Aux voeux du MR, une réforme fiscale sans nouvelle taxe et une prolongation plus large du nucléaire

Georges-Louis Bouchez, président du MR. © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

“Pas de tax-shift, mais une baisse de la fiscalité”, plaide le président Bouchez. Les relations avec le ministre CD&V des Finances sont abimées, la réforme compromise. L’espoir de prolonger cinq réacteurs, lui, reste vivant… au moins par la bande.

La fin de la légslature Vivaldi sera-t-elle marquée par des réformes ambitieuses en matière de pensions, de marché du travail et de fiscalité? C’est l’ambition du Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), qui a fait du conclave budgétaire de mars un moment important. Mais ce sera loin d’être une sinécure, tant le PS est heureux de ce qu’il a déjà acquis et joue en défense. Et si ces réformes restent vitales, la majorité ne semble plus en mesure de les faire advenir.

Aux voeux à la presse du MR, ce mardi midi, une petite musique résonnait en coulisse: le Premier ministre s’est peut-être enfermé dans un calendrier intenable. Parce qu’il y a des réformes à finaliser, des relations à réparer entre partenaires de la majorité et des lignes rouges à ne pas franchir.

Réforme fiscale: un gros doute

Ainsi en est-il en matière fiscale. Les propositions faites jusqu’ici par le ministre CD&V Vincent Van Peteghem n’ont pas convaincu et, surtout, la confiance est rompue entre des pontes du MR et le ministre depuis l’épisode houleux de la réforme des droits d’auteur, à la fin de l’année. De diverses sources libérales, on entend ceci: “Comment peut-on encore avancer sur des dossiers sensibles avec lui après ce qu’il nous a fait?” En clair: mettre des freins de manière détournéeau dynamisme de certains secteurs, dont la tech.

Georges-Louis Bouchez, président du MR, a insisté pour sa part: “Ce ne peut pas être un tax-shift, mais une baisse de la fiscalité.” Traduisez: s’il y a un accord sur la nécessité de baisser les charges sur les moyens et bas revenus, il n’y a aucune amorce d’accord sur ce qui pourrait compenser cela. Le MR mise sur un incertain effet retour. Socialistes et écologistes francophones espèrent obtenir une contribution des fortunes, mais ce sera “non”.

Le président libéral critique le récent rapport d’Oxfam qui met le doigt sur des inégalités de plus en plus grandes entre riches et pauvres, souligne que le revenu médian a augmenté ces dernières années et assène: “Certains veulent taxer le pourcent de plus riches, mais comment les déterminer? Et surtout: on sait que quand on taxe les riches, c’est finalement la classe moyenne qui paye dans la foulée.” Commentaire discret d’un ténor: “La réforme fiscale, on n’y croit pas trop.”

En matière d’emploi et de pensions, le PS joue en défense après ses acquis du début de législature. Il s’agira de finaliser la réforme évoquée l’été dernier au sujet d’un bonus pensions – de façon à la rendre viable budgétairement. Mais les pions avancés par le Premier ministre, Alexander De Croo, pour toucher notamment au régimes spéciaux, “se sont heurtés à un mur chez Paul Magnette et, depuis, on n’en parle plus”.

En matière d’emploi, le PS avance le volet fiscal que l’on sait incertains et souhaite poursuivre le plan de remise à l’emploi des malades de longue durée, tout en continuant sa mission pour le bien-être au travail. Point. Tout juste dit-on au MR que le socialiste flamand Frank Vandenbroucke constitue parfois un allié objectif dans ces matières… De là à espérer des avancées majeures…

Nucléaire: avancer des pions

Reste enfin la finalisation de l’accord entre l’Etat fédéral et Engie sur la prolongation des deux réacteurs nucléaires de Doel 4 et Tihange 3. La détermination de la facture de la gestion des déchets nucléaires sera déterminante. Il se murmure que la fourchette pourrait aller de 18 à 24 milliards, la première option étant favorable à Engie, la seconde à l’Etat. Il se confirme que le démantèlement des centrales reste à la charge d’Engie. Et il s’avère que le débat n’est pas fini.

Nous souhaitons l’abrogation de la loi de sortie du nucléaire de 2003, au plus tard pour les négociations gouvernementales de 2024″, a souligne Georges-Louis Bouchez. Qui n’a pas oublié sa petite pique habituelle à l’égard d’Ecolo: “Ils n’ont plus de tabous sur le nucléaires, mais ils s’opposent aux petits réacteurs nucléaires. C’est comme si vous affirmez que vous n’avez rien contre l’automobile, mais que vous vous opposez aux voitures.”

L’espoir public reste d’obtenir la prolongation de cinq réacteurs pour dix ans d’ici la fin de la législature, l’espoir secret reste que des jalons soient posés afin de permettre la prolongation des trois autres au début de la prochaine législature.

En sachant que des négociations institutionnelles risquent de tout ralentir après le scrutin de 2024? Rideau. Chaque chose en son temps.

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