Vive la désobéissance

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Entre roman noir et huis clos psychologique, “Un monde merveilleux”, du Belge Paul Colize, aborde la question de la responsabilité individuelle face aux tragédies de masse.

Daniel, militaire belge basé en Allemagne, est réquisitionné par sa hiérarchie pour servir de chauffeur à Marlène, une femme de 38 ans qu’il va amener en France, puis en Espagne, sur les traces de quelqu’un dont elle ne lui révèle pas l’identité. Pour tout dire, Daniel ne connaît absolument rien de la mission qui lui a été confiée. Il se contente donc d’obéir aux ordres…

Nous sommes en 1973. On fume encore dans les cafés et les véhicules, la guerre du Kippour oppose Israël à une coalition de pays arabes et la première crise pétrolière montre le bout de son nez. Dans cette voiture qui va parcourir des milliers de kilomètres, entre ses deux personnages, exhale un parfum de huis clos. Seulement entrecoupé de chapitres faussement “hors contexte”, qui évoquent ici Stephan Zweig, là l’étudiant chinois face aux chars de Tian’anmen, le récit prend lentement forme, autour d’un sujet contemporain: la désobéissance civile. Voire la désobéissance tout court. Dans Un monde merveilleux, s’invitent en outre d’anciennes blessures qui ont marqué l’histoire de la Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme le massacre de Malmedy qui a coûté la vie à 84 personnes en 1944. Comme les méfaits des nazis et des collaborateurs au premier rang desquels figuraient Léon Degrelle et son parti Rex. Situant une partie de son roman dans l’Espagne de Franco, le Belge Paul Colize rappelle combien le régime du Caudillo a su se montrer accueillant envers celles et ceux qui ont fui la justice de leur pays après la guerre. Dans un style propre au roman noir, il aborde la question de la responsabilité individuelle face aux tragédies de masse. Qui est coupable? Celui qui a pressé la détente ou celui qui lui a demandé de le faire? Des questions qu’il nous pose sans jamais alourdir son suspense…

Paul Colize, “Un monde merveilleux”, Editions Hervé Chopin, 320 pages, 19 euros.

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