Bonne ou une mauvaise déflation?

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Quand on parle de déflation, il y a un point très important, sur lequel on n’insiste souvent pas assez, souligne le nouveau chief economist de Belfius, Geert Gielens. C’est qu’il existe une bonne et une mauvaise déflation.

Une “bonne” déflation ?

Oui. La déflation se définit comme une baisse générale des prix. Mais encore faut-il en connaître la cause. Si la cause est une baisse des prix de l’énergie et une amélioration des facteurs de production qui font que les entreprises peuvent produire à des prix moins élevés, c’est positif. Cela signifie que l’entreprise peut engranger plus de bénéfices. Ou, si elle baisse ses prix, le consommateur bénéficie de plus de pouvoir d’achat et peut donc consommer davantage.

La déflation négative, en revanche, c’est une baisse des prix qui est causée par une énorme baisse de la demande. Une situation que nous avons connue, par exemple, dans les années 1930.

Aujourd’hui, sommes-nous dans une bonne ou une mauvaise déflation ?

Au vu des chiffres disponibles pour la Belgique et même pour l’Europe en général, j’aurais tendance à dire que nous sommes dans le premier scénario, celui d’une déflation positive. La baisse des prix est loin de toucher tous les secteurs. Elle s’observe dans l’alimentation, un secteur où les facteurs de production se sont améliorés, et l’énergie. Dans le restant de l’activité, les services notamment, les prix montent encore. Et généralement, en Europe, la consommation intérieure semble repartir.

Pourtant, chez nous, on voit que des grands distributeurs, Delhaize entre autres, ont des problèmes.

Le secteur de la distribution en Belgique est particulièrement touché par une concurrence accrue. A cette concurrence, il faut ajouter l’augmentation des coûts, une augmentation liée à la fois à l’indexation des salaires mais aussi au vieillissement de la population active. Certains groupes parviennent à résister en agrandissant leur gamme de produits, dans le bio par exemple. Mais d’autres ont plus de difficultés.

Et le chômage reste très élevé dans les pays de l’Europe “périphérique”.

Oui. Il faut rester très prudent et je n’ai certainement pas de boule de cristal. Mais on observe aussi que dans des pays comme la Grèce ou l’Espagne, l’économie est à nouveau en croissance. Le taux de chômage reste très élevé, à 24,5 % en Espagne par exemple. Mais dans ce pays, on vient de 27 %. On observe donc un point d’inflexion.

Selon la nature de la déflation, l’épargnant doit se comporter de manière différente ?

Non. Si nous sommes dans un scénario de déflation positive, les entreprises conservent leur capacité à faire des profits et les actions restent dès lors un placement intéressant. Les obligations, qui affichent un faible taux d’intérêt, le sont moins. Quoique, dans une optique de diversification, il ne faut évidemment pas les négliger non plus. Je conseille en outre d’être surpondéré en cash, car nous pouvons assister à une remontée des taux qui peut faire des dégâts, comme au milieu des années 1990. Si nous sommes dans un scénario négatif, c’est une tout autre histoire. La demande chute, les taux restent bas, les entreprises ont peu de potentiel pour réaliser des profits. Mais tous les secteurs ne sont naturellement pas impactés de la même manière. On remarque par exemple que le secteur du luxe, ou celui de la pharmacie parviennent généralement à mieux résister.

Pierre-Henri Thomas

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