Mobilité: nous avons testé les services multimodaux belges Modalizy et Olympus. Qu’en retenir ?

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Les services multimodaux belges Modalizy et Olympus favorisent l’usage d’un éventail de moyens de transport : du vélo à la voiture partagée en passant par le train et le bus. De manière fluide et avec une facturation unique. Est-ce vraiment intéressant ?

L’ avenir n’est plus au tout à la voiture, mais au panachage. Entre le vélo, le train, le bus, l’auto partagée et la trottinette, pour ceux que cela tente. Une nouvelle approche pour se déplacer plus efficacement, avec idéalement moins de CO2 émis, facilitée par des services centralisant les réservations, les informations, la facturation, comme le font Olympus et Modalizy.

Ces deux services que nous avons essayés ne sont pas les seuls sur le marché mais ils ont déjà pris de l’avance sur leurs concurrents. Tel Skipr, une initiative du Lab Box (D’Ieteren) qui a démarré il y a peu et qui se positionne comme un routeur. Skipr indique, pour le trajet souhaité, les combinaisons de transport possibles, avec la possibilité d’acheter certains tickets. Quelques banques s’avancent aussi, en proposant de la mobilité dans leur applications (KBC-CBC et Belfius).

Le gouvernement sortant a donné un coup de pouce à ces services multimodaux en mettant en place un statut fiscal pour un budget mobilité, alternative à la voiture de société.

Guichet unique ou carte de paiement ?

Les approches sont différentes. Olympus Mobility est surtout un service prépayé centré sur une application de smartphone, un guichet virtuel pour accéder aux différents services de mobilité, à acheter des tickets ou réserver (train, tram, vélo, etc.).

Modalizy, de son côté, se présente comme une carte de paiement (MasterCard) centrée sur des services de mobilité, l’application jouant surtout un rôle informatif. Quelques transports sont réservables sur l’appli (SNCB et De Lijn) mais Modalizy ne cherche pas à développer un guichet numérique central. ” En misant plutôt sur le principe de la carte de paiement, nous pouvons proposer beaucoup plus de services “, explique Alain Allyn, business development manager. Pour répondre à un large éventail de demandes, Modalizy, filiale d’Octa+, va jusqu’à proposer le plein de carburant ou la recharge électrique (Blue Corner) parmi les services.

” Nous visons à ce que l’expérience de l’utilisateur soit la plus simple possible pour l’utilisateur, rétorque Koen Van De Putte, le CEO d’Olympus Mobility. Le principe de la carte de paiement n’offre pas cela. Pour chaque service, il faut se coltiner un autre système, d’autres informations. ” Olympus reflète l’état d’esprit de ses actionnaires, sans doute plus sociétaux (principalement Taxistop, VAB, Cambio). Il cherche à stimuler la multimodalité comme alternative à la voiture personnelle.

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Le test Modalizy

Passons maintenant à l’essai. D’abord Modalizy. Nous avons reçu une carte de paiement, avec des explications détaillées.

L’éventail des possibilités est très large. Le premier parcours testé consiste en une boucle partant de la rédaction de Trends-Tendances, rue de la Fusée à Bruxelles, près de l’Otan, et y revenant. Nous choisissons de prendre un bus De Lijn jusqu’à la gare de Berchem-Sainte-Agathe. Ensuite, le train jusqu’à la station Schuman. Puis, un trajet en bicyclette partagée Villo pour rejoindre le Shopping Center de Woluwe-Saint-Lambert via le rond-point Montgomery. Pour revenir finalement à la rédaction avec un VTC CarASAP (l’Uber belge).

Deux autres essais ont été réalisés : le premier avec une voiture DriveNow, utilisée au départ de la rédaction pour un rendez-vous près de la gare du Midi. Et retour. Il s’agit d’un service de free floating : la voiture est prise près du bureau et laissée à l’arrivée, rue Bara en l’occurrence. Nous avons continué en DriveNow jusqu’à Woluwe-Saint-Lambert pour passer à une Zen Car, place Saint-Lambert.

Une mise en route un peu compliquée

La mise en route du service Modalizy est un peu lourde car l’utilisateur doit s’inscrire patiemment sur les sites ou applications de chaque moyen de transport souhaité. Certes, Modalizy fournit toutes les informations pour y parvenir. Pour Drive Now, l’application permet une inscription à titre professionnel facturée via la carte Modalizy, mais l’opération est simplifiée pour ceux qui en sont déjà clients à titre privé. Pour Villo, il faut souscrire sur l’appli Villo à un abonnement d’un an de 34,7 euros, qui inclut 30 minutes par jour, payé avec la carte Modalizy. La deuxième demi-heure est facturée 0,5 euro, la suivante, 1 euro. L’inscription sur le service CarASAP est, elle, ultra rapide. Et chez Zen Car, partenaire de Modalizy, il faut prévoir trois jours après l’inscription avant de recevoir sa carte d’utilisation à domicile.

