“Avant de créer des entreprises, il faut créer des entrepreneurs”

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Sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat, c’est le premier objectif du gouvernement bruxellois à l’issue de la réforme pour l’économie et l’emploi, a annoncé mercredi le ministre de l’Economie Didier Gosuin (DéFI) lors d’une conférence de presse qui avait lieu à l’Institut Marius Renard à Anderlecht.

L’école secondaire propose déjà aux élèves de dernière année de créer une mini-entreprise, une initiative vouée à se répandre dans les autres établissements de la capitale, souhaite notamment M. Gosuin, dont le but est de sensibiliser 100% des jeunes Bruxellois à une démarche entrepreneuriale en 2025.

Bruxelles compte plus de 385.000 jeunes âgés de 5 à 29 ans, dont quelque 300.000 étudiants accueillis dans 555 établissements scolaires. Le taux d’activité entrepreneuriale des jeunes de moins de 25 ans en Belgique et de 3,4%, contre 7,5% en Europe.

“Le constat est clair: il faut une réelle stratégie. Et pour avoir des entreprises, il faut des entrepreneurs. Nous devons lutter contre toute forme d’éparpillement des actions et entrer dans une logique intégrée de réseaux au niveau régional. Notre capitale accuse un retard en ce qui concerne la culture entrepreneuriale. Le frein, c’est qu’il n’y a pas de structure d’accompagnement pour soutenir les jeunes qui veulent se lancer”, a d’emblée expliqué le ministre bruxellois.

La stratégie s’articule autour de trois piliers. La première étape (155.000 euros) consiste à diffuser et vulgariser la culture d’entreprise auprès des jeunes bruxellois, en créant une base de données d’entrepreneurs-ambassadeurs, des outils de sensibilisation, un label bruxellois “école entrepreneuriale” et un réseau d’enseignants, directeurs d’écoles et relais à l’emploi qui permettra aux parties prenantes de se rencontrer et de développer ensemble des projets collaboratifs. La deuxième est de favoriser l’acquisition de connaissances et compétences entrepreneuriales par le biais d’un lancement annuel d’appel à projets (mis en ligne ce mercredi) destinés aux jeunes hors et dans parcours scolaires ainsi qu’aux enseignants, formateurs et conseillers à l’emploi (400.000 euros). Enfin, favoriser le passage à l’acte en offrant aux jeunes sortis du cadre scolaire l’opportunité de bénéficier d’un accompagnement adapté vers les créations d’entreprise.

Les premiers candidats seront suivis par l’administration en 2017, souligne Didier Gosuin, qui spécifie que les filières de l’enseignement qualifiant, la formation professionnelle et les hautes écoles seront touchées en priorité.

Pour élaborer sa “Stratégie Entrepreneuriat Jeunes”, la Région bruxelloise s’est appuyée sur une cartographie, réalisée par impulse.brussels, qui répertorie les 73 actions publiques et privées, plus nombreuses dans le circuit scolaire qu’en dehors. Seules six d’entre elles sont destinées aux intermédiaires qui sont en contact avec les jeunes.

Des initiatives de sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat existent donc déjà mais “ne sont pas suffisamment coordonnées”, précise Virginie Losson, coordinatrice Sensibilisation Entrepreneuriat Jeunes chez impulse.brussels. “Il faut générer des synergies entre tous les acteurs en favorisant les échanges.”

A l’Institut Marius Renard, la possibilité est offerte aux élèves de 7e de créer leur mini-entreprise. “L’objectif est de développer un savoir-être et un esprit d’équipe tout en assimilant des connaissances sur le monde des entreprises comme le business plan, les entretiens d’embauche, la levée de fonds, etc”, a souligné Barbara Tournay, directrice de l’établissement.

“On les aide à capitaliser les savoirs et les matières fondamentales comme le français ou les mathématiques et on les accompagne dans la construction de leur identité professionnelle”, a ajouté Raphaël Gerinckx, enseignant à l’Institut Marius Renard.

Des élèves actuels et anciens ont ainsi présenté les projets qu’ils ont réalisés: des gaufres aux couleurs de la Belgique, des pralines aux légumes ou encore des bijoux créés à partir de vieux vinyles. “On apprend plus vite qu’avec la théorie, ça rentre mieux. C’était une expérience enrichissante”, confie l’une. “On a appris à travailler ensemble, à communiquer, à gérer une équipe et à prendre des décisions”, commente un autre.

“Il est important de favoriser la transition des jeunes sensibilisés à l’entrepreneuriat vers la création d’entreprise. Il faut entretenir cette flamme”, estime Virginie Losson.

Cette stratégie s’inscrit plus globalement dans le cadre de la réforme des outils économiques, dotée d’un budget de 5 millions d’euros, qui compte huit appels à projets spécifiques destinés à favoriser l’emploi et l’économie à Bruxelles.

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