Après la théorie du “domino”, celle de “la chaîne”

© Reuters

Les marchés recommencent à devenir nerveux face à une sortie de la Grèce de la zone euro. Fort heureusement, les marchés ne sont pas aussi nerveux qu’ils l’étaient en 2012, mais cette possible sortie de la Grèce de la zone euro rend à nouveaux les investisseurs nerveux… C’est plutôt étonnant. En effet, pour une fois, ce ne sont pas Grecs qui ont menacé de quitter la zone euro mais bien les Allemands !

Quand je dis les Allemands, je vise en particulier Angela Merkel qui au cours d’une interview accordée au magazine allemand Der Spiegel n’a pas hésité à dire qu’elle ne craignait plus que la zone euro implose en cas d’abandon de l’euro par la Grèce. C’est évidemment une information capitale et tout à fait nouvelle même si Merkel s’est abstenue par la suite de faire d’autres commentaires du même genre.

C’est important, car souvenez-vous en 2012, quand nous étions au pic de la crise, Angela Merkel avait étudié l’éventualité d’une sortie de la Grèce de la zone euro, mais elle avait vite changé d’avis, car elle avait peur d’un “effet domino”. Autrement dit, que la sortie de la Grèce provoque une attaque des marchés financiers sur d’autres pays malades comme le Portugal ou l’Espagne. Mais aujourd’hui, la théorie du domino n’est plus en vogue en Allemagne, ne serait-ce que parce que le Portugal et l’Espagne vont mieux et sont en voie de guérison pour parler comme un médecin.

Aujourd’hui, c’est plutôt la théorie de la chaine qui a la cote ; autrement dit, si l’élément faible de la chaine devait partir, la chaine serait aujourd’hui plus forte et l’élément faible de cette chaine, c’est bien entendu la Grèce !

“Angela Merkel ne craint plus que la zone euro implose en cas d’abandon de l’euro par la Grèce.”

Mais la question, c’est : est-ce que Angela Merkel pense vraiment ce qu’elle dit, ou est-ce un coup de poker, un coup de bluff ? Une manière de dire au futur gouvernement grec qui sortira des urnes après les 25 janvier, “vous n’arriverez pas à me faire chanter, soit vous continuez la cure d’austérité, comme je vous l’ai imposée, soit vous partez mais je n’ai pas peur de votre départ”.

D’autres pensent aussi que cette sortie de Merkel dans un magazine allemand est surtout destinée à rassurer les citoyens allemands qui sont tentés par des partis eurosceptiques. Une manière de dire, “oui, je suis Européenne, mais pas à n’importe quel prix”.

En réalité, on se moque du monde et des citoyens européens en l’occurrence. Pourquoi ? Parce que la majeure partie de la dette publique grecque est aujourd’hui dans le bilan de la banque centrale européenne et donc, si demain la Grèce quittait la zone euro, c’est d’abord et surtout la banque centrale européenne qui aurait des difficultés ! Au final, ce sera le contribuable européen qui passerait d’une manière ou d’une autre à la caisse… Cela on ne le dit pas aux citoyens allemands ni aux autres d’ailleurs, comme d’habitude.

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