Un code couleur qui divise

Classant les produits sur une échelle de A à E en fonction de leurs qualités nutritionnelles, le Nutri-Score dispose enfin d’un cadre légal en Belgique. L’industrie agroalimentaire fait cependant tout pour maintenir son côté facultatif.

C’est un petit logo a priori inoffensif qui déclenche pourtant un intense lobbying. Les associations de défense des consommateurs aimeraient le rendre obligatoire dans toute l’Union européenne, les industriels de l’agroalimentaire font tout pour qu’il reste non contraignant. Déjà apposé par plusieurs de nos distributeurs sur certains de leurs produits à marque propre, le fameux Nutri-Score né en France vient de se voir officiellement lancé chez nous. Ce code couleur classant les produits de A à E (du vert au rouge) en fonction de leurs qualités nutritionnelles bénéficie en effet depuis la semaine dernière d’un cadre légal via un arrêté royal publié au Moniteur.

L’outil prend en compte plusieurs nutriments considérés comme positifs (protéines, fibres, fruits, légumes, noix) ou négatifs (sucre, sel, graisses saturées). ” Il n’est pas parfait, reconnaît Julie Frère, porte-parole de Test-Achats. Les additifs (colorants, édulcorants, conservateurs) ne sont, par exemple, pas pris en considération, ce qui fait qu’un Coca-Cola Zero afficherait la lettre B. Mais il a le mérite de permettre au consommateur de prendre une décision rapide. Il augmente les qualités nutritionnelles du panier global et touche plus fortement les familles à faibles revenus. Son introduction a pour conséquence que plusieurs produits ont déjà été reformulés pour contenir moins de sucre, de sel, etc. ”

” Ne pas vouloir tout simplifier ”

A ce stade, le Nutri-Score n’est en rien obligatoire. De plus, les fabricants et distributeurs qui décident de l’afficher peuvent tout à fait le faire ailleurs que sur l’emballage, via une application ou sur leur site, par exemple. Le fruit d’un lobbying acharné de la part du secteur agroalimentaire qui voit dans ce nouvel outil un risque de ” stigmatisation ” des produits. ” Il ne faut pas vouloir tout simplifier, affirme Jan Vander Stichele, président de la Fevia. Ce faisant, on ne tient pas compte des différents modes de vie. Un jeune qui fait du sport a besoin de manger autre chose qu’une personne âgée. Or, une lettre et une couleur, cela donne beaucoup moins d’informations qu’un tableau. ” Le responsable explique en effet que chaque fabricant est déjà obligé d’apposer sur ses produits un petit tableau reprenant l’apport nutritionnel par 100 g/ml. ” Depuis lors, l’industrie a travaillé sur la réduction des portions afin de faire baisser le nombre de calories. Mais tout ce travail, le Nutri-Score ne le prend pas en compte. ”

Certains fabricants ont toutefois décidé de se lancer dans l’aventure. C’est le cas de Danone, notamment. ” Cela pourrait bien créer un cercle vertueux et inciter d’autres fabricants à se lancer “, se réjouit Julie Frère. Mais tant que l’outil reste facultatif, ne risque-t-on pas d’assister à la multiplication des scores A et B ? ” C’est de bonne guerre, estime la porte-parole. Il faut toutefois savoir que le cadre légal belge impose à tout qui décide d’entrer dans le système d’afficher le Nutri-Score sur l’ensemble de ses produits dans les deux ans. “

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