1MDB, ou l’extraordinaire scandale financier malaisien
L’ancien Premier ministre malaisien Najib Razak a été condamné mardi lors de son premier procès pour corruption dans le scandale du fonds souverain 1MDB (1Malaysia Development Berhad).
Selon l’accusation, il est une figure clé dans cette affaire qui aurait vu de hauts responsables piller des milliards dans les coffres de l’État et se livrer à des dépenses somptuaires.
– Qu’était 1MDB ? –
1MDB, créé en 2009 par Najib Razak, peu après sa nomination au poste de Premier ministre, était censé contribuer au développement économique de la Malaisie.
Son portefeuille comprenait des centrales électriques et d’autres actifs énergétiques en Malaisie et au Moyen-Orient, ainsi que des biens immobiliers à Kuala Lumpur.
Mais en 2014, croulant sous 11 milliards de dollars de dettes, le fonds est confronté à des soupçons de détournement de fonds.
L’affaire révélée par le site d’investigation Sarawak Report, tourne au scandale en 2015 lorsque le Wall Street Journal publie des documents montrant que Najib Razak a perçu au moins 681 millions de dollars sur ses comptes bancaires personnels.
– Des dépenses somptuaires –
Le ministère américain de la Justice diligente sa propre enquête après des allégations selon lesquelles l’argent public malaisien volé a été blanchi par le biais du système financier américain, et intente des poursuites portant sur environ 1,8 milliard de dollars d’actifs prétendument acquis avec l’argent détourné.
Selon la justice américaine, plus de 4,5 milliards de dollars ont été détournés entre 2009 et 2015 par de hauts responsables de 1MDB et leurs complices.
Outre des biens immobiliers luxueux à Beverly Hills, New York et Londres, les fonds détournés ont permis l’achat d’un tableau de Monet pour 35 millions de dollars, d’un Van Gogh pour 5,5 millions, d’un avion Bombardier pour 35 millions, d’une participation de 100 millions dans EMI Music Publishing, et d’un yacht de 250 millions de dollars.
Des dizaines de millions de dollars ont permis en 2012 au beau-fils de Najib Razak, Riza Aziz, de financer le film hollywoodien “Le loup de Wall Street”, avec Leonardo DiCaprio.
– Retentissements politiques –
Le scandale contribue à la défaite électorale retentissante de la coalition de Najib Razak en 2018.
Un nouveau gouvernement dirigé par Mahathir Mohamad, un homme politique chevronné maintenant âgé de 95 ans, prend le pouvoir et relance les enquêtes.
Najib fait l’objet de dizaines d’accusations et son premier procès s’ouvre en avril 2019. Mais en février, l’alliance réformiste s’effondre après d’âpres luttes intestines, et une nouvelle coalition incluant le parti de Najib Razak prend les rênes du pouvoir.
Cette alternance suscite alors des inquiétudes quant à ses éventuelles répercussions sur la procédure judiciaire – d’autant que les accusations liées à 1MDB contre Riza sont contre toute attente abandonnées en mai, dans le cadre d’un accord avec le ministère public.
– Deuxième procès en vue –
Ces craintes se sont révélées infondées, un juge ayant déclaré mardi Najib Razak coupable des sept chefs d’accusation lors de son premier procès.
Au coeur du procès, le transfert de 42 millions de ringgits (9,9 millions de dollars) des comptes de SRC International, une entité du fonds, vers ceux de l’ancien dirigeant de 67 ans.
La peine n’a pas été prononcée. Najib Razak devrait faire appel et éviter pour l’instant d’être placé en détention.
Les détournements jugés dans ce premier procès de Najib Razak sont modestes au regard de ceux examinés dans son deuxième procès portant sur plus de 500 millions de dollars.
– Accord avec Goldman Sachs –
Le 24 juillet, la Malaisie a conclu un accord de 3,9 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites contre la banque américaine Goldman Sachs, accusée d’avoir contribué aux détournements de fonds en organisant des émissions d’obligations d’un total de 6,5 milliards de dollars, qui lui ont rapporté 600 millions de dollars de commission.
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