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Choisir la guérison totale ou choisir l’économie? Le dilemme des politiques

Amid Faljaoui revient sur la sortie du confinement et sur le dilemme posé à nos politiques : choisir la guérison totale ou choisir l’économie ?

Ce petit virus qui fait hélas parler de lui tous les jours m’étonne aussi chaque jour. Il a plus fait à lui seul pour diminuer la pollution que tous les discours écologiques depuis des années. Même au niveau de la finance, il a réussi ce qu’aucun parti d’extrême gauche n’aurait pu imaginer. Faire en sorte que la plupart des entreprises mondiales et en particulier les banques s’abstiennent de distribuer des dividendes à leurs actionnaires.

C’est en soi une prouesse car les actionnaires souffrent déjà très fortement dans leur portefeuille avec la chute des cours en Bourse. Des cours qui baissent et plus de rendement sous la forme de dividendes, c’est ce qu’on appelle la double peine pour les épargnants ou du moins ceux et celles qui ont mis une partie de leurs économies en Bourse.

La meilleure preuve, c’est l’action KBC. Bien que cette banque soit considérée comme l’une des banques les mieux gérée au monde, le cours de l’action KBC a presque chuté de moitié depuis le début de l’année (- 45%).

C’est énorme et lorsque les investisseurs ont appris que la direction de la KBC avait aussi décidé d’annuler ou du moins reporter la distribution d’un dividende vers le mois d’octobre, ça a fait chuter encore plus le cours de cette banque.

Il faut dire que la BCE, c’est-à-dire l’autorité des banques commerciales, recommande à celles-ci de ne pas distribuer de dividendes et de garder cet argent pour renforcer leur aide à l’économie.

Mais attention, ce virus n’est ni de gauche ni de droite, il est surtout cruel. Il frappe d’ailleurs davantage les pays pauvres que les pays riches et il frappe même encore plus durement les personnes les moins qualifiées comme on l’a vu dans le secteur Horeca qui est sans doute le secteur le plus sinistré par la présence de cette épidémie.

Il pose d’ailleurs en ce moment un cruel dilemme aux dirigeants politiques en Occident. Chacun sait maintenant que le dé-confinement sera sans doute graduel pour éviter un retour de l’épidémie.

Nathalie Muylle, la ministre de l’économie ne s’en est pas cachée auprès de la presse flamande. Son souhait à elle serait que ce soit d’abord les écoles qui reprennent leur vie normale, ensuite on mettrait fin au télétravail, ensuite les commerces pourraient rouvrir et seulement à la fin le secteur Horeca.

Ce n’est bien entendu qu’un scénario basé sur les dires des experts mais au final ce seront les politiques qui devront décider.

Le souci est simple, si on veut éradiquer à 100% l’épidémie et être sûr qu’elle ne reviendra pas sous la forme d’une seconde vague, il faudrait nous confiner jusqu’en juin ou juillet, selon certains experts. C’est impossible car alors là, l’économie ne s’en relèverait pas, et il faudrait non pas 4 ou 5 mois pour revenir à la normale mais 4 ou 5 ans.

Et donc, oui, sauf si on trouve un traitement efficace d’ici la sortie du confinement, le choix des politiques risque d’être difficile : opter pour une guérison totale ou sauver l’économie ?

C’est ce qu’a dit Donald Trump il y a quelques jours mais avec son style plus brutal. Le débat va commencer dans les médias entre primauté de la vie ou primauté de l’économie.

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