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2002, l’année du retour vers le passé ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Et si nous terminions l’année en beauté en faisant un grand bond dans le passé ? C’est ce que proposent mes confrères du quotidien économique Les Echos, et je trouve leur idée épatante.

Auscultez de près l’actualité de l’année 2022 et vous constaterez que nous avons tous fait un retour dans le passé sans la savoir. Prenez le sujet qui nous a occupés presque à plein temps cette année : l’énergie. Qui aurait imaginé qu’en 2022 nous nous poserions des questions pour savoir si nous pourrions passer cet hiver sans greloter de froid et sans pannes d’électricité ? Les plus anciens qui ont vécu la sortie de la Deuxième Guerre mondiale ou les privations des années 70 durant la guerre israélo-arabe ont dû avoir un gros sentiment de déjà vu.

Prenons un autre exemple, celui de la voiture. Elle a été pendant des années symbole de liberté, d’émancipation. Mais en 2022, c’est le grand virage. Non seulement, elle est dénigrée, non seulement elle est montrée du doigt pour sa pollution, mais en plus, elle se fait désirer. L’effet cumulé du covid et de la guerre en Ukraine fait que les délais de livraison se sont allongés entre 6 mois et parfois un an. Si ça, ce n’est pas un parfum d’il y a 50 ans, qu’est-ce que c’est? Et comme les prix des voitures électriques et thermiques sont plus élevés, et que même les voitures d’occasion deviennent trop chères, la voiture devient un produit de luxe. Exactement comme au début des années 1960.

Quant à la consommation, elle fait aussi un bond en arrière dans le passé. Le bio n’a plus la cote, car il est trop cher. Pendant ce temps, tout ce qui est business de la seconde main cartonne. Qui aurait imaginé qu’acheter en occasion serait considéré comme le nec le plus ultra en 2022.

Quant à l’inflation, mes confrères des Echos ont raison de rappeler qu’elle avait disparu de nos contrées depuis plus de 30 ans, notamment suite à l’arrivée de la Chine dans le commerce mondial en 2001. Avec ses centaines de millions d’ouvriers payés trois fois rien, les prix mondiaux des produits ont chuté. Mais en 2022, c’est le grand retour de l’inflation, avec un taux à deux chiffres que nous n’avions plus vus en Europe depuis les années 1980. Si ça, ce n’est pas un saut dans le passé, qu’est-ce donc alors ? Quant aux villes, moi qui suis un citadin, je constate que partout, les villes, les capitales se ferment aux voitures. Tout est fait pour la décourager. On peut applaudir ou maudire les bourgmestres de ces villes, mais toujours est-il que tout ça fleure bon la période post-automobile.

Bref, vous l’avez compris, c’est sans doute l’une des leçons à tirer de l’année 2022 : c’est ce grand bond en arrière dans notre passé commun. Les uns diront que c’est chouette : la décroissance, personne n’en a envie, mais dans les faits, elle est là, et chacun s’y fait. D’autres se disent que tout cela n’aura qu’un temps. Car tout cela n’est que le résultat d’une notre soutien à l’Ukraine et à la lutte contre le réchauffement climatique. Enfin, d’autres pensent qu’il faut être plus nuancé. Que si certaines adaptations sont nécessaires, comme la place de la voiture dans l’espace public, d’autres privations ou pénuries sont plus contestables. A nous faire le tri avec comme seul objectif : la préservation de notre planète !

Comme c’est ma dernière chronique de l’année 2022, je voulais vous souhaiter la seule chose qui compte : une bonne santé. Comme me le dit souvent un ami chirurgien : le bonheur, c’est le silence des organes. Je vous souhaite donc une année 2023 très silencieuse. Et encore merci pour votre soutien à cette chronique économique quelque peu iconoclaste.

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