Tu t’appelais Maria Schneider

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De Maria Schneider, le grand public a retenu un film, et plus particulièrement une scène, du Dernier Tango à Paris, de Bernardo Bertolucci, qui fit scandale lors de sa sortie en salles en 1972. Plus de 40 ans avant l’affaire Weinstein, cette scène fameuse d’un acte sexuel – simulé mais dissimulé à la jeune actrice avant la prise – est devenu l’un des symboles de la domination masculine dans le milieu du cinéma. La jeune comédienne ne s’en est jamais remise. Certes, elle a tourné av@ec les réalistes italiens et français Antonioni, Comencini, Garrel, etc., mais une étiquette de femme sulfureuse, ” facile “, lui a collé à la peau jusqu’à sa mort, en 2011. La journaliste du Monde Vanessa Schneider, cousine et un temps cohabitante de Maria, rend dans son livre (qu’elles auraient dû écrire à deux) un hommage à cette femme libre. Elle dévoile les fragilités d’une personne brisée. Cependant, en s’adressant à la disparue, elle la renvoie à ses propres démons, notamment ses addictions à l’héroïne (” un poison pour nous tous “) et à l’alcool. Ce recueil de souvenirs d’une enfant ayant grandi dans une famille aux idéaux révolutionnaires bien ancrés, où la mort de Mao suscite les larmes, mais où les humeurs de Maria épuisent, revient sur la paternité difficilement assumée de Daniel Gélin, une mère odieuse, la bisexualité, la presse à scandales. Poignant tout en restant pudique, ce récit aux chapitres courts et à l’écriture sincère n’excuse rien mais assume tout.

Vanessa Schneider, “Tu t’appelais Maria Schneider”, éditions Grasset, 256 pages, 13,99 euros.

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