Eddy Caekelberghs

2023, crépuscule des dictateurs ?

Eddy Caekelberghs Journaliste à La Première (RTBF)

La situation démocratique mondiale n’est globalement pas meilleure aujourd’hui qu’en 1990. Pourtant, il y a des lueurs d’espoir…

Se pourrait-il que les voeux de fin d’année soient l’occasion de voir croître plus de démocratie dans le monde? L’ère de la tentation subversive serait-elle revenue? A défaut d’angélisme, quelques facteurs encourageants apparaissent néanmoins.

L’échec tout d’abord, ou du moins un échec relatif mais porteur d’inquiétudes. En tout cas pour celles et ceux qui pensent encore, comme Churchill, que la démocratie est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres! Ainsi, d’après un rapport intergouvernemental de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (Idea), la démocratie perd du terrain à travers le monde. Plusieurs pays s’éloignent des standards démocratiques et tendent vers les régimes autoritaires. Et ce constat dépasse les jeunes nations émergentes pour s’attaquer aussi à des pays comme l’Inde de Modi voire les Etats-Unis de Trump et son assaut du Capitole.

2023, crépuscule des dictateurs ?

Pourtant, il y a des lueurs d’espoir sur ce chemin jonché d’épines: en Europe, des pays comme la Slovénie ou la Moldavie ont fait de substantiels progrès dans la bonne direction. Mais dans d’autres cas, c’est la désillusion et l’illibéralisme qui gagnent du terrain. Aves des populations de plus en plus tentées par le retour du bouc émissaire et des votes d’extrême droite.

Pourtant les pays qui voient le péril à leur porte (ou le subissent de plein fouet comme l’Ukraine) font des pas décisifs vers plus d’aspirations démocratiques. Et les contestations – révolutions des rues en Iran ou en Chine – en sont un autre exemple criant de vérité. Pour autant, le chemin est long puisque le quatrième rapport de l’Idea montre que la situation démocratique mondiale n’est globalement pas meilleure aujourd’hui qu’en 1990. Ce n’est donc pas l’heure de baisser les bras!

Des pays qui voient le péril à leur porte (ou le subissent de plein fouet comme l’Ukraine) font des pas décisifs vers plus d’aspirations démocratiques.

Que penser de ces pays nordiques, mais aussi de la Pologne, de la Hongrie, de l’Italie, de l’Espagne ou de la France, qui surfent constamment sur les crêtes de l’extrême droite? Tout récemment, c’est l’Allemagne qui s’inquiétait subitement d’une tentative de putsch d’extrême droite avortée et démantelée qui souhaitait s’en prendre au Parlement. Comme à Washington il y a deux ans. Les accusés entretiennent – c’est démontré – des liens étroits avec l’AfD, cette formation politique extrémiste. Cela pourrait-il amener à une réflexion plus poussée chez les électeurs “contestataires” du système?

Aux Pays-Bas, le journal “Trouw” appelle à prendre au sérieux le danger que représente aussi l’extrême droite néerlandaise. Il conclut: “ce qui rend le mouvement de plus en plus dangereux, c’est qu’il a infiltré les partis politiques, l’armée, la police et les médias ; les opinions extrêmes peuvent donc continuer à se propager, comme si elles étaient tout à fait banales”.

Alors, dans tout ce noir paysage, dans ce sombre bilan 2022, n’y aurait-il rien pour exprimer plus de lumière? Eh bien si. Parce qu’en dépit de Trump, la justice américaine fonctionne et que l’électeur a préféré ne pas accroître l’influence du Tea Party. Parce qu’à Pékin, Xi a dû assouplir son zéro-covid sous pression de sa rue. Parce qu’à Téhéran, la rue, jeune, résiste à ce régime théocratique. Avec courage et détermination. Parce qu’à Moscou, après près d’un siècle (au moins) de régimes totalitaires et absolutistes, l’inefficacité des dirigeants commence à indisposer l’opinion qui pressent la catastrophe.

Alors peut-être 2023 sera-t-elle l’année du crépuscule pour certains dictateurs à défaut de l’être pour tous, leur défaite face à l’aspiration suprême: la liberté. Meilleurs voeux!

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