Biden défend son plan d’infrastructures face à la proposition des républicains
Joe Biden a une nouvelle fois tenté jeudi de convaincre les républicains d’adopter son plan d’investissements dans les infrastructures, présenté comme incontournable pour continuer de faire la course en tête devant la Chine tout en créant des emplois pour de nombreux Américains laissés pour compte.
Pour l’heure, les républicains sont inflexibles et refusent d’inclure dans le plan ce qui n’est pas dans le strict périmètre des infrastructures. Ils refusent aussi son mode de financement: par l’augmentation des impôts sur les entreprises.
“Mon plan va accroître la taille de notre économie de 4.500 milliards de dollars sur les dix prochaines années”, a plaidé jeudi le président américain depuis une usine de Cleveland, dans l’Ohio.
Il permettra également de “créer 16 millions de nouveaux emplois bien payés”, soit un peu plus que le nombre de personnes qui touchent toujours une allocation chômage, a-t-il martelé.
Dans une rhétorique rappelant parfois celle de son prédécesseur Donald Trump, Joe Biden a appelé le Congrès à faire passer les cols bleus et la classe moyenne avant les grands dirigeants d’entreprise et Wall Street.
Les sénateurs républicains lui avaient soumis, plus tôt dans la journée, leur contre-proposition d’un montant de 928 milliards de dollars sur huit ans contre 1.700 milliards voulus par les démocrates qui ont consenti à raboter leur projet de 600 milliards.
Joe Biden et les sénateurs républicains ont prévu un nouvel entretien la semaine prochaine.
Les contours exacts du plan restent un point d’achoppement. Les républicains veulent circonscrire les infrastructures à leur définition traditionnelle: ponts, routes ou aéroports. Ils y ajoutent, comme les démocrates, l’internet à haut débit.
Mais le plan Biden va au-delà, en comprenant notamment des financements en faveur des aides-soignants à domicile pour les personnes âgées, pour la construction des écoles, ou encore pour développer l’utilisation des véhicules électriques.
Pour les sénateurs républicains, ces programmes devraient faire l’objet de projets de lois distincts.
– “Le bon moment pour investir” –
Autre pomme de discorde, le financement par une hausse des impôts sur les sociétés de 21% à 28%. Joe Biden reviendrait alors sur la grande réforme fiscale adoptée sous Donald Trump, une ligne rouge infranchissable pour les républicains.
Les républicains veulent, eux, utiliser des fonds déjà débloqués pour la lutte contre le Covid-19 et qui n’ont pas été utilisés.
Cette voie “inquiète” la Maison Blanche, qui estime que cela pourrait nuire aux petites entreprises qui tentent encore de se relever de la pandémie, selon la porte-parole Jen Psaki.
Les républicains voient aussi d’un mauvais oeil le creusement de la dette, qui a déjà dépassé les 28.000 milliards de dollars.
Pour autant, les taux d’intérêt très bas ont permis de réduire son coût de 41 milliards au cours des six premiers mois de l’exercice en cours.
“C’est le bon moment pour investir”, a ainsi souligné jeudi le président.
“Je crois qu’au cours des prochaines décennies, le fardeau des intérêts sur la dette sera très gérable”, avait déclaré plus tôt sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen.
L’administration Biden présentera vendredi son premier budget annuel, qui comprend 6.000 milliards de dollars de dépenses pour 2022, niveau le plus élevé depuis la Seconde guerre mondiale, selon les informations du New York Times.
D’ici 2031, les dépenses totales doivent augmenter de 8.200 milliards de dollars, et la dette devrait représenter 117% du Produit intérieur brut en 2031, selon le quotidien.
– Numéro 1 mondial –
Janet Yellen a également écarté le risque que ces investissements contribuent à une accélération de l’inflation.
“Mon plan est la bonne façon d’investir, en répartissant les investissements clés dans le temps. Nous limitons donc la pression sur les prix”, a, lui, fait observer Joe Biden.
“Ce sont des investissements générationnels, le secteur privé ne réalise pas ce genre d’investissements”, a poursuivi l’hôte de la Maison Blanche, faisant le parallèle avec l’électrification financée par l’État dans les années 1930 et à la construction de réseaux autoroutiers dans les années 1950.
Le 46e président des Etats-Unis avait présenté fin mars son grand projet (“American Jobs Plan”), arguant qu’il permettrait de créer des millions d’emplois, de tenir tête à la Chine et de lutter contre le changement climatique.
“Nous devons être le numéro 1 mondial”, a une nouvelle fois martelé Joe Biden jeudi, relevant que l’économie américaine était à un “tournant”.
Les démocrates espéraient organiser un premier vote sur ce projet de loi à la Chambre début juillet, mais la lenteur des négociations pourrait repousser cette échéance.
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