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“Après l’enquête de l’OCDE, une constatation: les gens sont égoïstes… mais solidaires”

Que pensent les gens ? Qu’ils soient actifs, inactifs, retraités, étudiants ou encore chefs d’entreprise, comment jugent-ils leur situation ? Quelles difficultés rencontrent-ils au quotidien, professionnellement ou à titre privé ? Ces questions sont très importantes, car au-delà des chiffres et des indicateurs, la vie d’une économie englobe nécessairement des aspects qualitatifs.

Pour les appréhender, on peut notamment s’appuyer sur de nombreuses enquêtes, réalisées par des institutions internationales. L’avantage de ces études est qu’elles représentent correctement le sentiment des citoyens, bien mieux qu’un micro-trottoir ou que les réseaux sociaux qui sont entachés de nombreux biais. On peut ici penser à l’eurobaromètre de la Commission, qui capte le sentiment de la population au sujet des questions européennes, ou à l’enquête de la BCE sur le financement des PME qui suit de près les difficultés rencontrées par les patrons de PME. Très récemment, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a également publié OECD Risks That Matter Survey qui s’intéresse aux préoccupations personnelles des citoyens. Cette enquête est également l’occasion d’évaluer la satisfaction des citoyens par rapport aux politiques mises en place et même de tester l’une ou l’autre nouvelle idée.

L’enquête de l’OCDE est très riche en données, en résultats et en conclusions. Pour en avoir lu le rapport dans son entièreté, elle me laisse un sentiment mitigé sur le citoyen lambda. De manière caricaturale, il râle, n’est pas content, veut qu’on en fasse plus, mais surtout pour lui et sans payer plus…

Peu de citoyens considèrent qu’ils reçoivent une juste part des aides publiques compte tenu des taxes qu’ils payent.

Concrètement, les peurs majoritairement évoquées par les citoyens des 21 pays sondés sont avant tout de tomber malade ou de devenir handicapé (en ce compris auprès des jeunes générations), mais aussi de ne pas pouvoir joindre les deux bouts en fin de mois et de n’avoir pas assez de moyens une fois arrivé l’âge de la pension. C’est également les peurs les plus citées en Belgique. Compte tenu de ces peurs, une majorité de citoyens (60% en Belgique) voudrait que le gouvernement en fasse plus pour assurer une meilleure sécurité économique et sociale. D’ailleurs, seule une petite minorité de répondants (20% à l’échelle des pays de l’OCDE, 30% en Belgique) considère qu’elle pourrait recevoir facilement des aides publiques en cas de besoin. De même, peu de citoyens considèrent qu’ils reçoivent une juste part des aides publiques compte tenu des taxes qu’ils payent. Faut-il y trouver un lien de cause à effet ? En moyenne sur les pays couverts par l’étude, près des deux tiers des personnes interrogées (59% en Belgique) considèrent que d’autres personnes reçoivent des aides qu’elles ne méritent pas. Pour compléter le tableau, on notera encore que sans réelle surprise, près de 70% des personnes interrogées (autant en Belgique qu’en moyenne de l’OCDE) pensent qu’il faudrait davantage taxer les riches pour aider les pauvres. L’enquête ne stipule néanmoins pas à partir de quel niveau on peut être considéré comme riche.

Une question de l’enquête porte spécifiquement sur la qualité et l’accessibilité des aides publiques réparties en sept catégories. Les résultats pour la Belgique sont globalement plus positifs qu’en moyenne internationale, ce qui s’explique sans doute par un système redistributif très développé et une sécurité sociale plutôt large. L’éducation et l’accueil des enfants font néanmoins exception, les scores belges étant dans ces matières proches de la moyenne internationale, et ce malgré le fait que dans ces mêmes matières, la Belgique est plutôt en tête des classements des dépenses publiques engagées.

Chose intéressante, compte tenu de la faiblesse de l’intervention publique aux Etats-Unis et du fait que cette économie génère d’importantes inégalités, on pourrait croire que les résultats de l’enquête y seraient très médiocres. Pourtant, à cette même question de savoir si les services publics sont accessibles et de bonne qualité, les Etats-Unis performent mieux que la Belgique dans six des sept catégories de services proposés (les soins de santé étant la seule exception) et les scores américains sont systématiquement supérieurs à la moyenne des pays de l’OCDE. Les Américains reçoivent donc peut-être peu d’aides publiques, mais ils en sont plutôt satisfaits. D’ailleurs, à la question déjà évoquée de savoir si les personnes interrogées reçoivent une juste part des aides publiques compte tenu des taxes payées, seuls la Norvège et le Danemark performent mieux que les Etats-Unis…

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