Bpost, Belfius, Proximus, Delhaize, Brussels Airport, STIB… : le point complet sur la grève nationale

© BELGA

Bpost assure son service en ce jour de grève nationale: le courrier sera donc distribué normalement. Plus de 100 supermarchés seront par contre fermés à travers le pays.

Le point sur les perturbations de la STIB, des TEC et de la SNCB, c’est par ici.

Malgré la grève, une cinquantaine de passagers se sont présentés à Brussels Airport

Le courrier est distribué

Le mouvement de grève, qui touche de nombreux secteurs à travers tout le pays, n’affectera finalement pas trop la distribution du courrier ce mercredi. Aucun site de bpost n’a été bloqué durant la nuit. Les lettres et paquets ont donc pu être acheminés vers les centres de tri et de distribution.

“Mais en raison de la grève, le personnel est restreint, ce qui implique que le volume de courriers traités sera moindre”, indique Barbara Van Speybroeck, porte-parole de bpost. À l’aube ce matin, les facteurs ont assuré les tournées de journaux à 95% en Wallonie et à Bruxelles.

Dans le nord du pays, l’acheminement des quotidiens a même atteint les 99%. La distribution des lettres et colis enregistre par contre de moins bons résultats. En Wallonie et à Bruxelles, seules 68% des tournées ont été assurées. En Flandre, la situation est globalement assez bonne à part en province de Limbourg, où seulement 64% des tournées ont eu lieu. Dans le Brabant flamand, le pourcentage de courrier en passe d’être remis à ses destinataires s’élève à 98% tandis qu’à Anvers, il s’approche des 93%.

En Flandre orientale et occidentale, les tournées sont assurées à respectivement 81% et 86%. A noter que vers 09h00 mercredi, le zoning où se trouve le centre de tri de Charleroi a été bloqué, celui-ci est donc difficilement accessible.

Forte mobilisation à Bruxelles

Près d’une centaine de piquets de grève ont été dénombrés dans la capitale mercredi par la CSC, a indiqué Nel Van Slijpe, porte-parole du syndicat. Sans avoir de décompte exact pour sa part, Estelle Ceulemans, secrétaire générale de la FGTB de Bruxelles, ajoute que la grève est particulièrement bien suivie dans les différents secteurs.

Environ 140 personnes ont été comptées au piquet devant Audi à Forest, une centaine à Proximus à Schaerbeek et une cinquantaine à l’atelier SNCB de Forest. Le zoning de Drogenbos est à l’arrêt avec des piquets devant les entreprises Mercedes, Peugeot, Carrefour et Club, précise encore Nel Van Slijpe.

Sur le chantier de BNP Paribas Fortis, rue Montagne du Parc à Bruxelles, une trentaine de travailleurs tiennent un piquet depuis 5H30. “L’entreprise de construction qui travaille sur le chantier met beaucoup de travailleurs en chômage technique, mais utilise en même temps les services de sous-traitants”, dénonce l’un d’eux. A 11h00, environ 200 personnes se sont mobilisées devant le Cabinet du ministre-président bruxellois Rudi Vervoort pour les travailleurs des administrations communales, des CPAS et des hôpitaux publics du réseau Iris.

“On demande une augmentation du salaire au moins égale aux salaires en cours dans les administrations régionales”, explique Muriel Di Martinelli, secrétaire fédérale CGSP ALR Bruxelles. “Ce sont des différences qui peuvent aller de 10 à 25%. On veut aussi une réduction collective du temps de travail”. Une délégation devait être reçue à midi. “On est dans une ville qui est très calme et très au ralenti”, souligne Estelle Ceulemans, secrétaire générale de la FGTB de Bruxelles.

“Sur ces 26 dernières années, c’est la cinquième grève générale organisée en front commun syndical au niveau interprofessionnel, tous secteurs confondus. La dernière date de décembre 2014, à la mise en place du gouvernement. La précédente, c’était 2012 contre le blocage des salaires. Avant, c’était 2005, sur le pacte de solidarité entre les générations et avant c’était en 1993 avec le pacte global”, se souvient la responsable syndicale.

“Les revendications sont fortes pour le moment. Beaucoup de choses vivent sur les questions de pouvoir d’achat. Le phénomène des Gilets jaunes en est un exemple criant. Les entreprises renouent avec une certaine croissance et la question de la répartition des richesses, plutôt mise de côté, revient au centre des préoccupations. Le gouvernement fédéral a modifié la loi de 96, qui pose le cadre pour l’évolution des salaires, et de l’autre côté a fait des cadeaux aux entreprises, notamment le saut d’index qui représente un cadeau de 2,5 milliards”.

