Le carnet d’adresses du patron de la RTBF

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Porté par un flot de bonnes nouvelles, l’administrateur général de la RTBF reste toutefois un capitaine vigilant. Pleins feux sur son carnet d’adresses, riche et varié.

Le titre de “Média de l’année” pour son offre radio aux Merit Awards 2010, un score “historique” (sic) pour la dernière vague de l’étude CIM radio avec 35 % de part de marché, un grand nettoyage de printemps pour l’info télévisée dès le 21 mars, de tout nouveaux studios en terre liégeoise… La RTBF est plus que jamais sous les feux de l’actualité, mais son grand patron reste étonnamment calme.

A 50 ans, Jean-Paul Philippot savoure modestement la traversée accomplie depuis ce jour de février 2002 où il reprit le gouvernail d’un paquebot Kafka qui commençait doucement à prendre l’eau.

A coups de plan Magellan et de restructurations nécessaires, le capitaine a progressivement redressé la barre et a aujourd’hui, plus que jamais, le vent en poupe. L’exercice financier 2009 a montré un retour complet à l’équilibre de l’entreprise (avec, pour la première fois depuis 2000, un résultat positif de 387.000 euros) et les indicateurs pour l’année 2010 devraient également “dégager du positif”, dixit l’administrateur général de la RTBF, “avec même une amélioration par rapport à l’année précédente”.

Jean-Paul Philippot est-il rassuré pour autant ? Non, car son plus grand défi reste précisément financier : “La dotation de la RTBF en 2011 est, à euros constants, inférieure à la dotation de la RTBF en 1990. C’est une réalité de chiffres. Sur la même période, nos effectifs ont diminué de 30 % et nous avons restauré l’équilibre, ces dernières années, par une gestion rigoureuse et par un effort important que le personnel a consenti en termes de productivité, sans qu’il y ait, à euros constants je le répète, un euro de plus de la part du gouvernement. Aujourd’hui, on va arriver à un moment où l’on ne pourra plus assurer la croissance et le développement de l’entreprise uniquement sur ces gains de productivité et d’économies internes. Il faudra donc faire des choix.”

Qui dit choix, dit conseils. Dans cette vaste entreprise de réflexion, Jean-Paul Philippot peut compter sur un réseau relativement bien étoffé. Du cénacle télévisuel à l’univers sportif, en passant par le monde publicitaire et les sphères culturelles, l’administrateur général de la RTBF dispose d’un bon carnet d’adresses où les hommes politiques et les grands patrons font également bonne figure.

Etiqueté socialiste, l’homme est parfois “tacklé” pour ses sympathies à gauche, mais il refuse catégoriquement les soupçons de favoritisme, même s’il reconnaît pleinement son penchant pour certaines convictions. “J’assume des valeurs qui sont socialistes ou plutôt sociales démocrates à titre personnel, concède Jean-Paul Philippot, mais dans ma fonction, il est hors de question que je puisse adopter des positions partisanes. C’est une éthique personnelle. Cela peut paraître suspect mais je suis totalement indépendant d’un quelconque groupe de pression.”

D’où vient finalement cette fibre “sociale démocrate” qui fait que ce diplômé de Solvay présente, en définitive, un CV très “service public” ? “Dans mon cursus professionnel, celui qui a certainement été mon mentor et qui m’a beaucoup challengé, c’est Albert Eylenbosch, ancien président du CPAS de Saint-Gilles, cofondateur du Parcours d’Artistes, socialiste et aujourd’hui décédé, confie Jean-Paul Philippot. C’est probablement à lui que je dois ma place actuelle. Quand j’ai remis mon mémoire, il m’a offert l’opportunité de travailler dans l’hôpital de son CPAS. Il m’a vite accordé sa confiance en tant que manager et m’a fortement inculqué les valeurs de service public.”

