Brésil: trois ans de scandales de corruption à répétition

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Le feu vert donné mardi par la Cour suprême du Brésil pour ouvrir des enquêtes contre au moins huit ministres et des dizaines de parlementaires marque une étape décisive du méga-scandale de corruption Petrobras.

Né de l’opération “Lavage-express”, plus grande enquête anticorruption de l’histoire du pays, l’affaire s’est transformée en thriller à rebondissements qui a atteint l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva et touche désormais le cercle proche de l’actuel chef de l’Etat Michel Temer.

2014: la genèse d’un méga-scandale

– 17 mars : l’opération “Lavage-Express” commence par une enquête de routine, avec l’arrestation de Youssef, un agent de change qui trempe dans des affaires de blanchiment d’argent.

De fil en aiguille, les pistes mènent vers Paulo Roberto Costa, l’un des directeurs de la compagnie pétrolière d’État Petrobras, le premier à révéler les arcanes d’un réseau de corruption dont l’ampleur dépasse largement les attentes des enquêteurs.

Une fois interpellé, il avoue que de l’argent détourné de l’entreprise publique alimente les finances de partis politiques.

2015 : l’enquête tentaculaire prend forme

– 6 mars : la Cour suprême autorise des enquêtes contre 12 sénateurs et 22 députés accusés de participer de réseau de corruption pour détourner des fonds de Petrobras.

– 10 juin : Arrestation du PDG du géant du BTP Odebrecht, Marcelo Odebrecht, accusé de truquer systématiquement les marchés publics en versant des pots-de-vin à des hommes politiques influents pour remporter des marchés surfacturés à Petrobras. Il sera condamné plus tard à 19 ans de prison.

L’année 2015 sera marquée par l’arrestation de deux figures du Parti des Travailleurs au pouvoir, José Dirceu et Dilcidio Amaral. Ce dernier passe aux aveux et affirme que la présidente de l’époque, Dilma Rousseff, et son prédécesseur, l’icône de la gauche Luiz Inacio Lula da Silva, sont impliqués dans le scandale.

2016 : Troubles politiques

– 4 mars : Lula est emmené par la police pour interrogatoire. Les procureurs l’accusent de blanchiment d’argent et dissimulation de patrimoine.

– 12 mai : Alors que des manifestations anticorruption rassemblent des millions de personnes, la présidente Dilma Rousseff est écartée du pouvoir par la chambre des députés pour maquillage des comptes publics.

– 31 août : Dilma Rousseff est officiellement destituée par le sénat et remplacée dans la foulée par son vice-président, le conservateur Michel Temer.

Le nouveau gouvernement ne tarde pas à être rattrapé par le scandale et plusieurs ministres sont contraints de démissionner sous les accusations de corruption.

– 2017 : La bombe à retardement Odebrecht –

– 30 janvier : La Cour suprême valide les témoignages de 77 anciens cadres d’Odebrecht qui ont noué des accords de collaboration dans l’espoir d’obtenir une remise de peine.

Ces confessions explosives font prendre à l’enquête une ampleur inédite, avec des dizaines d’hommes politiques de premier plan et de tous bords impliqués.

– 14 mars : Le procureur général Rodrigo Janot demande à la Cour suprême d’autoriser l’ouverture de 83 nouvelles enquêtes contre des politiciens jouissant d’immunité parlementaire.

– 30 mars : L’ancien président de la chambre des députés, Eduardo Cunha, est condamné à 15 ans de prison pour corruption. Parfois surnommé le Frank Underwood brésilien, en référence au personnage manipulateur de la série House of Cards, il était l’artisan de la destitution controversée de Dilma Rousseff.

– 11 avril : La Cour Suprême donne son feu vert à l’ouverture d’enquêtes contre au moins huit ministres du gouvernement Temer et des dizaines de parlementaires.

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