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Nous devrions tous être alertes mais pas alarmés face au coronavirus
J’écoutais hier par hasard le programme de BBC 4 et j’ai eu le plaisir d’écouter des sommités du monde médical expliquer aux auditeurs britanniques que, face à l’épidémie de coronavirus, il fallait rester alerte mais pas alarmé.
Alerte mais pas alarmé, quelle belle nuance mais qui n’est hélas pas respectée… Les spécialistes nous disent de rester vigilants, de faire les gestes qu’il faut, mais au lieu de cela, une partie de la population succombe à la peur, voire à la panique. A chaque fois, c’est la même chose, on donne des chiffres pour rassurer : le Covid-19 a pour l’instant tué 3.200 personnes en deux mois sur les 7,7 milliards d’habitants que compte notre planète. Les chiffres montrent que c’est une fraction toute petite par rapport aux 5 millions de décès recensés chaque mois dans le monde pour diverses raisons ; rappelons aussi que la rougeole fait hélas encore 140.000 morts par an.
Mais malgré ces chiffres, malgré ces nuances, le monde a décidé de paniquer : les papiers toilettes sont assaillis par les consommateurs, les masques chirurgicaux sont introuvables à cause d’une razzia hystérique, les salons et autres événements n’ont pas lieu ou sont reportés, et les pays tombent les uns après les autres en récession… En clair, la peur ou l’hystérie se propage plus vite que le virus !
Sauf que le virus fait pour le moment moins de morts que la peur ne crée des chômeurs en série. Comme le font remarquer mes confrères du journal économique Les Echos, est-ce une guerre mondiale ? Non ! Est-ce un choc pétrolier ? Non ! Est-ce un tsunami d’une ampleur inconnue jusqu’ici ? Non ! Alors pourquoi cette peur malgré les chiffres qui, jusqu’à présent, sont quand même rassurants ? La réponse : c’est notre psychologie.
Paul Slovic, un professeur de psychologie de l’université de l’Oregon aux Etats-Unis, l’explique bien à mes confrères des Echos : la population ne peut pas voir le coronavirus comme une grippe de plus parce qu’à la télé, on détaille la propagation de l’épidémie au jour le jour, et parce qu’on voit des médecins équipés de combinaison et de masques. Et cela est plus déstabilisant que les chiffres. En clair, les images sont plus fortes que la réalité mathématique ! Le même psychologue nous rappelle qu’il suffit de penser aux avions. S’il y a deux crashs dans un laps de temps très court, nous avons tous un malaise et nous avons tous peur de prendre l’avion, et cela malgré toutes les années sans accident ou malgré le fait que les routes tuent chaque année 1,5 million de personnes. C’est humain, nos tripes sont plus fortes que notre raisonnement.
Comme le suggère le financier Edouard Tétreau, un habitué des crises financières, il faut s’inspirer de nos super héros occidentaux : Churchill, le général De Gaulle et Roosevelt. “L’un était un alcoolique dépressif, l’autre un géant mû par une vision tragique de l’histoire, et le troisième, un dandy patricien qui a été cloué à vie à 39 ans sur une chaise roulante par une forme de poliomyélite” comme l’écrit joliment Edouard Tétreau. Mais ces 3 hommes avaient un point commun : ils avaient compris qu’il n’y a pas de pessimistes riches et que les chefs victorieux ne doutent jamais de l’issue du combat. C’est ce qu’Edouard Tétreau appelle l’optimisme de l’intelligence. Et en temps de crise, il est plus que temps d’en faire bon usage : restons donc très alertes mais pas alarmés.
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