Christophe Lacroix, sur la spéculation et les surprofits: “Il faut contrer les marges anormales”

Christophe Lacroix, député PS. © belgaimage
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La spirale inflationniste s’explique notamment par de la spéculation et les surprofits de certains acteurs, estime Christophe Lacroix, le député PS, qui prône un blocage temporaire de certains prix.

1. Vous déposez une proposition de loi visant à autoriser le blocage d’une série de prix, afin de défendre le pouvoir d’achat. Est-ce l’amorce d’une remise en cause de l’économie de marché ?

Notre proposition, c’est effectivement une intervention dans l’économie de marché pour répondre à une situation exceptionnelle comme l’importante spirale inflationniste que nous connaissons aujourd’hui. Mais rassurez-vous, notre but n’est pas la mise en place d’une économie de type soviétique avec planification de la production. L’idée n’est pas d’imposer un blocage généralisé, avec une fixation des prix déterminée à l’avance, mais d’intervenir là où les hausses des prix ne semblent pas normales et cohérentes par rapport aux lois de l’offre et de la demande. Si les hausses répondent aux lois du marché, à cause par exemple de pénuries, il n’y a pas lieu d’intervenir sur les prix. En revanche, si l’Observatoire des prix constate des évolutions anormales, dues à la spéculation ou aux marges excessives de certains acteurs, l’Etat doit intervenir pour protéger le portefeuille des citoyens. Cela s’est fait au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et ensuite par le général de Gaulle dans la France des années 1960 face à des hausses de prix inédites.

2. Cela ne risque-t-il pas de mettre en péril les entreprises qui voient leurs coûts de production exploser et doivent répercuter cela dans leurs prix ?

Non, il n’y a d’intervention que là où l’on relève des surprofits qui ne se justifient pas par les règles classiques de l’offre et de la demande. Notre proposition vise à défendre le pouvoir d’achat des citoyens mais aussi la compétitivité des entreprises. Avec l’inflation, entre en action l’indexation automatique des salaires, qui est le premier bouclier pour les citoyens. Mais je ne voudrais pas que cette indexation serve avant tout à protéger les surprofits de certains. Notre outil, ce n’est pas une remise en cause de l’économie de marché, c’est une régulation temporaire – l’éventuel blocage, c’est pour une durée de six mois, renouvelable une fois – de l’économie pour contrer des marges anormales.

3. Les problèmes de pouvoir d’achat sont urgents pour une bonne part de la population. A-t-on le temps d’attendre une étude de l’Observatoire avant d’agir ?

Oui. L’Observatoire suit l’évolution des prix de manière hebdomadaire et remet chaque mois un rapport aux autorités. C’est un outil performant et très intéressant mais malheureusement sous-utilisé. Notre proposition de loi donne une opportunité au gouvernement de s’en saisir pour apporter, dans l’urgence, une réponse temporaire dans cette guerre du portefeuille que vivent les citoyens. La mesure peut être opérationnelle en très peu de temps.

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