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“All lives matter”

On ne songerait pas à contester la légitimité particulièrement évidente du mouvement Black Lives Matter né aux Etats-Unis à la suite du meurtre d’un homme noir par un policier blanc.

On peut, certes, dire que ce n’est là qu’une partie du problème, qui réside aussi dans les violences commises en toute impunité par de nombreux policiers aux Etats-Unis suivant des normes qui ne seraient pas acceptables ici. Mais il n’est pas contestable que les Noirs sont encore aujourd’hui victimes de discrimination (au faciès) par la police, aux Etats-Unis, et peut-être aussi ailleurs.

En Europe, notre système universaliste se fonde sur le refus de toute catégorie, en partant de l’idée que chacun a la même qualité de citoyen et les mêmes droits, sans aucune distinction.

Le racisme doit être combattu avec fermeté, notamment parce qu’il est sans doute une des pires manières de nier à quelqu’un sa personnalité et ses droits. L’écrivaine libertarienne Ayn Rand soulignait déjà que c’était une manière inadmissible de ramener l’individualité de quelqu’un à sa seule appartenance apparente à un ensemble de personnes répondant à une caractéristique qu’elles n’ont même pas choisie.

C’est pour la même raison qu’on ne peut accepter les dérives qu’une idée légitime a engendrées aux Etats-Unis, notamment lorsque des personnes de “race blanche” sont obligées ou se croient obligées d’exprimer leur honte d’être blanches. Cela aussi, c’est du racisme : c’est faire supporter un blâme en raison de la seule couleur de la peau. Les Blancs d’aujourd’hui n’ont aucune responsabilité dans le système de l’esclavage, qui a pris fin il y a quelque 150 ans, ni dans la ségrégation légale à laquelle ont mis fin les lois sur les droits civiques dans les années 1960.

De même, l’idée, qui fait son chemin aux Etats-Unis et qui est, par exemple, soutenue par l’économiste démocrate Joseph Stiglitz, d’indemniser tous les Noirs pour “l’oppression” subie au cours des siècles n’est pas raisonnable. Beaucoup de ceux qui vivent aujourd’hui n’en portent plus la moindre trace. Va-t-on indemniser Barack Obama, dont la famille est d’origine kenyane, et son épouse pour cette oppression qui ne les a pas empêchés d’accéder aux plus hauts niveaux professionnels, lui à la présidence des Etats-Unis pendant huit ans, et elle à une extraordinaire popularité ?

Le problème réside sans doute, aux Etats-Unis, en une approche qui est elle-même “raciste” puisque l’on s’y obstine à figer les personnes dans des catégories, dont la race est sans doute la plus importante, en les qualifiant erronément de “communautés”. Une communauté résulte d’une volonté d’appartenance et non d’une apparence. Ce système ne peut que créer des conflits. Comme celui de certaines universités (dont Yale) qui favorisent les candidats de certaines races par rapport à d’autres. Ce qu’elles appellent ” discrimination positive ” est tout simplement de la discrimination : celle-ci est toujours injuste et jamais “positive”.

En Europe, notre système universaliste se fonde sur le refus de toute catégorie, en partant de l’idée que chacun a la même qualité de citoyen et les mêmes droits, sans aucune distinction. Notre législation n’accepte même pas, à juste titre, l’idée de l’existence de “races” puisqu’elle interdit, notamment, les discriminations sur la base de la “prétendue race”. Cette approche paraît infiniment plus justifiée que toutes celles qui visent à discriminer suivant la couleur de la peau, que ce soit pour nier les droits de tous les citoyens ou pour reconnaître des privilèges particuliers.

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