Inge Bruffaerts

Acheter vert: de l’intention à l’acte

Inge Bruffaerts Directrice Channel Marketing, Epson Belgique.

Nous sommes tous et toutes favorables à un mode de vie plus durable. Jusqu’à ce que la réalité se présente à nous: un prix d’achat plus favorable l’emporte invariablement sur un achat pérenne mûrement réfléchi. En particulier lors des soldes.

De plus en plus de consommateurs disent vouloir acheter “vert”. Pourtant, cette promesse ne se traduit pas en razzia sur les produits durables. Le décalage entre la volonté d’investir dans l’écologie et le manque d’action a déjà fait l’objet de multiples analyses sans qu’aucune raison valable n’ait pu être dégagée. Dans la vie réelle, nous nous laissons guider par notre porte-monnaie. Résultat: c’est le prix et non le caractère durable qui l’emporte. Qui n’a pas, un jour, acheté un vieux modèle en solde, assorti d’une belle réduction, tout en sachant qu’un modèle plus neuf est plus performant?

Ce faisant, nous nous tirons une balle dans le pied. En effet, ce qui n’est pas durable s’avère souvent plus onéreux à long terme. Pensez par exemple à une imprimante à moins de 100 euros pour laquelle vous dépensez 300 euros en encre au fil des ans. Un modèle plus cher vous en coûtera bien moins à terme, requiert moins de cartouches pour un même volume de pages et est source de moins de déchets.

Souci ou mépris de l’environnement?

Il est évident que nous ne parvenons pas à transformer nos ambitions en action concrète au moment de l’achat. Plusieurs enquêtes internationales démontrent qu’il n’y a pas de lien fort entre conscience environnementale et achat véritablement écologique.

De nombreux facteurs peuvent être pointés du doigt. Une communication déficiente est l’un d’eux. Pour vendre un produit plus cher au départ mais plus avantageux à long terme et, qui plus est, objectivement plus durable, le vendeur doit tenir un discours plus complexe que lorsqu’il fait la promo d’un appareil premier prix.

Dans la vie réelle, nous nous laissons guider par notre porte-monnaie. Résultat: c’est le prix et non le caractère durable qui l’emporte.

En tant que consommateurs, nous sommes en outre submergés de messages de durabilité surfaits et par une prolifération d’écolabels de marques, de chaînes commerciales et d’organismes divers. Est-on encore en mesure de voir l’arbre qui cache la forêt? Pensez à tous ces produits présentés sous des atours verts qui contiennent pourtant des ingrédients tout aussi chimiques. Par exemple, des flacons soi-disant écologiques mais qui contiennent énormément de plastique ou des aliments bio qui s’avèrent provenir des mêmes sources que la nourriture habituelle… De tels scandales touchant des labels prétendument durables ont pour effet que tout le monde hésite à monter à bord du train de la durabilité.

Penser à long terme

Il est dès lors important, d’une part, de prendre la peine d’effectuer soi-même les recherches nécessaires et, d’autre part, de prendre conscience que la durabilité ne doit pas nécessairement être une fin en soi. Quiconque désire se procurer des produits qui reviennent moins cher sur la totalité de leur cycle de vie adoptera quasi automatiquement un comportement d’achat plus écologique.

Les technologies actuelles peuvent y contribuer. Même pour des produits qu’on n’associerait pas à cette notion. L’année dernière, Carrefour a par exemple introduit des poulets “blockchain” dont la provenance peut être tracée avec précision par le biais d’une blockchain. Le même genre de transparence s’avère intéressante pour quasiment tous les produits. Cela permet au consommateur de déterminer très rapidement leur origine et ce que cela implique pour l’environnement. A l’heure actuelle, nous avons droit à différents labels pour différents types de produits, qui, à chaque fois, signifient quelque chose de différent.

Tout part en réalité du consommateur. Une augmentation de la demande de produits verts et durables aura pour effet de pousser les producteurs à la satisfaire, qu’il s’agisse d’aliments, de voitures ou d’imprimantes. Heureusement, la prise de conscience des consommateurs évolue dans cette direction. Voici un an, presque personne ne se souciait de l’utilisation superflue d’emballages en plastique. Après seulement deux éditions du “mois de mai sans plastique”, le concept a déjà fait son chemin. Même à la friterie, les grosses commandes sont désormais emballées dans des sacs en papier et non plus dans de classiques sacs en plastique perforés.

Il est donc possible de transformer un plaidoyer durable en plaidoyer pour un égoïsme responsable, assorti d’un appel à l’aide. Tous, nous désirons clairement apporter notre petite pierre à l’édifice, en particulier si cette décision peut s’avérer fructueuse pour chacun d’entre nous. Pour nous tenir au courant, nous devons toutefois, en tant que consommateur, être mieux informés par les commerçants, les spécialistes et les supermarchés. Lorsque vous faites un achat, vous pouvez, avant qu’il ne soit trop tard, prendre les choses en main en regardant non pas le prix mais le coût global (le total cost of ownership, dans le langage des affaires). Généralement, le choix le plus malin sera d’ailleurs automatiquement le plus écologique.

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