Vivian et les selfies

© PG/VIVIAN MAIER MALOOF COLLECTION, COURTESY HOWARD GREENBERG GALLERY, NEW YORK

Débusquer un artiste complètement ignoré de son époque ou porter tardivement au pinacle des anciens laissés-pour-compte… Le cas est banal en musique, par exemple avec Cesaria Evora ou Charles Bradley. Mais le phénomène est moins fréquent en photographie. D’où l’émoi entourant l’histoire et la carrière de Vivian Maier (1926-2009), New-Yorkaise de mère française et de père autrichien qui passa son enfance entre les Etats-Unis et l’Europe. A partir de la trentaine, Vivian devient nounou professionnelle mais pratique la streetphotography, promenant son Rolleiflex notamment dans les rues de Chicago, New York ou Los Angeles. Particularité de ses images: l’auteure utilise tous les moyens possibles pour s’y intégrer, jouant notamment avec son ombre ou les reflets dans les vitrines, miroirs, etc. Vivian Maier aura appuyé plus de 150.000 fois sur le déclencheur de son appareil et filmé également en 8 mm de nombreuses scènes de la vie ordinaire. Las, la plupart de ces négatifs n’ont pas été développés de son vivant mais redécouverts ensuite par deux collectionneurs américains, Ron Slattery et Randy Prow, qui auront l’idée de partager ces images sur le site Flickr en 2009, déclenchant un intérêt international viral. Dernier avatar en date de cet intérêt: l’actuelle exposition à Bozar qui rassemble plus de 80 de ses autoportraits. Des clichés mâtinés parfois d’une certaine candeur mais qui offrent une approche fraîche et réaliste de la société nord-américaine des années 1940 au début des 2000. Un critique américain a comparé le travail de Vivian Maier à celui de Robert Frank ou même de Diane Arbus… Même si on n’est pas tout à fait convaincu par cet audacieux parallèle, force est de lui reconnaître la qualité de real shooter.

A Bozar jusqu’au 21 juillet puis du 16 au 28 août, www.bozar.be

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