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A 78 ans, Joe Biden donne un coup de blues aux Européens

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Il a 78 ans mais il court plus vite que tout le monde. Joe Biden épate tous les politiques en ce moment : il a vacciné 54% de sa population en moins de 100 jours et il a annoncé 3 plans de relance économique pour un total astronomique de quasi 6.000 milliards de dollars en un peu plus de 3 mois. C’est du jamais vu depuis le New Deal de Roosevelt !

D’ailleurs mes confrères du Canard Enchainé dévoilent que tous ces milliards d’investissement, c’est le cauchemar d’Emmanuel Macron. Ce dernier aurait déclaré à ses proches : “Biden peut nous faire du mal car il investit plus vite que nous dans des technologies d’avenir comme les semi-conducteurs, les microprocesseurs ou les 2èmes générations de vaccins. Il y a chez lui une vraie volonté de puissance face à la Chine qui peut aussi décrocher l’Europe.” J’imagine que ce que se dit Macron, les autres dirigeants européens doivent sans doute penser aussi à peu près la même. Le soi-disant papy de 78 ans est en train de nous prendre de vitesse et avec le sourire aux lèvres…

Mais c’est à nuancer. D’abord comparaison n’est pas raison. En Europe, on adore se flageller mais si on compare nos filets sociaux (qui je le rappelle n’existent pas aux Etats-Unis), si on y ajoute les plans nationaux, les mesures d’urgence, les aides européennes, nous n’avons pas à rougir de notre réaction face à la crise. Deuxième point, comme le faisait remarquer un économiste “quand tout le monde fonce sur le mur, être en retard n’est pas forcément négatif”. Le mur auquel il fait allusion, c’est le mur de la dette publique. Demander à l’Europe, comme le voudrait Macron, plus d’argent sur la table, cela veut dire aussi plus dette publique pour les futures générations.

Or, le meilleur plan de sortie de crise, c’est à nouveau la sortie du confinement. Autrement dit, le vaccin est le plus grand multiplicateur de l’histoire économique. On l’a vu l’été dernier dans les chiffres, dès que l’économie a été libérée, elle a rebondi comme une balle. Autrement dit, l’Europe devrait pouvoir rebondir après l’été, sans doute plus tard qu’aux Etats-Unis, mais en étant moins endettée.

Autre danger, de tous ces plans budgétaires, personne, vraiment personne, ne sait comment choisir un investissement rentable. En clair, personne ne sait comment flécher les investissements publics pour qu’ils soient les plus efficaces possibles. Si vous avez des doutes, regardez les hauts fonctionnaires européens qui ont négocié pour nous le prix des vaccins. Est-ce une grande réussite ? Les mêmes qui n’ont pas su négocier hier peuvent-ils être mieux inspirés pour choisir nos investissements du futur ? Regardons la Belgique, nous avons l’une des dépenses publiques les plus élevées au monde. Sommes-nous mieux logés, mieux éduqués et mieux soignés que le reste du monde ? Je ne dis pas qu’il ne faut pas investir plus, je dis, plus modestement, qu’il faudra contrôler le fléchage des deniers publics et s’assurer qu’ils vont au bon endroit et aux bonnes personnes.

Les politiciens qui votent aujourd’hui ces plans ne seront plus là demain pour en voir les résultats, mais nos enfants oui alors qu’ils n’étaient pas à la table des négociations. Il y a un proverbe qui dit que lorsque vous n’êtes pas à la table de négociation c’est que vous êtes au menu !

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