Tsimba à l’Africa Museum

© PG/KMMA-MRAC

L’artiste kinois contemporain Freddy Tsimba dialogue avec les plantureuses collections du musée de l’Afrique centrale.

Depuis la réouverture de l’Africa Museum en décembre 2018, l’institution initiée par Léopold II à la fin du 19e siècle – inaugurée en 1910 – a fait l’objet de diverses critiques. Notamment congolaises, fustigeant un point de vue jugé trop eurocentriste défendu par le musée, malgré une refonte importante de sa démarche historique, fruit de l’intervention de spécialistes eux-mêmes issus d’Afrique noire. Malgré ces opinions parfois radicales elles-mêmes occasionnellement empreintes de clichés, on peut raisonnablement considérer qu’au final, cette nouvelle mouture muséale est une réussite. Architecturale comme scientifique. Pour la première fois depuis fin 2018, l’Africa Museum propose donc une exposition temporaire sous la patte du commissaire In Koli Jean Bofane, écrivain congolais remarqué pour sa prose romanesque et réaliste, notamment via le succès de librairie de Mathématiques congolaises, paru chez Actes Sud. D’où l’idée de faire appel à un autre contemporain, Freddy Tsimba, né en 1967 à Kinshasa. Devenu l’un des principaux créateurs de la RDC, reconnu à l’international, cet artiste travaille abondamment la fonderie et la soudure, à l’aide de matériaux généralement ramassés dans la rue et sur les lieux d’affrontement. Un recyclage frondeur, inventif, tirant de l’histoire agitée – et toujours pas calmée – de son pays, des oeuvres poétiques personnelles. Belle idée donc que de confronter pacifiquement 22 des créations de Tsimba le forgeron à 25 pièces du musée.

Le thème est dans le titre de l’expo, Mabele eleki lola!: La terre, plus belle que le paradis. Une façon de dézoomer l’époque, de prendre de la distance tout en honorant la mémoire congolaise et africaine. Douilles et métaux de récupération se trouvent incarnés par Tsimba dans des objets aussi divers qu’un masque, une croix, un homme sur un siège, des bustes féminins ou cette pièce de 2014 baptisée Ils n’auront pas mon diamant, corps tordu et recouvert de clés en guise de pierres précieuses. Le tout face à de formidables pièces uniques tels qu’une statue de mère et enfant en bois ou ce fascinant sabre de 1938, fait de fer, cuivre et bois.

Jusqu’au 15 août, www.africamuseum.be

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