Après le Brexit “politique”, encore 11 mois de négociations tumultueuses nous attendent

Boris Johnson et son ministre des Finances Sajid Javid, en décembre 2019. © Belgaimage

Le 1er février, le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne. C’est le Brexit politique. Une période transitoire s’ouvrira pour mener, en principe le 1er janvier 2021, un second Brexit, celui où de nouvelles règles commerciales devraient être établies avec l’UE. Après d’âpres négociations.

Le Brexit, c’est maintenant. D’après l’accord conclu entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne, voté (avec difficulté) par le Parlement britannique, la sortie du Royaume-Uni se réalisera en deux temps. La première phase a lieu ce 31 janvier à minuit, après que le Parlement européen l’a ratifié deux jours auparavant. Les îles Britanniques ne feront plus partie de l’Union européenne et ne participeront plus aux institutions. Il n’y aura plus de parlementaires européens ni de commissaire britannique. Ce qui est déjà partiellement le cas, le gouvernement de Boris Johnson n’ayant présenté aucun candidat pour l’actuel exécutif européen.

Rien ne devrait vraiment changer pour les particuliers et les entreprises après ce Brexit politique. Une période transitoire va s’ouvrir, durant laquelle la Grande- Bretagne bénéficiera de l’accès au marché unique, et inversement pour les pays de l’UE. Elle en respectera les règles, comme si elle était toujours un Etat membre. Elle pourrait même encore être condamnée par la Cour de Justice européenne. Et cela jusqu’au 1er janvier 2021, qui devrait lancer les nouvelles relations entre l’UE et le Royaume-Uni, notamment sur les échanges commerciaux (libre accès aux marchés, taxe douanière ou pas, normes des produits) et l’immigration. Ce sera alors le Brexit pratique. Une prorogation de un ou deux ans de cette période transitoire peut être demandée par Londres.

Cette période de négociation, qui débute en février, devrait continuer à alimenter les tensions. Le chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances), Sajid Javid, a jeté de l’huile sur le feu dans une interview au Financial Times, expliquant que l’accord commercial visé laissera une grande latitude à la Grande-Bretagne hors des règles européennes. ” Ce ne sera pas un alignement, a-t-il expliqué, Nous ne serons pas dans le marché unique ni dans l’union douanière, et ce sera fait d’ici la fin de l’année. ”

Ces propos radicaux ont inquiété beaucoup d’entreprises. Le CEO de Volvo, Håkan Samuelsson, a promis qu’il pourrait réduire la gamme des modèles commercialisés en Grande-Bretagne si ce marché adoptait des normes spécifiques, différentes de l’Union européenne. Car il faudrait refaire les agréations pour chaque modèle, ce qui n’en vaudrait guère la peine pour ceux qui se vendent moins.

Négociations parallèles

Ces propos font partie de la stratégie de négociation adoptée par le gouvernement de Boris Johnson. Ce dernier a décidé de lancer en parallèle des négociations commerciales avec l’Union européenne et avec les Etats-Unis. Une manière de faire monter les enchères entre l’Union et Washington.

La Commission européenne est sur ses gardes. Elle n’entend pas accorder des conditions plus favorables que celles disponibles à d’autres Etats hors de l’Union, dans des conditions similaires. Elle a aussi ses intérêts à préserver, comme l’accès aux vastes zones de pêche britanniques. Ainsi le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, promet de mettre son véto à un accès libre des services financiers de la City à l’Union européenne si ces zones de pêches se ferment, et prône un deal fish for finance.

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