Brexit: Theresa May menacée d’une nouvelle rébellion

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La Première ministre britannique Theresa May est menacée d’une nouvelle rébellion dans les rangs de sa majorité, lors d’un vote jeudi au Parlement sur la conduite à tenir dans les discussions sur le Brexit avec Bruxelles.

Le gouvernement soumet au vote, à partir de 17H00 (heure locale et GMT), une motion visant à obtenir le soutien des députés dans sa tentative de renégocier l’accord de divorce conclu avec l’Union européenne, qui avait été sèchement recalé lors d’un vote mi-janvier au Parlement britannique.

L’exécutif y affirme un double objectif: obtenir des “arrangements alternatifs” au “filet de sécurité” censé maintenir une frontière ouverte sur l’île d’Irlande après le Brexit (“backstop” en anglais), et écarter le scénario d’un “no deal”, soit une sortie sans accord redoutée par les milieux d’affaires comme par une partie des députés.

Ces objectifs reprennent les deux amendements adoptés par les députés eux-mêmes fin janvier à la Chambre des communes. Mais les plus fervents Brexiters au sein du Parti conservateur au pouvoir ont menacé d’imposer à Theresa May une nouvelle défaite au Parlement si elle ne reformulait pas cette motion. Ils refusent que le gouvernement puisse cautionner l’abandon du scénario du “no deal”.

“Écarter cette option serait la stratégie de négociation la plus idiote, et ce n’est pas dans l’intérêt national”, a tweeté le député Steve Baker, membre de l’European Research Group (ERG), une alliance de plusieurs dizaines de députés conservateurs très eurosceptiques.

A l’ouverture des débats, le ministre en charge du Brexit, Stephen Barclay, a tenté de rassurer les rangs conservateurs, en assurant que “la priorité” du gouvernement était de remanier le “backstop”.

Il a rappelé que la loi fixant la date du Brexit au 29 mars, avec ou sans accord, “prend le pas” sur la motion, qui n’a pas de valeur contraignante.

Le ministre du Commerce international et fervent défenseur du Brexit, Liam Fox, a, lui, prévenu les députés qu’un rejet du texte enverrait de “mauvais signaux” à Bruxelles et affaiblirait la capacité de Theresa May à obtenir un accord renégocié.

“L’UE attend toujours”

Engagée depuis deux semaines dans de nouvelles discussions avec l’UE, Theresa May peine à obtenir une réouverture des négociations. Alors que les dirigeants européens se montrent inflexibles, elle a reconnu mardi avoir “besoin de temps” pour trouver une issue.

“L’UE à 27 attend toujours de Londres des propositions concrètes et réalistes pour sortir de l’impasse sur le Brexit”, a déclaré mercredi sur Twitter le président du Conseil européen, Donald Tusk.

La principale pierre d’achoppement demeure la question du filet de sécurité irlandais. Ce dispositif prévoit, en dernier recours, de maintenir le Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE, ainsi qu’un alignement règlementaire sur l’UE plus poussé pour l’Irlande du Nord.

Il est rejeté par les Brexiters, aux yeux desquels il empêcherait le pays de rompre les liens avec l’UE. Mais les dirigeants européens refusent de le modifier.

Theresa May a exposé trois solutions pour tenter de parvenir à un nouvel accord: instaurer une date limite à l’application du “backstop”, laisser au Royaume-Uni la possibilité d’y mettre fin unilatéralement, ou le remplacer par “des arrangements alternatifs”.

Le gouvernement multiplie les initiatives pour tenter de convaincre les 27. La dirigeante britannique s’est encore entretenue avec les présidents français Emmanuel Macron et roumain Klaus Iohannis mercredi soir.

Elle se laisse jusqu’au 26 février pour trouver une issue. Sans nouvel accord à cette date, un nouveau débat sera organisé le lendemain sur la conduite à tenir.

Mais la cheffe du gouvernement est accusée de “jouer la montre” par l’opposition travailliste. Le leader du Labour, Jeremy Corbyn, a déposé un amendement qui sera voté jeudi, pour tenter de limiter les marges de manoeuvres du gouvernement.

Deux autres amendements ont été sélectionnés par le président de la Chambre, John Bercow et seront soumis aux députés. L’un est soutenu par le parti indépendantiste écossais SNP et demande de repousser la date du Brexit. L’autre, déposé par la députée conservatrice Anna Soubry, réclame la publication de la dernière étude présentée au gouvernement sur l’impact économique d’un Brexit sans accord.

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