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Les bonnes surprises

A l’usage, les services les plus simples sont ceux qui sont achetés via l’appli (tickets De Lijn, SNCB). Villo est également facile à utiliser : l’application permet de repérer les stations et de débloquer le vélo de son choix. Il n’est pas électrique, mais ça viendra. Le matériel est correct, avec un panier bien pratique.

Le service CarASAP est aussi une bonne surprise. Il s’agit d’un service VTC de type Uber. La voiture, réservée sur l’appli à 12h18 près du Woluwe Shopping Center, est promise pour 12h39 et arrive à 12h35. Une BMW Série 5 impeccable a fait le trajet en 15 minutes, sur 9,6 km, pour 26,9 euros, du shopping à la rédaction.

Pour DriveNow, il ne faut pas oublier d’indiquer, à la réservation et sur l’appli, que c’est pour un usage professionnel. Sinon c’est la carte privée qui sera débitée (rubrique ” profil de facturation “). Le trajet entre la rédaction et la gare du Midi a coûté 12,52 euros.

Voiture électrique

Pour le service Zen Car, c’était l’occasion de rouler dans une BMW électrique, une i3, assez vive et plus spacieuse qu’elle en a l’air. Attention à ne pas oublier de débrancher le câble d’alimentation du véhicule, de le rebrancher en fin de course et de fermer la petite barrière qui bloque la place de stationnement !

Passer d’un service de voiture partagée à l’autre ménage des surprises. Les logiques ne sont pas les mêmes. DriveNow étant un service en free floating, la voiture est prise et laissée n’importe où dans la zone délimitée, pour autant que cela soit sur la voie publique et là où le parking est permis. Les automobiles ZenCar, elles, sont basées dans des stations et doivent revenir à leur point de départ.

Pour DriveNow, ” réserver ” une voiture signifie la bloquer pendant un certain délai afin d’avoir le temps de la trouver, la facturation (à la minute) démarrant à l’ouverture du véhicule. Pour ZenCar, ” réserver ” le véhicule entre 14 h et 15 h signifie qu’il est utilisable dans cet intervalle, pas au-delà, sous peine d’une pénalité. Dans notre test, l’heure utilisée a été facturée 19,36 euros.

Le test Olympus

Pour le service avec Olympus Mobility, le test a consisté d’abord à faire un tour à Anvers au départ de Bruxelles, un samedi. En commençant par un trajet en bus De Lijn au départ de Berchem-Sainte-Agathe (avenue Charles-Quint) pour rejoindre la gare du Nord, puis un train vers Anvers Central, un vélo partagé Blue-bike pour faire un tour jusqu’à l’Escaut et retour, avant de revenir à Bruxelles par le train et le bus. Un autre essai effectué quelques jours plus tard consisait à louer une voiture partagée Cambio et à payer un stationnement sur la voie publique (parcmètre).

La mise en route est très rapide puisque tout, ou presque, se passe dans l’appli Olympus. Il ne faut pas s’inscrire aux services proposés par l’application, sauf pour Cambio qui exige de disposer d’une carte Mobib de la Stib (ou d’en demander une sur l’appli, moyennant 9,95 euros), sésame nécessaire pour ouvrir la voiture. Cela complique les choses mais Olympus assure que la technologie Cambio permettra bientôt d’ouvrir les automobiles directement avec l’appli Olympus.

Pour l’achat des tickets De Lijn ou SNCB, la facilité est identique sur l’appli Olympus que sur celle de Modalizy. Sauf, toutefois, que celle d’Olympus propose d’office le meilleur tarif disponible. Ainsi, le parcours vers Anvers se déroulant un samedi, l’appli affiche le tarif week-end (8,6 euros), tandis que celle de Modalizy donne, a priori, le tarif plein standard (14,8 euros). Il faut fouiller dans les options sur l’écran pour trouver le tarif réduit. L’appli peut aussi intégrer un profil famille nombreuse pour adapter le tarif automatiquement. Le vélo Blue-bike, lui, ne se réserve pas mais on achète un voucher de 24 heures (3,75 euros) sur l’appli, valable 10 jours. Le numéro du voucher permet d’obtenir, sur le terminal d’un parking Blue-bike, la clef d’un vélo. Blue-bike est disponible dans les gares, surtout à Bruxelles et en Flandre. Il faut ramener le vélo à la station de départ.