Plus de 100 supermarchés restent porte close

Les portes d’une centaine de supermarchés resteront fermées ce mercredi, jour de grève nationale. La chaîne Carrefour compte 44 fermetures de magasins et Delhaize 68. La majorité des enseignes sont toutefois ouvertes.

“Sur nos 800 magasins, plus de 750 sont ouverts”, indique le porte-parole de Carrefour, Baptiste van Outryve. “Quarante-quatre supermarchés sont fermés et nous espérons que la situation n’évolue pas au cours de la journée.” Tout le pays est touché par ces fermetures, bien que le sud de la Belgique soit un peu plus affecté. La chaîne Delhaize connaît une situation semblable. “Pour l’instant, tous les magasins franchisés sont ouverts. Soit plus de 650”, signale le porte-parole Roel Dekelver.

Ces franchisés sont les supermarchés AD, les enseignes de proximité Proxy-Delhaize et les petits magasins Shop & Go. Les magasins gérés par Delhaize sont toutefois bien plus touchés par la grève. Sur les 130 que la chaîne compte dans le pays, 68 sont fermés. Seuls cinq sont fermés en Flandre.

“L’impact est plus important à Bruxelles et en Wallonie. La majorité des supermarchés s’y trouvant sont perturbés.” Il est aussi question d’actions sporadiques dans des centres de distribution Delhaize mais qui n’ont pas d’impact sur l’approvisionnement des magasins. Chez Carrefour aussi, les enseignes sont correctement livrées.

Bruxelles-Propreté demande aux habitants de rentrer les poubelles non collectées

Les services de Bruxelles-Propreté sont fortement perturbés mercredi en raison de la grève générale qui sévit sur tout le pays. Il est dès lors demandé aux habitants dont les sacs-poubelle n’auront pas été ramassés de les rentrer et de les représenter aux collectes suivantes.

La collecte des ordures ménagères à Bruxelles est affectée par le mouvement de grève. Bruxelles-Propreté demande dès lors aux habitants de rentrer les déchets non ramassés et de les ressortir pour les collectes suivantes: soit samedi pour les sacs blancs et mercredi prochain pour les sacs bleus, jaunes, oranges et verts. Le mouvement social a également des répercussions sur l’ouverture des parcs à conteneurs.

Le recypark Nord, situé tout près du pont Van Praet, le long du canal, est ainsi fermé toute la journée. Les autres parcs à conteneurs de la Région bruxelloise (Recypark Sud, Humanité, Auderghem et Woluwe-Saint-Pierre) sont par contre ouverts et fonctionnent normalement, en tout cas en matinée. La situation est plus incertaine pour l’après-midi, à partir de 14h00. Le front commun syndical a appelé à une grève nationale mercredi après l’échec de la concertation sociale dans le secteur privé. Les syndicats estiment que la hausse salariale de 0,8% pour les deux années à venir, hors index, est insuffisante.

Un piquet de grève à Reyers

Un piquet de grève d’une trentaine de personnes est organisé à Reyers, siège de la RTBF et la VRT, indiquent mercredi matin des représentants de la CGSP et l’ACOD. “Un certain nombre de personnes sont restées chez elles”, selon le représentant flamand.

Devant la tour des radios et télévisions belges publiques, les membres du piquet de grève (syndicats socialiste et chrétien) informent les gens sur le préavis de grève déposé pour le 21 février et les revendications qui ont poussé à le déposer.

L’objectif premier de cette grève de 24h est de faire diminuer l’emploi précaire institutionnalisé, et particulièrement dans les métiers de la production de contenus. Concernant le fonctionnement de la RTBF ce mercredi, selon les informations disponibles actuellement “il n’y aura pas d’émission perturbée” explique Bernard Gabus, pour la CGSP.

Les réquisitions ou mobilisations de travailleurs semblent en effet suffisantes au déroulement classique de la journée. Seule “perturbation”: l’indication que les organisations syndicales de la RTBF soutiennent l’action de grève nationale qui doit paraître sur le site, dans les journaux parlés et avant le journal télévisé. “Les syndicats dénoncent les mesures du gouvernement fédéral qui, selon eux, touchent des travailleurs de médias de service public RTBF”, indique le message.

Des actions dans 140 entreprises du Brabant flamand

Des actions sont menées mercredi, dans le cadre de la grève nationale, dans 140 entreprises du Brabant flamand, a indiqué le syndicat socialiste (ABVV). Ces actions vont de l’organisation de piquets de grève aux accès d’entreprises à leur fermeture totale. Aucun zoning industriel n’est en revanche bloqué. Du côté du syndicat chrétien (AVC), on précise que des actions sont menées dans certaines sociétés pour la première fois, comme au siège social d’AB InBev à Louvain ou au sein du centre de recherche IMEC à Heverlee.

