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Accord gouvernemental en Wallonie: “Le déclin guidé par le pouvoir”

L’accord gouvernemental entre PS, MR et Ecolo au niveau wallon et pour la Communauté française n’est guère surprenant.

On y trouve, comme toujours, un catalogue de bonnes intentions à réaliser par de bonnes ou mauvaises méthodes, entre lesquelles les choix ne sont même pas toujours faits : souvent, les partis se sont seulement mis d’accord sur une volonté de chercher… un accord, ou pour étudier les solutions à donner à un problème. Sur beaucoup de points, un vague accord existe sous des mesures, souvent dépensières, mais aucune clarté n’est faite quant à la manière de les financer.

Il est toujours légitime, lorsqu’un gouvernement est formé, de chercher où il se place, non suivant l’habituelle échelle gauche/droite, mais dans ses choix entre la liberté, d’une part, et l’Etat, d’autre part. De tels choix se traduisent en partie sur le plan fiscal et budgétaire, mais aussi par l’incidence plus ou moins importante de la réglementation dans la vie des gens et des entreprises.

A la lecture de ces programmes, il apparaît que, dans la Région la plus collectivisée de l’Etat le plus imposé d’Europe, les partis ont choisi d’accentuer encore les méthodes qui ne fonctionnent pas, en optant pour une intervention encore plus forte des pouvoirs publics, et ce à tous les niveaux. Certes, on n’annonce pas d’impôts nouveaux, quoique le flou budgétaire incite à être méfiant à ce sujet. Mais l’on reconnaît que l’on augmentera encore les dépenses, en laissant entendre qu’elles seront financées par l’emprunt. C’est à nouveau le choix d’une plus grande ingérence de l’Etat, qui décidera des nouveaux investissements à faire. Et les emprunts d’aujourd’hui sont les impôts de demain.

On annonce que l’on va ” aider ” les entreprises, et on prévoit certains nouveaux subsides, par exemple pour réaliser des audits énergétiques. Nos politiciens ne comprendront sans doute jamais que le rôle d’une entreprise n’est pas de chercher des aides de l’Etat mais que, pour les rendre dynamiques, il faut leur laisser la liberté, en cessant de tout réglementer et de tout taxer. Il est sans doute plus valorisant, pour un politicien, d’octroyer un subside que de laisser l’entreprise privée maîtresse de ses choix. Mais préférer l’octroi de subsides, provenant de l’argent du contribuable, à la réduction des charges, c’est un choix politique pour encore plus d’Etat.

Cette réalité s’inscrit d’ailleurs bien dans la volonté affichée par les partis coalisés. On prétend être ambitieux et volontariste. En langage politique, ” ambitieux “, c’est dépenser davantage d’argent prélevé sous la contrainte, et ” volontariste “, c’est imposer encore plus la présence du pouvoir dans la vie, notamment économique. Les mesures phares annoncées, d’ordre parfois symbolique, vont dans le même sens. Obliger les restaurateurs à offrir une carafe d’eau, c’est s’imposer dans les choix des entreprises et des consommateurs par une contrainte, certes modeste mais coûteuse pour l’entreprise, qui vendra moins d’autres boissons. Annoncer la création de 4.000 kilomètres de haies, c’est aussi imposer des charges supplémentaires. Si les haies étaient utiles aux agriculteurs, elles n’auraient pas été détruites au cours des siècles passés. Soit la Région les financera aux frais du contribuable, soit elle imposera des contraintes coûteuses, pour la plantation des haies et leur entretien, à des agriculteurs déjà souvent en difficulté. On suppose que pour ceux qui auront été ruinés par ce genre de mesures, la Région prévoira… des subsides. Annoncer la réduction de l’usage de la voiture d’un tiers, c’est aussi s’immiscer dans les choix de transport des citoyens. On suppose que comme rien n’est annoncé en matière d’amélioration des transports en commun, on ne peut arriver à ce résultat qu’en rendant encore plus difficile et coûteux l’usage de la voiture individuelle.

On aurait pu imaginer, à la Communauté française, que la suppression du décret inscription, entrave flagrante à la liberté de choix par les parents de l’école de leur enfant, constituerait une avancée en matière de liberté d’enseignement. Il n’en est évidemment rien puisque, dès maintenant, on annonce que ce décret honni sera remplacé par un autre, dont rien n’indique qu’il laissera plus de place à la liberté de choix d’une école. Dans tous les domaines, et en l’absence de la moindre mesure visant à libéraliser quoi que ce soit, les partis ont opté pour un étatisme plus fort, pour une collectivisation encore accentuée de pans entiers de la vie sociale et économique. Ce sont ces choix, répétés de législature en législature, qui sont la cause du déclin wallon. Il est inquiétant de voir que l’on usera désormais encore plus de ce qui n’a jamais fonctionné.

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