On connaît la suite de son parcours. Conseiller puis chef de cabinet adjoint du ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale Charles Picqué de 1989 à 1995, le futur patron de la RTBF fera, dans ces années-là, la connaissance de personnalités qui deviendront de vrais amis, comme Jean-Claude Marcourt et Steven Vanackere, avant de diriger le réseau des hôpitaux publics bruxellois et de rejoindre enfin la cité Reyers.

“Je suis sorti d’une école où la solidarité et les échanges sont très forts”, conclut Jean-Paul Philippot qui refuse cependant le terme de “Solvay Connection” pour qualifier certaines de ses relations. Il n’empêche. Plusieurs fois par an, l’administrateur général de la RTBF – qui partage sa vie avec Laurence Bovy, ancienne directrice de cabinet de Laurette Onkelinx et aujourd’hui présidente du conseil d’administration de la SNCB – se réunit avec ses anciens condisciples de promotion que sont, entre autres, Thomas Spitaels, directeur du bureau d’études TPF, et Bruno Colmant, deputy CEO d’Ageas. Un joyeux trio que rejoint volontiers un certain Laurent Levaux, patron d’Aviapartner.

Frédéric Brébant

SES AMIS POLITIQUES

Jean-Paul Philippot a travaillé de nombreuses années avec Charles Picqué (PS) et est l’ami de Jean-Claude Marcourt (PS), ministre wallon de l’Economie, avec qui il aime “passer des heures à table à refaire le monde”. Il entretient aussi des relations amicales avec Steven Vanackere (CD&V), actuel ministre belge des Affaires étrangères, et est très proche de Frédéric Delcor (PS), secrétaire général de la Communauté française.

SON RÉSEAU PATRONAL

L’administrateur général de la RTBF avoue avoir “un respect immense” pour Bert De Graeve, CEO de Bekaert, qui lui a ouvert son bureau lorsqu’il était patron à la VRT. Il est également proche de Pierre L’Hoest (EVS), Didier Bellens (Belgacom), Claude de Saint-Vincent (Média Participations) et Alain Sussfeld (UGC), et très proche de Thomas Spitaels (TPF), Bruno Colmant (Ageas) et Laurent Levaux (Aviapartner).

SES APPUIS MARKETING

Il a une très grande complicité avec Yves Gérard, patron de la RMB, et prend régulièrement conseil chez Anne Bataille, CEO d’Aegis Media Belgium. Il avoue également se nourrir des tendances à venir chez Martine Clerckx, fondatrice et directrice associée de l’agence de conseils en stratégie Wide.

SES RELAIS SPORTIFS

Le patron de la RTBF entretient d’excellents rapports avec Pierre-Olivier Beckers, président du Comité olympique belge et CEO du groupe Delhaize – “une personne que j’admire”, dit-il – et avec Jacques Rogge, président du Comité international olympique, ou encore Michel Platini, président de l’UEFA, avec qui il vient de signer de nouveaux contrats pour 2012.

SON CERCLE TÉLÉVISUEL

A l’échelon belge, l’administrateur général de la RTBF entretient d’excellents rapports avec Peter Quaghebeur et Thierry Tacheny, respectivement directeurs de VTM et de VT4, mais ses relations les plus enrichissantes se font dans la sphère européenne avec Rémy Pfimlin, patron de France Télévisions, Gilles Marchand, directeur de la TSR, ou encore Claudio Cappon, responsable de RAI International.

SES CONTACTS CULTURELS

Jean-Paul Philippot est ami avec Nathalie Uffner (Théâtre de la Toison d’Or) et complice de Jean-Pierre de Launoit (Concours Reine Elisabeth), Laurent Busine (MAC’s), Michel Draguet (Musées royaux des beaux-arts) ou encore Jean-Louis Colinet (Théâtre national de Belgique). Il est également proche de Patrick Quinet (Pro Spère) et Luc Jabon (UPFF) qui gèrent aussi les Magritte du Cinéma.

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