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Pas de nouveau gouvernement : est-ce grave, docteur ?

Cela fait plus de six mois que les élections ont eu lieu et la Belgique n’a pas encore de nouveau gouvernement. Est-ce grave ? Pas tellement, sembleraient démontrer les chiffres de notre croissance en 2010.

Cela fait plus de six mois que les élections ont eu lieu et la Belgique n’a pas encore de nouveau gouvernement. Est-ce grave ? Pas tellement, sembleraient démontrer les chiffres de notre croissance en 2010. Selon les dernières prévisions du cabinet Ernst&Young, la Belgique devrait afficher cette année une croissance de 2,1 %, soit mieux que l’Autriche (1,9 %), les Pays-Bas (1,7 %), la France (1,6 %), l’Italie (1 %), sans mentionner la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne…

Jusqu’en 2014, les perspectives sont tout aussi encourageantes puisque nous obtenons une moyenne de 2,3 %, soit plus que le 1,8 % dans l’Eurozone. Un bon résultat pour une économie que certains qualifient de “malade”… Sur cette période, nous devançons, en effet, la Slovénie, les Pays-Bas, l’Autriche, la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et la Grèce. Bref, l’économie tourne, même sans gouvernement. D’un autre côté, cette situation politiquement peu enviable ne nous permet pas de prendre les mesures drastiques – et nécessaires – pour assainir nos dépenses publiques et améliorer notre compétitivité. Par ailleurs, les budgets sont cadenassés depuis six mois et aucune nouvelle dépense ne peut être engagée à l’échelon fédéral.

Via des contacts avec divers acteurs financiers de la City, lors d’un voyage à Londres organisé la semaine passée par Trends-Tendances et Econopolis, nous avons appris que l’insécurité politique n’est pas un élément d’inquiétude majeur pour les marchés financiers. Outre l’importance de notre dette publique, un autre sujet est suivi avec attention : les garanties d’Etat octroyées à nos institutions financières.

Il se chuchote ainsi que Dexia pourrait se révéler le talon d’Achille de la Belgique. La banque n’est évidemment pas la seule à bénéficier des garanties d’Etat mais elle s’est particulièrement retrouvée sur la sellette ces dernières semaines. En effet, après la vente des activités de sa filiale américaine FSA à Assured Guaranty, les activités les plus à risque et sensibles au marché immobilier américain sont restées dans les mains de Dexia. Cette dernière bénéficie des garanties de l’Etat belge à hauteur de 62,3 %, du gouvernement français à hauteur de 36,6 % et du Luxembourg pour le solde. Ce portefeuille pèse quelque 17 milliards de dollars et Dexia a déjà provisionné 2 milliards de dollars de pertes.

Les craintes se concentrent sur la potentielle dégradation de la situation aux Etats-Unis et sur une annonce de cessation de paiement d’un Etat comme la Californie, par exemple. Certains acteurs financiers pourraient alors mettre la santé financière de Dexia en question et, par ricochet, obliger l’Etat à puiser dans sa caisse pour octroyer de nouvelles garanties.

Même si la pression des marchés financiers n’est pas souhaitable pour la Belgique, l’augmentation des taux pour le remboursement de la dette publique pourrait pousser à démêler l’écheveau politique. Rien de tel qu’un ennemi commun – les marchés financiers – pour forcer les sept partis autour de la table des négociations à conclure rapidement leurs discussions afin de lancer les mesures nécessaires qui redoreront le blason de notre compétitivité et allégeront la dette publique.

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