Bruxelles a annoncé mercredi l’ouverture d’une “enquête approfondie” sur le projet de rachat du groupe de médias français Lagardère par son compatriote Vivendi, estimant que l’opération risquait de réduire la concurrence dans l’édition de livres et de magazines.
La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l’UE, a annoncé dans un communiqué qu’elle allait “procéder à une enquête approfondie portant sur les effets potentiels de l’opération, afin de déterminer si ses craintes initiales étaient confirmées”. Elle a désormais jusqu’au 19 avril prochain pour accorder ou non son feu vert.
Vivendi, via sa filiale Editis, et Lagardère, via Hachette, sont les deux acteurs les plus puissants dans le secteur de l’édition de livres en langue française, a souligné la Commission.
Au terme de son enquête préliminaire, l’exécutif européen “craint que l’opération ne réduise la diversité, l’accessibilité et le caractère abordable des livres en langue française”.
Le projet de rachat de Lagardère avait été notifié à la Commission le 24 octobre.
Pour répondre aux inquiétudes de Bruxelles, Vivendi s’était dit prêt en juillet à céder entièrement sa filiale Editis, numéro deux du secteur.
Le projet de cession envisagé se ferait en distribuant les actions d’Editis aux actionnaires de Vivendi et en introduisant dans le même temps la société en Bourse à Paris.
Le groupe Bolloré, actionnaire de référence de Vivendi, devrait céder l’ensemble des actions Editis reçues, afin d’éviter d’être accusé de garder le contrôle effectif sur les deux groupes.
Mais la Commission a indiqué mercredi que Vivendi avait “décidé de ne pas présenter d’engagements” pour répondre aux inquiétudes en matière de concurrence.
Bruxelles s’inquiète aussi pour la concurrence dans le secteur des magazines “people”.
En combinant trois titres sur ce créneaux, Paris Match de Lagardère ainsi que Gala et Voici de Vivendi, elle craint que le rapprochement “nuise à la qualité, à la diversité et aux prix, aux dépens des lecteurs de ce type de magazine”.