Brexit: “Nous devons négocier impitoyablement avec les Britanniques”

© Belga

A la demande du ministre de l’Emploi Kris Peeters (CD&V), le comte Paul Buysse dirige l’équipe de crise qui prépare notre pays au Brexit. Il pense déjà à un deuxième référendum.

Vous attendiez-vous à ce résultat ?

Paul Buysse: “Non. Vraiment pas. Selon moi, c’est un vote contre l’establishment. L’attitude anti-politique de l’électorat, nous la voyons aussi dans des pays comme la France et les Pays-Bas, mais aussi chez nous. Mais la sortie de l’Union européenne est, pour les Britanniques, aussi une manière de souligner leur culture et leurs valeurs traditionnelles. Britannia rules the waves, en quelque sorte (la Grande-Bretagne règne sur les océans, ndlr). Ce nationalisme s’est exprimé dans la campagne sous forme de mensonges et de démagogie. Que le Royaume-Uni n’utilise pas l’euro en disait déjà suffisamment sur la manière dont les Britanniques perçoivent l’Europe.”

Que doit faire l’Union européenne, maintenant ?

“Certainement pas rester les bras croisés. Pour commencer, nous devons négocier impitoyablement avec les Britanniques pour prouver que nous prenons l’Union européenne au sérieux. Nous devons utiliser ce vote pour renforcer l’UE. Pendant des années, l’Europe a fait du sur-place parce que les Britanniques bloquaient constamment. L’Europe sera peut-être une puissance un peu moins grande maintenant, mais elle reste un acteur important sur le plan économique. Le président de la Commission Jean-Claude Juncker et le président du Conseil Donald Tusk doivent se saisir du Brexit pour à nouveau faire de l’Europe un projet politique attractif. Elle peut aller de l’avant. Paradoxalement, le Brexit peut dans ce cas mener à plus et non à moins d’Europe.”

L’Écosse se retirera-t-elle du Royaume-Uni ?

“Il semble que l’Écosse et le Pays de Galles s’enflamment. Sous Tony Blair, ces deux parties du pays ont reçu un parlement, et cela va s’agiter. Une indépendance complète est une option réelle. Cela non plus les opposants britanniques à l’UE ne l’ont jamais vraiment réalisé. Paradoxalement, un vote nationaliste risque de morceler la nation.”

Comment les négociations devront-elles se poursuivre ?

“Selon le Traité de Lisbonne, une négociation avec l’UE devra avoir lieu au cours des deux années qui suivent. La question est de savoir si quelqu’un comme Boris Johnson, ancien maire conservateur de Londres, pourra y parvenir pleinement et si le Royaume-Uni deviendra totalement autonome du reste de l’Europe. Peut-être que le pays demandera un statut à part au sein de l’Union. Éventuellement, un deuxième référendum pourrait arrondir les angles. Ces prochains jours, la réaction du monde politique nous donnera une idée de ce à quoi devrait ressembler la suite.”

Quelles sont les conséquences pour notre pays ?

“Au cours des prochains mois, nous évaluerons les conséquences économiques secteur par secteur, et nous déterminerons quelles mesures nous devons prendre. Sur ce plan aussi, le pessimisme n’a pas sa place.”

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