Bruxelles affiche son pessimisme sur le budget italien

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Le déficit public italien devrait considérablement s’accroître au cours des deux prochaines années si Rome met en oeuvre les mesures prévues dans son budget 2019, rejeté par Bruxelles, a mis en garde jeudi la Commission européenne.

Dans ses prévisions d’automne, l’exécutif européen estime que le déficit de l’Italie atteindra 2,9% de son produit intérieur brut (PIB) l’an prochain, puis 3,1% en 2020, soit bien au-delà des prévisions de Rome, qui table sur 2,4% en 2019 et 2,1% l’année suivante.

Bruxelles avait rejeté le 23 octobre le projet de budget italien pour 2019, une première dans son histoire, jugeant largement en dehors des clous européens les chiffres présentés par la coalition populiste au pouvoir, formée de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème).

Dans ses prévisions de jeudi, la Commission franchit un pas de plus en estimant donc que ces chiffres sont loin de la réalité et insuffisants pour réduire l’énorme dette italienne, qui devrait selon elle se stabiliser autour de 131% du PIB au cours des deux prochaines années.

“Nos projections diffèrent quelque peu de celles du gouvernement” italien, a euphémisé le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse.

L’Italie a jusqu’au 13 novembre pour présenter un budget révisé, sans quoi elle s’expose à l’ouverture d’une “procédure pour déficit excessif”, susceptible d’aboutir à des sanctions financières.

Lundi, les ministres des Finances de la zone euro avaient sans succès pressé l’Italie de revenir sur son projet de budget.

Le budget “ne change pas”, avait répondu le ministre italien des Finances, Giovanni Tria, promettant cependant “un dialogue constructif avec la Commission”.

“Environnement incertain”

L’inflexibilité italienne fait craindre, outre ce bras de fer avec la Commission, des turbulences du marché, voire un retour d’une crise de la dette.

Le budget italien a été bâti sur une prévision de croissance très optimiste de 1,5% en 2019, alors que la Commission a anticipé jeudi une croissance de 1,2% pour l’an prochain, puis 1,3% en 2020.

“Nos prévisions de croissance (sont) plus prudentes et nos prévisions en matière de dépenses plus élevées” que celles de Rome, a résumé Pierre Moscovici pour expliquer l’écart constaté sur le déficit.

A l’échelle des 19 pays de la zone euro, Bruxelles a légèrement revu à la baisse sa prévision de croissance pour 2019, mais maintenu celle de 2018, mettant en garde contre “une incertitude croissante au niveau mondial”.

L’exécutif européen table sur une croissance maintenue à 2,1% cette année, mais en légère perte de vitesse à 1,9% en 2019, contre 2,0% lors de sa dernière évaluation en juillet dernier. La croissance devrait continuer de ralentir en 2020, pour atteindre 1,7%.

“L’incertitude et les risques, tant externes qu’internes, progressent et commencent à peser sur le rythme de l’activité économique”, a souligné le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis.

Parmi ces risques sont pointées du doigt les tensions commerciales internationales, la hausse des prix du pétrole, mais aussi “la perspective d’un ralentissement de l’amélioration du marché du travail”, ainsi que l’issue des négociations du Brexit.

“Dans un environnement international de plus en plus incertain, les décideurs politiques, tant à Bruxelles que dans les capitales nationales, doivent veiller à ce que la zone euro soit suffisamment forte pour faire face à ce que l’avenir nous réserve”, a pour sa part commenté Pierre Moscovici.

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