Attentats du 22 mars: le point sur les répercussions économiques dans différents secteurs

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Les attentats perpétrés le 22 mars 2016 à l’aéroport de Zaventem et dans le métro bruxellois ont eu un impact macro-économique estimé entre 0,2% et 0,5% du produit intérieur brut (PIB) de la Belgique, soit plusieurs centaines de millions d’euros au minimum.

Plusieurs secteurs ont été touchés de plein fouet, quoique de manière généralement temporaire, comme les transports, le commerce de détail, l’Horeca et le tourisme, singulièrement en région bruxelloise.

Dans son rapport annuel 2016, la Banque nationale de Belgique (BNB) a tenté d’évaluer les conséquences des attaques terroristes du 22 mars. “Un impact franchement difficile à estimer mais qui correspond sans doute à 0,2% du PIB. Cela a mangé une partie de la croissance en 2016 (qui s’est établie à +1,2%, NDLR)”, a récemment constaté son gouverneur, Jan Smets. “0,2% de PIB, cela représente tout de même environ 800 millions d’euros mais l’impact économique des attentats a été temporaire”, souligne Geert Gielens, économiste en chef chez Belfius.

Ce dernier constate en effet que la confiance des chefs d’entreprises en Belgique a poursuivi son ascension en 2016. “Il en aurait été autrement en cas de succession d’attentats.” De son côté, la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) évoque, dans une analyse publiée en décembre dernier, des “répercussions économiques considérables” consécutives aux attentats de Paris (13 novembre 2015) et Bruxelles (22 mars 2016).

2,4 milliards d’euros

La FEB estime le préjudice économique subi par l’ensemble de l’économie belge entre le 15 novembre 2015 et le 15 novembre 2016 à près de 2,4 milliards d’euros, soit 0,57% du PIB. “L’exercice n’est pas évident car il demande de faire une comparaison par rapport à une situation sans les attentats que, par nature, on ne connaît pas. Certains faits peuvent être dus à d’autres facteurs. De plus, on doit parfois se référer à certains indicateurs indirects”, rappelle Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique.

Ainsi, de moins bons chiffres dans le commerce de détail sont dus en partie au fait que la menace terroriste et les attentats ont poussé des consommateurs vers le commerce en ligne, un secteur où les entreprises belges sont assez faibles et concurrencées par des géants, comme Amazon. “Cela aurait eu lieu tôt ou tard, même sans les attentats qui ont accéléré le processus. Comme la Belgique n’est pas forte en matière d’e-commerce, une partie des dépenses des consommateurs belges est allée vers l’étranger”, illustre l’économiste.

Idem pour la baisse des nuitées constatées dans les hôtels en Belgique. On peut certainement y voir les conséquences des attentats mais quid de la montée en puissance d’Airbnb? La plate-forme de location de logements de particuliers n’est probablement pas étrangère à la baisse du nombre de nuitées. Celles-ci étaient encore estimées en recul de 20% en septembre 2016 sur un an mais des statistiques 2016 récemment publiées par Eurostat ne mentionnent pas la Belgique, arguant de données disponibles insuffisantes “pour produire des estimations fiables”.

L’annonce par Caterpillar de la fermeture de son usine de Gosselies (Charleroi), ou la vague de licenciements collectifs des derniers mois, peuvent aussi peser sur la confiance des consommateurs et, dès lors, sur la consommation intérieure. Pour Peter Vanden Houte, entre les évaluations de la BNB et de la FEB, “la vérité doit probablement se situer quelque part au milieu. Un impact entre 0,2 et 0,3% du PIB semble assez compatible avec la différence qui a été observée entre l’évolution du PIB et celle de certains indicateurs de confiance. On constate un petit écart pour 2016 entre la croissance du PIB et l’indicateur de conjoncture de la BNB. Or, en général, les deux courbes sont très fortement corrélées.”

59.000 créations d’emploi

Malgré cette croissance rognée, l’économie belge ne s’en est finalement pas trop mal sortie en 2016, sur le front de l’emploi, avec 59.000 créations nettes d’emploi, un nombre inégalé ces dernières années (42.000 créations nettes en 2015, 19.000 en 2014 et 15.000 emplois nets perdus en 2013). “Les investissements ont bien augmenté en Belgique. La confiance des entreprises est à des niveaux élevés et le chômage a continué de diminuer pour atteindre 8,3% en décembre dernier. Le chômage temporaire a augmenté en mars, avril et mai mais il a bien baissé depuis lors”, résume Geert Gielens.

L’aéroport de Zaventem lui-même, fermé plusieurs jours à la suite des attentats, a vu son activité rapidement rebondir, avec, à partir de novembre 2016, un retour à la croissance du nombre de passagers sur base annuelle. Il n’en reste pas moins que Brussels Airport a clôturé l’année sur un total de 21,8 millions de passagers, soit 7% ou près de 1,7 million de moins que l’année précédente. D’autre secteurs, comme le tourisme et l’organisation d’évènements ont souffert et continuent à faire le gros dos.

L‘Horeca aussi, déjà traditionnellement marqué par un nombre élevé de faillites. Selon une étude du Syndicat neutre pour Indépendants (SNI), le nombre de faillites et de cessations pour l’Horeca bruxellois a augmenté de 13 et 1,2% respectivement entre avril 2016 et février 2017. Mais d’autres, enfin, bénéficient du climat de menace terroriste, comme le gardiennage et la sécurité privée. L’analyse de la FEB évalue à 0,04% du PIB l’impact positif direct et indirect des attentats sur la valeur ajoutée dans les secteurs de la sécurité, de l’e-commerce et de la construction. A titre d’exemple, G4S Belgium, leader du marché des services de gardiennage privé en Belgique, a engagé 1.610 collaborateurs en 2016 et vu son chiffre d’affaires progresser de 10%.

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