Le mois d’avril 2011 restera gravé dans les mémoires de beaucoup d’économistes travaillant dans les milieux financiers. Non seulement, ce mois marque le deuxième anniversaire de la reprise économique mais l’histoire retiendra aussi que c’est en avril 2011 que la BCE a relevé pour la première fois son taux directeur depuis l’explosion de la crise économique et financière la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le mois d’avril 2011 restera gravé dans les mémoires de beaucoup d’économistes travaillant dans les milieux financiers. Non seulement, ce mois marque le deuxième anniversaire de la reprise économique mais l’histoire retiendra aussi que c’est en avril 2011 que la BCE a relevé pour la première fois son taux directeur depuis l’explosion de la crise économique et financière la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. On notera par ailleurs que pour la première fois, la BCE infléchit sa politique monétaire avant la Fed. Revenons sur ces événements et essayons de les mettre en perspective.
En avril 2009, les premiers indicateurs macroéconomiques se sont donc relevés. Comme d’habitude, ce sont les indicateurs de confiance qui se sont retournés les premiers, de même que les marchés boursiers. Ainsi, l’indicateur de confiance des consommateurs belges stoppait net sa descente que certains voyaient déjà se poursuivre jusqu’aux enfers. Pour la première fois également depuis le début de la crise, l’indicateur mesurant la confiance des entrepreneurs se retournait un peu partout, entamant en Belgique un redressement presque ininterrompu depuis : la confiance des entrepreneurs a progressé durant 20 des 24 derniers mois. Vu sous cet angle au moins, la reprise fut impressionnante.
Plus fondamentalement, l’activité s’est aussi redressée au cours des deux années écoulées. Les sept derniers trimestres pour lesquels des chiffres de PIB sont disponibles ont été marqués par une croissance positive de l’économie belge, en moyenne de 0,4 % par trimestre, ce qui n’est finalement pas si éloigné de la croissance potentielle belge. Les derniers indicateurs portent à croire que le premier trimestre de 2011, dont on ne connaît pas encore le niveau de PIB, devrait également suivre cette voie. Et pour couronner le tout, avril 2011 devrait marquer le retour du PIB à son niveau d’avant-crise !
Un cycle en trois phases
Si l’on considère que la crise financière a débuté en août 2007, lorsqu’une grande banque européenne a suspendu la cotation de certains de ses fonds, faute de liquidités, on peut aujourd’hui délimiter la crise en trois phases : dans un premier temps (entre l’été 2007 et le printemps-été 2008), les tensions financières n’ont fait qu’augmenter mais ont pu être contenues, si bien que l’activité réelle a pu poursuivre son expansion. Dans un deuxième temps, la crise a vraiment éclaté, la récession touchant d’abord les Etats-Unis, et prenant des proportions dramatiques après la faillite de Lehman Brothers. La crise financière a alors agi comme un accélérateur du ralentissement économique. Contrairement à ce que beaucoup pensaient, cette phase critique a été relativement courte et fut concentrée sur trois trimestres environ. La phase de reprise est alors intervenue et dure donc depuis deux ans.
Une quatrième phase ?
Ceci nous ramène à ce moment historique de jeudi dernier, lorsque la BCE a relevé son taux directeur, comme attendu depuis le franc changement de ton intervenu en mars. Le fait que la BCE juge l’économie européenne capable de supporter une certaine normalisation de la politique monétaire doit être considéré comme une bonne nouvelle. Faut-il pour autant interpréter cette annonce comme la fin de la phase “dangereuse” de la reprise et l’entrée dans une quatrième phase du cycle, celle d’une reprise plus solide ? Je pense que ce serait aller un peu vite en besogne, et ce pour deux raisons. D’une part, même si l’activité est revenue dans de nombreux pays européens au niveau d’avant-crise, les déséquilibres subsistent, notamment en matière de chômage et bien entendu de finances publiques. N’oublions quand même pas que durant les deux dernières années, le fossé s’est creusé entre les besoins de nos économies et les revenus générés. D’autre part, si certains déséquilibres se résolvent petit à petit, de nouveaux problèmes ont déjà émergé. L’inflation en est un, et c’est pour lutter contre ce phénomène que la BCE a bougé.
En conclusion, deux ans de reprise n’ont pas encore suffi à assurer la stabilité de nos économies. De plus, si la décision de la BCE marque une nouvelle phase dans la reprise, c’est plutôt une phase durant laquelle les décisions de politique économique seront plus difficiles à prendre, car les contraintes qui pèsent sur les économies appellent des politiques allant dans des sens contraires. Jusqu’à présent, ce n’était pas le cas. La troisième année de la reprise risque donc d’être tout aussi mouvementée que les deux précédentes. Rendez-vous en avril 2012 pour, espérons-le, fêter le troisième anniversaire de la reprise.