Belgique : le portrait sans concession dressé par la Commission

© Image Globe/John Thys

Impôts, emploi, enseignement… La Commission européenne publie une radiographie sans concession de la Belgique. En voici les 5 points-clés.

La Commission européenne a adopté mercredi, en appui à ses recommandations socioéconomiques sur la Belgique, un document détaillé identifiant les forces et les faiblesses des politiques menées. Les finances publiques, la compétitivité, la situation des banques et le chômage de longue durée sont présentés comme les principaux défis.

Voici les aspects les plus saillants du rapport.

1. Finances publiques : “Détérioration de la balance courante et compétitivité en déclin”

“La détérioration récente de la balance courante, due principalement à la détérioration de la balance des biens – en contraste avec l’amélioration de la balance des services – est allée de pair avec des pertes importantes de parts de marché et une compétitivité en déclin.”

“Il n’est pas évident que cette évolution s’explique par une transition vers une économie plus orientée sur les services, mais le fait que la Belgique ait perdu du terrain par rapport à d’autres pays de la zone euro atteste de spécificités nationales négatives. Si l’analyse révèle un haut degré de productivité du pays, elle montre aussi que des facteurs liés ou non aux coûts ont nui à la compétitivité. Le coût du travail a augmenté plus rapidement que dans les principaux partenaires commerciaux (Allemagne, France et Pays-Bas). En outre, le contenu technologique (beaucoup de biens de basse à moyenne technologie) des exportations belges les rend plus sensibles à la concurrence des pays à bas salaire.”

2. Fisc : “Les nouvelles mesures n’allégeront pas la charge pesant sur le travail”

“Etant donné la structure décentralisée de la Belgique, dans laquelle les Communautés et Régions ont une autonomie budgétaire substantielle, la coordination des politiques fiscales entre les différents niveaux est cruciale et des procédures automatiques doivent être mises en place”.

“En général, les mesures fiscales incluses dans l’accord budgétaire tendent à être favorables à la croissance, parce que ce sont les taxes sur la consommation plutôt que celles sur le travail qui ont été augmentées et qu’il y a des plans pour améliorer la perception de l’impôt. (…) Toutefois, les nouvelles mesures n’allégeront pas la charge pesant sur le travail, pas plus qu’elles n’amélioreront le désavantage compétitif lié aux coûts salariaux. Il existe des larges marges pour augmenter la TVA ou pour baser la taxation immobilière sur la valeur actuelle des biens.”

“Il y a toujours un potentiel considérable pour verdir le système de taxation. Les carburants ne sont pas taxés de façon cohérente en fonction de leur contenu énergétique et, bien que la réforme des voitures de société ait réduit les pertes de recettes fiscales, elle n’incite en rien les conducteurs à réduire l’usage privé de leur voiture.”

“Une taxe carbone sur les émissions, aussi bien dans le logement que dans les transports, soutiendrait la transition vers une croissance verte et vers une économie moins intensive en carbone, tout en apportant des solutions au problème de congestion.”

3. Emploi : “L’efficacité des politiques d’activation est mise à mal par un certain nombre de facteurs”

“La Belgique a accompli de bons progrès pour réformer son système d’allocations de chômage mais les efforts pour baisser la charge fiscale sur les salaires ont été limités. Un nouveau crédit fiscal a été mis en place pour les bas salaires, mais vu les faibles montants (au maximum 120 euros par an), il est insuffisant pour remédier aux sérieux pièges à l’emploi au bas de l’échelle salariale.”

“La Belgique dépense un montant proportionnellement élevé dans des politiques d’activation mais l’efficacité de ces politiques est mise à mal par un certain nombre de facteurs, notamment la coordination limitée entre les acteurs institutionnels, qui contribue à une faible mobilité professionnelle interrégionale et à une mise en oeuvre fragmentée (en particulier les différents niveaux de gestion de l’activation, des allocations et des sanctions, qui conduisent à de longs délais), ainsi qu’à un suivi insuffisant des demandeurs d’emploi âgés, à un chômage significatif et à des pièges à l’emploi.”

4. Coût du travail : “Le coût unitaire du travail a augmenté plus rapidement en Belgique que dans les pays voisins”

“Le coût unitaire du travail a augmenté plus rapidement en Belgique que dans les pays voisins, particulièrement depuis 2005. La décision du gouvernement de limiter la croissance réelle des salaires à 0,3 % sur la période 2011-2012 (la “norme salariale”) n’a pas empêché les salaires nominaux de progresser plus que dans les pays voisins.”

“Dans ce cadre, promouvoir des accords all-in permettant la suspension temporaire de l’indexation dans les périodes où l’inflation est supérieure à la norme salariale, serait utile.”

5. Transport : “Le holding SNCB est complexe et non transparent”

“Une politique de concurrence plus active devrait être menée (…). Dans le rail, le holding SNCB, qui couvre à la fois les activités de transport et de gestion d’infrastructure, est complexe et non transparent.”

Trends.be, avec Belga

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