Spilliaert, le feu du spleen

© PG

Le peintre ostendais aux oeuvres qui subliment le noir est à voir actuellement à Paris. Il est aussi à lire avec une infinie poésie dans le portrait que lui dédie la journaliste Eva Bester.

Les musées ouvrent de nouveau leurs portes en France. L’occasion pour les Parisiens de découvrir “notre” Léon Spilliaert, objet actuellement d’une large rétrospective au Musée d’Orsay. Né à Ostende en 1881 et mort à Bruxelles en 1946, le peintre a été qualifié de “héros flamand” par le ministre-président Jan Jambon. Mais l’homme n’en aurait sans doute rien eu à faire de ce nationalisme, lui qui passait son temps en France et dans la campagne wallonne. Il peignit d’ailleurs cette dernière avec beaucoup de délicatesse, par exemple dans le tableau Branchages et paysage vallonné. Une oeuvre de 1938 qui inspire la quiétude: “Ce paysage japonisant, dans lequel des branches tortueuses griffent les aplats de bleu naïfs d’une perspective aérienne, pourrait être celui de l’intérieur d’un oeil, avec ses veines rétiniennes et son humeur aqueuse.” C’est la journaliste française Eva Bester, auteure du petit ouvrage Léon Spilliaert, qui décrit le tableau. Personnellement, on y voit plutôt des vagues, comme celles de la plage d’Ostende que Spilliaert a tant représentée. Mais qu’importe, y transparaît la même mélancolie, la même angoisse existentielle dans tout ce qu’il ancre d’encre. Spilliaert et moi sommes frères de noir. (…) Ses paysages sont des asiles, ses portraits, les effigies de nos âmes sombres. (…) C’est un alchimiste: de la boue et la sombreur, il fait du sublime. Spilliaert donne du panache au spleen”, écrit encore Eva Bester. En matière de spleen, la journaliste sait de quoi elle parle, elle qui anime depuis plus de cinq ans la superbe émission dominicale Remède à la mélancolie sur France Inter. Pour comprendre Spilliaert, il n’y a donc pas mieux que ses mots à elle, échos de ses peintures et autoportraits à lui, qui ont tous quelque chose de feu, de flou, de fou.

Eva Bester, Léon Spilliaert, éditions Autrement, 110 pages, 12 euros.

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