de la France et de l’Italie
Production, innovation, défense, espace, éducation: le traité franco-italien que doivent signer jeudi à Rome la France et l’Italie est destiné à doper les échanges et projets industriels entre ces deux poids-lourds économiques de l’Union européenne.
La France et l’Italie sont les 2ème et 3ème économies de la zone euro derrière l’Allemagne. Ensemble, elles représentent près d’un tiers des citoyens de l’UE et de son PIB. Voici les principaux indicateurs des relations économiques entre les deux pays:
Modèles proches
Leurs modèles sont relativement proches: de nombreuses entreprises exportatrices, un tissu industriel dense (le secteur manufacturier italien est plus important), des filières touristique et agricole vitales en termes de revenus et d’emploi. Le chômage est structurellement élevé (8,4% en France et 9,9% en Italie en septembre 2019, avant la crise sanitaire).
Les deux pays ont gravement souffert des conséquences de la pandémie, avec un recul du PIB de 8,3% en France et de 8,9% en Italie. Paris et Rome ont été à la manoeuvre pour assouplir les critères de déficit budgétaire et mutualiser la dette. Rome est par ailleurs le principal bénéficiaire de plan de relance européen avec 191,5 milliards d’euros de prêts et dons sur la période 2021-2026.
Commerce, avantage à l’Italie
La France est le 2e partenaire commercial de l’Italie, l’Italie le 3e partenaire commercial de la France. Les échanges entre les deux pays ont atteint 94 milliards d’euros en 2020, avec un solde favorable à l’Italie de 13,5 milliards. La France exporte en Italie son électricité, ses voitures, ses médicaments, ses produits de luxe, etc. L’Italie exporte notamment vers la France ses voitures, ses machines et ses chaussures.
La France est le premier investisseur et le 1er employeur étranger en Italie (Carrefour, BNP Paribas, EDF, Décathlon, etc). En France, les principaux employeurs italiens sont Generali (assurance) et Stellantis (PSA/Fiat).
Vin et tourisme
La France et l’Italie sont deux des pays les plus visités au monde. Les Français aiment l’Italie, surtout Venise, quand les Italiens prisent Paris et la Côte d’Azur. Outre l’avion et la voiture, les deux pays entendent densifier leurs liaisons ferroviaires: des trains de nuit ont redémarré cette année et le TGV Lyon-Turin doit être théoriquement mis en service en 2030.
La France et l’Italie sont, avec l’Espagne, sur le podium des premiers producteurs de vin dans le monde. Selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), la production devrait fortement baisser en 2021 en raison des gelées tardives d’avril. L’Italie garderait sa place de numéro 1 avec 44,5 millions d’hectolitres (-9% par rapport à 2020), devant l’Espagne (35 M hl, -14%) et la France (34,2 M hl, -27%).
Grands groupes contre PME
La France a davantage de champions industriels et financiers que l’Italie, plus de start-ups également (20.000 contre 12.000), mais l’Italie a quasiment deux fois plus d’entreprises industrielles que sa voisine (383.00 contre 197.000). Et l’Italie compte 3,6 millions d’entreprises contre 2,8 millions pour la France, grâce à un plus grand nombre de PME et TPE.
Succès et échecs industriels
La France et l’Italie ont réussi la fusion d’entreprises pour former de grandes multinationales: ATR (aviation) en 1982, STMicroelectronics (puces électroniques) en 1987, Thales Alenia Space et Telespazio (industrie spatiale) en 2005, EssilorLuxottica (optique) en 2018, et le dernier né, Stellantis (PSA/Fiat Chrysler) début 2021.
D’autres projets ont en revanche échoué au terme de longues tractations avec parfois, dans la péninsule, le sentiment d’un déséquilibre au détriment des investisseurs italiens. En réalité, les rachats d’entreprises françaises par des italiennes entre 2007 et 2020 dépassent en valeur ceux d’entreprises italiennes par des françaises (47,3 milliards d’euros contre 37,8 milliards).
Paris et Rome ont annoncé en janvier l’abandon du projet de rachat par le constructeur naval italien Fincantieri des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, spécialisés dans les paquebots et navires militaires de grande taille. La transaction se heurtait notamment à l’opposition d’élus locaux français, qui dénonçaient la vente d’un “fleuron”.
Sources: Eurostat, Direction générale du Trésor, Istat, OIV.
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