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“Ceux qui se prononcent pour la décroissance ne la conçoivent pas comme un choix individuel, mais comme un système à imposer à tous”

A n’en pas douter, l’année 2020 sera une année de décroissance.

Après des décennies de croissance pratiquement ininterrompue, cette année révélera une perte sensible du PIB. Cet appauvrissement est évidemment une conséquence directe des décisions de confinement prises par la plupart des Etats européens. Il s’agit d’un exemple grandeur nature de ce qu’est la décroissance forcée, résultant nécessairement de décisions gouvernementales. Seul l’Etat peut à ce point appauvrir ses sujets.

Pourtant, depuis des décennies, une petite partie des intellectuels nous propose la décroissance comme un choix à faire. Pour eux, il n’est de toute façon pas possible de croître sans cesse, d’utiliser sans fin des ressources limitées et le progrès qui ne serait que croissance ne rend de toute façon pas heureux. Un tel choix pour la décroissance est parfaitement légitime. On peut comprendre que certaines personnes, de plus en plus nombreuses, optent pour un choix de vie différent de celui de la majorité, qu’ils préfèrent moins de revenus et moins de dépenses, et une vie plus simple. Ces choix sont le reflet de libertés indiscutables et ils sont parfaitement estimables. Ils le sont en tant que choix individuels, d’exercice des libertés les plus essentielles.

Malheureusement, la plupart de ceux qui se prononcent pour la décroissance ne la conçoivent précisément pas comme un choix individuel, mais comme un système à imposer à tous. Il ne s’agit pas seulement, pour eux, de remplacer le PIB comme baromètre, par une notion floue de ” bonheur national brut “, que chacun apprécie à sa mesure. Ce qu’ils veulent n’est pas ” choisir ” la décroissance, mais ” imposer ” celle-ci. A l’image du club de Rome qui, déjà en 1972, écrivait ” Halte à la croissance! ” et proposait un système malthusien réduisant les libertés, on voudrait aujourd’hui une décroissance imposée, comme celle qui a résulté d’un confinement, extrêmement attentatoire aux libertés.

Autant la décroissance choisie, comme option individuelle de vie, est légitime et sympathique, autant l’idée d’y contraindre la population relève d’une conception totalitaire. Pas seulement parce que le club de Rome s’est lourdement trompé, par exemple en annonçant la pénurie des hydrocarbures en 1990 alors qu’ils sont aujourd’hui plus accessibles que jamais. Mais aussi parce que contraindre à la décroissance, c’est imposer la pauvreté et ôter à des millions de personnes l’espoir d’en sortir.

Si la pauvreté a reculé de façon impressionnante au cours des deux derniers siècles, c’est grâce à la croissance, résultat d’un système fondé en Occident sur une certaine conception, certes pas idéale, de la liberté d’entreprendre. La décroissance est incompatible avec celle-ci et n’a jamais existé ailleurs que dans des régimes totalitaires, comme ce fut le cas des famines imposées à la population après les révolutions soviétique et chinoise. Nous venons de voir, et en subissons toujours les conséquences, qu’à une échelle pour l’instant moindre, la dictature sanitaire aboutissait aux mêmes effets.

Il ne reste qu’à espérer que l’appauvrissement subi par nos sociétés en cette triste année 2020 servira d’exemple repoussoir, qui nous préservera à jamais de l’application forcée des conceptions idéologiques des penseurs décroissants. La vigilance s’impose toutefois parce que l’appauvrissement n’a, à ce jour, pas atteint ceux, nombreux, qui vivent de ce que leur attribuent les pouvoirs publics, et qui ont échappé pour le moment aux effets économiques du confinement.

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