Budget fédéral: 1,7 milliard de déficit supplémentaire

Eva De Bleeker © Belga

Le déficit budgétaire de la Belgique va atteindre 6,1% du PIB en 2022, et non 5,8% comme notifié à la Commission européenne il y a peine un mois. La faute à la TVA réduite sur l’énergie qui n’avait pas été incluse.

Le déficit budgétaire fédéral 2023 sera plus lourd que prévu.

C’est la N-VA qui a la première révélé qu’il y avait une différence notable entre les chiffres transmis à la Commission européenne et les chiffres tels qu’ils apparaissent dans le budget qui a maintenant été soumis à la Chambre. Dans le projet de budget transmis à la Commission, le déficit global de l’ensemble des gouvernements belges s’élève à 5,8 % du produit intérieur brut (PIB), soit 33,5 milliards d’euros. A peine un mois après les longues et poussives négociations budgétaires, la Vivaldi et la secrétaire d’État au Budget Eva de Bleeker (Open VLD) ont revu leur copie dans les documents transmis à la Chambre puisque ce même déficit global s’élève aujourd’hui à 6,1 % du PIB. Cela représente 0,3 % en plus, soit 1,7 milliard d’euros. C’est la moitié des efforts budgétaires 2023-2024 du gouvernement De Croo qui partent immédiatement en fumée.

Comment est-ce possible ?

“Selon le cabinet De Bleeker, cet ajustement est dû à la décision prise par le Conseil des ministres le 28 octobre de prolonger la réduction de la TVA sur l’énergie et d’introduire en contrepartie une réforme des accises” précise l’Echo. Ni les notifications accompagnant l’accord budgétaire, ni le tableau distribué après le conclave budgétaire ne contenaient d’estimation du coût budgétaire de cette mesure. C’est aujourd’hui chose faite et le coût a finalement été estimé à 1,3 milliard d’euros pour 2023 et 1,7 milliard pour 2024.

Par prudence, les éventuelles recettes budgétaires ne seraient cependant pas encore prises en compte puisque le moment exact de l’entrée en vigueur de cette réforme n’est pas encore connu précise-t-on cependant du côté du cabinet De Bleeker. L’espoir demeure que le coût final sera toujours inférieur à ce scénario catastrophe. Selon De Standaard, deux autres revers de moindre importance – un dividende moins important de la Banque nationale (268 millions d’euros) et le paiement de la prime au fuel (124 millions d’euros) – expliqueraient le reste de ce nouveau budget a minima.

Autre conséquence de cette révision, le ratio de la dette est également plus élevé puisqu’il est désormais de 109,4% du PIB au lieu de 108% précise encore L’Echo.

En outre le budget déposé à la Chambre prévoit un déficit structurel à 3,4 % du PIB l’année prochaine et de 3,5 % au lieu des 2,9% en 2023 et 3,2 % en 2024 présent dans le projet soumis par Eva De Bleeker à la Commission européenne. Cette différence serait due à une interprétation différente entre la Commission européenne et le gouvernement fédéral sur ce qui constitue une dépense exceptionnelle précise encore De Standaard.

La Belgique aura le plus grand déficit budgétaire de la zone euro au cours des deux prochaines années

Selon les prévisions de la Commission européenne, la Belgique serait, dans les deux années qui viennent, le pays de la zone euro affichant le plus grand déficit budgétaire. Et parmi les États dont l’endettement est supérieur à 100% du produit intérieur brut, c’est le seul qui verrait sa dette croître en 2023 et 2024. Une distinction liée d’une part à des mesures d’aide “assez fortes” face aux prix de l’énergie, ainsi qu’à une spécificité bien connue: l’indexation automatique des salaires, relève le commissaire. Si cet outil est au coeur d’un vieux débat en raison de son effet sur la compétitivité du pays, “je ne pense pas que ce soit le meilleur moment pour y toucher”, indique M. Gentiloni. Qui estime que “dans ces circonstances particulières, si vous avez un outil pour répondre à la perte de pouvoir d’achat, il est moins controversé qu’il ne pourrait l’être en temps normal”. En 2023, l’administration communautaire s’attend à voir la plupart des États membres de la zone euro afficher une croissance faible à très faible, à l’image de la Belgique (+0,2%).

La Belgique en récession à la fin de l’année

L’inflation est “exceptionnellement élevée” en Belgique cette année, à 10,4 %, indique la Commission. Les prix élevés du gaz et de l’électricité se sont rapidement répercutés sur les autres biens de consommation, dont les prix continueront à augmenter fortement en 2023. L’indexation automatique des salaires a également alimenté cette hausse. La Commission prévoit une inflation de 6,2 % pour l’année prochaine, mais celle-ci devrait tomber à 3,3 % en 2024 grâce à la baisse des prix de l’énergie. L’inflation belge est bien plus élevée que dans l’ensemble de la zone euro où celle-ci s’élève à 8,5 %. Seuls cinq pays enregistrent une inflation plus importante, l’Estonie (19,3%), la Lettonie (16,9%), la Lituanie (18,9%), la Slovaquie (11,8) et Les Pays-Bas (11,6 %). En Allemagne et en France elle atteint respectivement 8,8 % et 5,8 %.

Cette inflation élevée et la baisse de confiance des consommateurs ont pesé lourdement sur la croissance au second semestre. En conséquence, celle-ci a chuté à -0,1% au troisième trimestre puis à -0,4% au quatrième trimestre, faisant entrer la Belgique en récession.

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