Dans l’arrondissement Hal-Vilvorde, l’appel à la grève est bien suivi, selon les syndicats, avec des concentrations de grévistes notamment près de Brucargo, la zone de l’aéroport de Zaventem dédiée au transport de fret. “Une série d’entreprises comme Eternit à Kapelle-op-den-Bos et de supermarchés comme les Macro de Machelen et Sint-Pieters-Leeuw restent fermés”, précise Stijn Van De Rijck (ACV).

En différents endroits, les syndicats distribuent également des tracts. Ailleurs dans la province, des piquets occupent Toyota à Diest tandis que l’entreprise Coil, à Landen, est fermée. Chez AB InBev à Louvain, pour la première fois, des actions sont menées non seulement dans les sites de production mais également au siège social du groupe brassicole, selon Karin Kustermans (ACV).

Chez CommScope, à Kessel-Lo, entreprise récemment perturbée par un grave conflit social, l’accès a été bloqué mercredi matin avant que la direction ne fasse appel à un huissier. Un piquet de grève a également été installé devant l’administration communale de Louvain. “Cela prouve que le mécontentement est présent dans de nombreuses couches de la société”, selon Karin Kustermans.

Les taxis pris d’assaut dans la capitale

Si les transports en commun fonctionnent au ralenti mercredi à l’occasion de la grève nationale, les taxis de la capitale tournent à plein régime, apprend-on chez les Taxis Verts, la plus grosse société de taxis de Bruxelles. “Depuis 5h00, ce matin, on observe pratiquement un doublement” de l’activité par rapport à une journée de semaine “normale”, indique mercredi matin Jean-Michel Courtoy, administrateur délégué des Taxis Verts.

La société dispose de 550 véhicules, et tourne ce mercredi “à plein régime”. En vue de la grève, il avait été prévu spécialement de renforcer l’équipe d’opérateurs du call-center qui s’occupe des réservations, ainsi que le nombre de chauffeurs disponibles pour des courses, précise-t-il. Pas question de grève pour ces chauffeurs, qui travaillent d’ailleurs en tant qu’indépendants pour la société.

Durant l’heure de pointe de la matinée, il était difficile d’encore réserver une course chez les Taxis Verts. Mais la situation s’est un peu calmée après l’heure de pointe, y indique-t-on. Les gens désireux de se rendre au boulot et ne bénéficiant pas de la possibilité de faire du télétravail font sans doute partie des nombreux clients du jour, mais aussi des personnes se rendant à des rendez-vous médicaux, ou des voyageurs, note Jean-Michel Courtoy: “comme l’aéroport est fermé, on doit acheminer certaines personnes vers l’étranger”.

Les sites de Louvain et de Hoegaarden d’AB InBev sont à l’arrêt

Des délégations syndicales ont complètement bloqué mercredi matin les sites de production du brasseur AB InBev à Louvain et Hoegaarden, ainsi que le siège mondial, situé à Louvain également. Aucun camion ne pouvait entrer ou sortir. Un calicot a notamment été déroulé sur une façade des bureaux louvanistes avec l’inscription “BONUS CEO = HONTE (SCHANDE)”.

“Alors que les organisations patronales réfléchissent à toute une série de mécanismes de correction afin de ne pas faire augmenter les salaires de plus de 0,8%, il semble que pour les managers, comme ceux d’AB InBev, le ciel soit la seule limite en matière de rémunérations. Ils reçoivent des options sur actions, des bonus, des régimes fiscaux avantageux… Ce qui semble impossible pour le simple travailleur est toujours réalisable pour eux. Le gouvernement participe en outre à ce mouvement en octroyant des mesures ONSS favorables aux entreprises”, commente le secrétaire syndical Kris Van Autgaerden (ACV/CSC). La bonne santé actuelle de l’économie n’est pas uniquement à mettre sur le compte de ces managers, selon M. Van Autgaerden.

“Cette politique de primes a aussi toute une série de conséquences perverses comme la hausse de la pression du travail et de la flexibilité, qui est supportée par les travailleurs. La sécurité et la santé du personnel ne sont pour eux pas une priorité. Ce n’est en outre pas un modèle durable. Les managers chez AB InBev restent en poste deux ans en moyenne, après quoi on peut recoller les morceaux”, selon le syndicaliste.

Kris Van Autgaerden reconnaît que le premier groupe brassicole mondial a beaucoup investi ces dernières années en Belgique. “Mais c’est tout de même problématique que tous ces investissements soient réalisés dans l’appareil de production, dans les bâtiments et les machines, et pas dans le personnel. De l’argent doit également être dégagé pour les formations en interne notamment.”

Partner Content