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Arrêtons de pleurer la disparition de nos fleurons

On ne peut pas déplorer que ces activités, qui avaient besoin d’une aide pour asseoir leur avenir, l’aient trouvée à l’étranger.

Pleurer la perte de nos fleurons industriels est sans doute un des exercices médiatico-économiques les plus courants dans notre pays depuis les années 1980. Les plus anciens se souviennent que les lamentations ont commencé avec le rachat de Côte d’Or par Jacobs Suchard. Elles se sont poursuivies avec la vente par appartement de la Générale de Belgique signant la fin de l’indépendance de champions comme CBR, PetroFina ou Tractebel, suivie de celle de Royale Belge et BBL. Elles ont repris de la vigueur après la crise de 2008 qui a vu Fortis partir de l’autre côté de Quiévrain. Ces derniers jours donnent l’impression que l’on continue d’égrener le chapelet. Voilà en effet encore quelques belles entreprises, comme Recticel, Riaktr ou Promethera à passer dans des mains étrangères.

On ne peut pas déplorer que ces activités, qui avaient besoin d’une aide pour asseoir leur avenir, l’aient trouvée à l’étranger.

Les causes de ces ventes sont diverses. Pour Recticel, cible d’une OPA lancée par le groupe autrichien Greiner, c’était la volonté de sortie de son actionnaire de référence, Bois Sauvage. En cédant à Greiner, le holding espère doubler sa mise. Il ne désirait plus accompagner la transformation stratégique de l’entreprise de Wetteren, qui cherche à capter le marché des mousses et des produits d’isolation. Un marché qui devrait devenir très porteur ces prochaines années et dans lequel Greiner, dont les ventes pèsent deux fois celles de Recticel, espère se tailler une place au soleil à côté du géant irlandais Kingspan.

Le rachat par les Suédois de Seamless de Riaktr, le spécialiste du big data bruxellois, est également une histoire de développement: les fondateurs de l’entreprise belge ne pouvaient assurer seuls la croissance de l’entreprise, et plutôt que de se faire absorber par un géant tel que Huawei, ils ont vendu à une société européenne, cotée sur le Nasdaq, qui est active dans des domaines très complémentaires et qui partage des valeurs similaires.

Quant à Promethera qui a été acquise par le groupe américain Catalent, c’est un chapitre de l’histoire biotech wallonne qui ressemble à une success story. La biotech est un secteur passionnant mais très gourmand en capitaux. Promethera, spécialiste de la thérapie cellulaire pour les maladies hépatiques, était encore en PRJ jusqu’en mars dernier. Catalent reprend cette société afin de l’intégrer à un hub qui devient impressionnant puisque le groupe américain a déjà racheté MaSTherCell, la filiale de production de Bone Therapeutics et Delphi Genetics. Avec les investissements du groupe américain dans le BioPark de Gosselies, ce sont plusieurs centaines d’emplois qui seront créés ces prochaines années.

Certes, il existe des exemples de filiales belges de groupes étrangers qui ont été étouffées ensuite. Les économistes s’écharpent d’ailleurs pour savoir si les “investissements directs à l’étranger” ont des répercussions positives ou négatives. On a vu par le passé, avec Renault ou Caterpillar, qu’un groupe peut assez rapidement décider, pour des raisons stratégiques globales, d’abandonner une filiale qui n’avait pourtant pas démérité. Mais lorsque l’achat est opéré par des groupes étrangers qui ne sont pas des géants, et lorsque ces acquisitions se passent dans le domaine industriel, elles sont souvent tonifiantes pour les entreprises cibles.

On peut regretter que ce ne soient pas des capitaux belges qui accompagnent ces mouvements. On peut regretter que notre pays n’a pas encore trouvé cet outil de développement qui lui manque pour accompagner la croissance des entreprises de taille moyenne, les invests régionaux soutenant davantage les PME. Mais on ne peut pas déplorer que ces activités, qui avaient besoin d’une aide pour asseoir leur avenir, l’aient trouvée à l’étranger. Témoignant ainsi, au passage, de l’attractivité du pays.

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