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Un accès simplifié à Cambio

Pour la réservation d’une auto partagée Cambio, l’avantage de passer par Olympus est qu’il supprime les contraintes de la formule. Le client Olympus échappe en effet à l’inscription qui est une forme de garantie (150 à 500 euros) selon le type de tarif choisi et à l’abonnement mensuel. Cambio a l’avantage d’être disponible dans beaucoup de villes, et pas seulement à Bruxelles ou Anvers. Ce n’est pas un service en free floating : il faut ramener le véhicule à la station de départ. La tarification pratiquée pour le modèle (une Citroën C3) était de 1,73 euro par heure (deux heures étaient réservées), plus 27 centimes par kilomètre. Pour ouvrir le véhicule, il suffit d’appliquer la carte Mobib sur un petit terminal au travers du pare-brise. En théorie car lors de notre test, cela n’a pas ouvert les portes comme prévu. Un appel au centre d’appels a permis de débloquer l’automobile.

Dernier petit essai dans l’appli Olympus : le paiement de parcmètres via le service 4411 (25 centimes de frais par transaction). Pour utiliser le service, il faut s’y inscrire dans l’appli, puis c’est parti.

L’appli suit une logique de budget prépayé. Il faut, pour chaque transaction, indiquer le type de budget activé : business, privé ou mobilité, s’il y en a un organisé par l’entreprise. Le premier est un budget alloué par l’entreprise pour les déplacements, le second correspond aux déplacements à caractère privé payés via une carte Maestro ou MasterCard, le dernier concerne la mise en oeuvre d’un budget mobilité par l’entreprise selon le plafond prévu et aux règles légales ( lire l’encadré ” Le budget mobilité “).

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Forces et faiblesses du guichet unique

Le bilan général de ces essais ? Très positif, du moins côté utilisateur. Une fois la phase d’apprentissage passée, les deux services testés incitent à découvrir d’autres moyens de transport et à mieux réfléchir sur la meilleure manière d’arriver à destination.

Nous n’avons pu juger ces dispositifs au niveau de l’entreprise mais l’avantage est clair : une facturation mensuelle centralisée et la possibilité de déduire la TVA pour certains services partenaires, comme la SNCB (6% de TVA), moyennant des frais. Olympus facture à ses clients directs 1,49 euro par mois, plus 3,6 euros de frais par mois d’utilisation effective.

La logique de guichet unique développée par Olympus, dans son appli, est la plus séduisante pour l’utilisateur, la plus facile à l’usage, mais l’offre reste encore étroite. ” Il y a beaucoup de nouveaux arrivants, explique Koen Van De Putte. Ils doivent être suffisamment stables avant d’être intégrés. On le voit avec les trottinettes ou vélos partagés, certains ne sont déjà plus là. ” Il promet d’ajouter d’autres acteurs, ” à condition qu’ils relèvent d’une mobilité durable et qu’ils aient une présence géographique suffisante. ” La voiture partagée, oui. En free float ? Koen Van De Putte hésite. Il avait bien entamé des discussions avec DriveNow mais elles ont été suspendues avec la fusion avec Car2Go. Mais il s’intéresse aux vélos partagés Billy.

Olympus est aussi tributaire de la dématérialisation des transactions chez les opérateurs, condition nécessaire pour leur disponibilité sur une appli. Elle est effective à la SNCB mais pas à la Stib, où il faut toujours passer par une carte Mobib, qui peut être alimentée via l’appli Olympus. Même chose pour Villo, mais cela devrait changer.

Modalizy, qui préfère ne pas attendre, propose plus de services, sans songer à les intégrer dans l’application. C’est plus compliqué pour les utilisateurs. Du moins au départ. Mais Alain Allyn soutient que ce n’est pas grand souci pour les digital natives. ” Notre public cible, c’est plutôt les 25/45 ans, avance-t-il, car beaucoup de nouveaux diplômés n’ont pas le permis et n’ont pas envie de le passer. ” Eux seraient moins freinés à jongler avec plusieurs applications : ils le font déjà.

Le budget mobilité

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Le gouvernement sortant est parvenu à faire voter en mars dernier une loi instaurant la possibilité pour les entreprises de créer un budget mobilité pour leur personnel. Elle vise à étendre les avantages fiscaux de la voitures de société à d’autres moyens de transport. L’argent consacré normalement à une voiture de société peut être dépensé à d’autres moyens de transport, sans taxation ni cotisation sociale. Ce budget peut être affecté aux transports en commun (bus, tram, métro, train), au vélo (pour un achat ou un vélo partagé), une voiture partagée, ou de location pour les vacances, dans le périmètre du budget. Il y a même moyen d’adopter une approche hybride, avec des mobilités alternatives et une auto, plus petite, ” respectueuse de l’environnement “, électrique ou émettant maximum 105 grammes de CO2 par kilomètre (2019). S’il y a un reliquat, le montant est encaissable par le salarié moyennant une taxation dissuasive de 38,07%.

https://lebudgetmobilite.be

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