Willnot

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A Willnot, dans l’Arizona, la découverte de cinq cadavres dans une ancienne carrière à la sortie de la ville aurait de quoi perturber la relative tranquillité de cette bourgade où tout le monde vit dans le respect de chacun et de ses différences. Si l’enquête occupe les journées du shérif et attise même la curiosité du FBI, le charnier ne paraît pourtant pas troubler les habitants de cette petite cité où l’idée ” qu’il vaut mieux laisser les choses en l’état que de tout chambouler ” est communément admise. Le docteur Lamar Hale semble le penser aussi, lui qui poursuit son quotidien entre opérations de routine et petits bobos. Est-ce le retour inattendu, par apparitions fugaces, d’un vétéran de l’armée américaine ou bien la conscience du temps qui passe qui va plonger notre chirurgien de campagne dans une profonde réflexion sur son enfance ? Se jouant des codes du polar noir qu’il maîtrise à merveille, à l’image de sa série des John Turner ou de Drive (qui a inspiré le film éponyme), James Sallis nous plonge dans un suspense retenu, dans une lente enquête intérieure, balançant entre le mystère tendu et un certain apaisement du quotidien. L’auteur y délaisse peu à peu les ficelles du thriller pour un roman minimaliste et presque métaphysique sur la transmission et le désir de retrouver l’enfant qu’on était. Une leçon sur les démons du passé : ” Il y a une crapule en chacun de nous, une crapule contre laquelle nous devons nous battre “.

James Sallis, ” Willnot “, éditions Rivages, 230 pages, 19 euros.

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