Après les quatre tours (72 trous) du Masters d’Andalousie, qui s’est disputé le week-end dernier sur le diabolique parcours de Valderrama, seuls 14 joueurs présentaient un score sous le par. Le cut du tournoi avait été fixé à +5 et Jon Rahm, n°1 mondial en personne, n’avait pas réussi à le franchir après avoir rentré des cartes de 78 et 74. A l’heure où de nombreux observateurs estiment qu’il faut rendre les parcours plus difficiles et limiter la course à l’armement au niveau du matériel, voilà qui ne manque pas d’interpeller!
Valderrama n’est pourtant pas spécialement long (par 71 de 6.425m). Les fers y sont souvent bien plus utiles que les bois. Mais à l’instar de l’Augusta National, il représente, techniquement, le défi absolu. Avec ses fairways étroits balisés par les pins parasols, le rough et les bunkers, il oblige le joueur à faire preuve d’une précision horlogère sur chaque coup. Il faut, chaque fois, poser la balle dans un périmètre réduit de quelques mètres carrés pour ne pas se retrouver avec un coup impossible. Même après un bon départ, rien n’est assuré. Et les greens, souvent petits et pentus, sont probablement les plus complexes d’Europe à décrypter avec des lignes improbables et souvent invisibles. Ajoutez à ces paramètres la présence régulière d’un vent capricieux (Valderrama se situe près du détroit de Gibraltar, entre la Méditerranée et l’Atlantique) et chacun comprendra pourquoi le parcours andalou cher à Severiano Ballesteros est aussi beau à contempler qu’infernal à jouer. “Mentalement, le challenge est permanent. La moindre petite erreur est pénalisée sur la carte”, résume Thomas Detry qui, à l’image de Thomas Pieters et Nicolas Colsaerts, n’a pas réussi à franchir l’écueil du cut cette année.
Voilà qui rouvre, en tout cas, l’éternel débat sur le dessin des parcours. Chaque semaine, d’éminents spécialistes se plaignent des scores très bas sur les circuits de l’European Tour et du PGA Tour. De fait, de nombreux tournois se gagnent à 25 sous le par sur des championship courses plutôt faciles qui favorisent les drives supersoniques des champions modernes. A Valderrama, rien de tout cela. Le lieu est réservé aux orfèvres et aux métronomes. On se demande d’ailleurs, au passage, quelle tactique utiliserait Bryson DeChambeau à Valderrama pour y rentabiliser son affolante longueur?
Certes, on ne peut obliger les joueurs professionnels à évoluer tout au long de la saison sur des parcours aussi ardus. Mais Valderrama peut néanmoins servir de point de départ à une réflexion plus générale sur la façon de rendre un parcours compliqué sans nécessairement toucher au matériel, aux balles ou aux règles.