PermaFungi invente un myco-matériau pour concurrencer le plastique

Julien Jacquet, le patron et fondateur de PermaFungi. L'ambition de la firme bruxelloise consiste à produire, d'ici fin 2025, quelque 12 tonnes de myco-matériau par mois en recyclant 15 tonnes de déchets. © PG

Réutiliser du marc de café pour faire pousser des champignons. Puis réutiliser les résidus de la culture de champignons pour créer un nouveau matériau. Pas de doute: le modèle de PermaFungi est définitivement axé sur l’économie circulaire.

Sur le créneau de l’économie circulaire, PermaFungi compte indéniablement parmi les bons élèves. L’entreprise s’est construite, dès 2013, avec la ferme ambition de développer un business qui réponde aux enjeux environnementaux et sociétaux. Voilà pourquoi elle s’est lancée dans la culture de champignons bios sur un déchet urbain: le marc de café (15.000 tonnes jetées par an rien que dans la capitale). Disposant aujourd’hui d’un site de 1.200 m2 dans les caves de Tour et Taxis à Bruxelles, la PME emploie huit personnes (deux viennent d’être engagées) et avance un chiffre d’affaires d’un demi-million d’euros environ. Mais ce n’est pas tout, avec le “champost”, c’est-à-dire les détritus issus de la culture des champignons sur marc de café, PermaFungi a imaginé aller encore plus loin. Elle a récemment lancé un nouveau type de matériau, à savoir un myco-matériau. Il s’agit d’un matériau obtenu à partir de déchets organiques transformés par l’action naturelle du mycélium, la semence des champignons.

Après plusieurs années de recherche et développement pour la mise au point de ce matériau innovant et circulaire, PermaFungi a pu constater que ce myco-matériau serait bien capable de concurrencer le plastique ou la frigolite grâce à ses propriétés, isolantes notamment. De quoi trouver des débouchés dans le domaine du bâtiment ou du packaging, deux secteurs gourmands en plastique et donc particulièrement polluants. “Les secteurs de la construction et de l’emballage représentent 52% de la consommation de plastique dans le monde et sont donc un enjeu sociétal et économique majeur, détaille Julien Jacquet, le patron et fondateur de PermaFungi. Voilà pourquoi nous entrons sur ce marché encore dépendant des énergies fossiles.”

Le contexte semble particulièrement favorable au développement de cette solution. Du moins sur papier. D’abord, la quête de produits plus sains et plus respectueux de l’environnement devient prioritaire pour un nombre toujours croissant de consommateurs et d’entreprises. Une démarche d’ailleurs largement encouragée par le Green Deal européen, stratégie comptant progressivement interdire les plastiques, encourager l’économie circulaire et soutenir les modèles de consommation et de production durables. Dans le même temps, la Commission européenne veut imposer la rénovation énergétique pour diminuer l’impact carbone des bâtiments. Un environnement évidemment propice à l’émergence d’innovations comme le myco-matériau de PermaFungi.

Secteur du packaging

L’entreprise a d’ailleurs obtenu un financement de 2 millions d’euros pour la mise en place de sa chaîne de production. D’autant que la tendance ne concerne pas seulement la construction. Les enjeux liés aux packagings sont également énormes: le patron de PermaFungi évoque le chiffre de 75% des Européens opposés aux matériaux polluants dans les conditionnements.

L’ambition de la firme bruxelloise consiste à produire, d’ici fin 2025, quelque 12 tonnes de myco-matériau par mois en recyclant 15 tonnes de déchets. Un objectif que PermaFungi devrait parvenir à réaliser en recrutant 20 nouvelles personnes et en levant des fonds car les ambitions sont grandes. L’entreprise se verrait bien leader en Europe sur le créneau de ce nouveau matériau.

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