Exclusif : Nicolas Boël parle pour la première fois de Solvay

© Jelle Vermeersch

Solvay est désormais pilotée par un Français mais le Belge Nicolas Boël, représentant des actionnaires familiaux de Solvay, n’a pas l’intention de faire de la figuration dans son rôle de président. “Je me consacre à Solvay à 200 %”, affirme-t-il dans une interview exclusive.

Lisez l’intégralité de cette interview dans le magazine Trends-Tendances daté du 7 juin 2012.

Depuis le 9 mai, Nicolas Boël (49 ans) est le nouveau président du conseil d’administration de Solvay. Il n’est autre que le petit-fils d’Yvonne Solvay, la petite-fille d’Ernest Solvay, qui est à l’origine de la multinationale chimique belge qui fêtera l’an prochain ses 150 ans. Depuis l’arrivée du Français Jean-Pierre Clamadieu au poste de CEO voici un mois, Nicolas Boël incarne l’ancrage belge de l’un de nos derniers fleurons industriels. Un rôle qu’il prend très à coeur : “Je me consacre à 200 % à cette fonction. Je n’aime pas faire les choses à moitié !”

C’est que le moment est particulièrement important dans l’histoire du chimiste qui a racheté le groupe français Rhodia, de taille équivalente et au profil complémentaire. Son défi est à présent de réussir l’intégration de ce dernier. “L’ambition de Solvay est de devenir un leader européen à vocation mondiale de la chimie durable”, martèle son nouveau président, en pesant chaque mot tout au long de l’interview accordée à Trends-Tendances. Un exercice auquel cet économiste de formation, qui a fait sa carrière dans l’industrie, n’est guère habitué. “C’est la deuxième interview de ma vie en face-à-face”, avoue-t-il un peu stressé en nous accueillant dans son nouveau bureau au quartier général du groupe chimique à Neder-Over-Heembeek (Bruxelles).

Sa première rencontre avec les journalistes remonte à 1994. C’était juste avant la reprise des Usines Gustave Boël – la société sidérurgique familiale qu’il codirigeait – par le néerlandais Hoogovens. Depuis 13 ans qu’il siège au conseil d’administration de Solvay, Nicolas Boël avait réussi à rester discret, à l’image de sa famille. “Ce qui importe, c’est de faire les choses plutôt que d’en parler”, justifie-t-il. A présent en première ligne, plus question d’éviter les projecteurs…

Vous étiez le candidat naturel à cette fonction ?

Ce n’est pas un poste pour lequel on se porte candidat ou pour lequel on fait campagne. Solvay a une gouvernance extrêmement forte. Et lors de toute la procédure menée par mon prédécesseur Aloïs Michielsen, un processus rigoureux a été observé. Celui-ci s’est soldé par un avis unanime des membres du conseil d’administration en faveur de ma candidature. Je pense avoir les qualités pour ajouter de la valeur à l’organisation. J’ai travaillé 19 ans dans l’industrie, plus précisément dans la sidérurgie et l’aluminium (Ndlr, Usines Gustave Boël, Hoogovens et Corus), des métiers proches des activités de Solvay. En Allemagne, aux Etats-Unis et en Australie. C’est cette expérience industrielle et internationale, couplée avec certains traits de mon caractère qui ont joué en faveur de ma candidature. Je suis un passionné, pragmatique, adepte du consensus et de la communication.

A votre poste, vous devez aussi veiller aux intérêts des actionnaires familiaux dont vous faites partie…

Je représente les intérêts de tous les actionnaires, pas seulement de certains. Mon rôle est de continuer à participer au développement de la société. La décision de racheter Rhodia a permis de garder la structure actionnariale actuelle et aux actionnaires familiaux de référence (Ndlr, plus de 2.700 descendants d’Ernest Solvay et de ses partenaires financiers de l’époque réunis dans le holding Solvac qui contrôle un peu plus de 30 % de Solvay) de ne pas être dilués. Mais aussi de garder le centre de décision à Bruxelles.

Le nom Boël est-il difficile à porter ?

L’important, c’est de se faire un prénom. Il faut assumer. Quand je suis arrivé à l’usine familiale, j’ai travaillé comme stagiaire sur le terrain pendant un an. La légitimité est importante, elle s’acquiert.

Propos recueillis par Sandrine Vandendooren

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