Chine: ce géant aux pieds d’argile qui inquiète le monde

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président chinois Xi Jinping, qui va être réélu pour cinq ans, dirige un pays “plus fort que jamais”, mais fragilisé par son autoritarisme et des crises qui se succèdent, du Covid à l’immobilier en passant par les tensions internationales.

En Chine, le culte de la personnalité du président Xi Jinping atteint des sommets que l’on n’avait plus connu depuis l’ère de Mao. Le correspondant du Monde à Pékin, Frédéric Lemaître, raconte combien l’incroyable musée de l’histoire du Parti communiste chinois (PCC), ouvert dans la capitale en 2021 sur 147 000 mètres carrés (!), fait la part belle à l’oeuvre de l’actuel numéro un sur un étage entier, relayant pratiquement ses prédécesseurs à des “anecdotes”.

La poigne de fer de Xi Jinping sera confortée à partir de dimanche, à l’occasion du 20e congrès du PCC. Sa réélection est assurée pour un troisième mandat de cinq ans, avant, probablement, de nouvelles prolongation en 2027 et 2032. Si ce géant ne s’effondre pas avant.

Xi Jinping a mis la Chine à sa botte en renforçant son emprise de façon musclée : parti sous sa coupe, armée au budget doublé en dix ans, police, moyens technologiques mis au service de la politique sécuritaire… L’économie fut l’autre dimension de cette emprise, avec la volonté à l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping de faire de la Chine une société “moyennement prospère” en 2021 et une nation “pleinement développée, riche et puissante” en 2049.

L’objectif inscrit au menu de ce 20e Congrès consiste à doubler le PIB et le revenu par habitant d’ici 2035. Mais l’économie chinoise a été fragilisée par la crise du Covid et une politique du zéro Covid contreproductive, elle menace de s’écrouler en raison d’une bulle immobilière sur le point d’exploser et la posture toute-puissante du régime actuel, non sans relents impérialistes, décourage de nombreuses multinationales. Le soutien à demi-mots à la Russie est là pour compléter une menace larvée. Selon les prévisions du FMI, la Chine devrait connaître sa croissance la plus molle depuis quatre décennies.

L’obsession de contrôle du Parti communiste rend la Chine plus faible, mais aussi plus dangereuse“, résume très justement l’hebdomadaire The Economist. Qui insiste sur la mainmise de plus en plus grande d’un homme seul sur le pays.

La Chine est bel et bien un géant aux pieds d’argile. “Jamais depuis des décennies la croissance chinoise n’a été aussi faible, et les inégalités aussi fortes, souligne L’Expansion/L’Express. Le pacte social se lézarde sur fond de contrôle croissant de la société.” Pour autant, ce géant fragile inquiète pourtant le monde et dispose des moyens de le mettre à ses pieds, notamment parce qu’il a le contrôle de l’immense majorité des terres et matériaux rares dans le monde.

Un climat de crise a défini le règne de Xi Jinping, il façonnera l’avenir de la Chine“, analyse longuement CNN. Les correspondants de la chaîne américaine rappellent qu’à l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir, la Chine venait de supplanter le Japon en tant que deuxième économie au monde. Elle pourrait devenir la première à l’horizon 2030, imaginait-on en 2021.

Dix ans après son arrivée au pouvoir, la Chine est “plus forte et plus confiante que jamais, tout en étant plus autoritaire”, voir paranoïaque. Les relations avec les Etats-Unis et les voisins japonais, coréens du sud ou australiens se sont fortement dégradées. La réélection de Xi Jinping annonce la probabilité d’une vie au pouvoir, mais elle risque aussi de prolonger ce “climat de crise” permanent. Pour le meilleur ou pour le pire.

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