Sorcières bien aimées?

Albert Joseph Pénot, "Départ pour le Sabbat" (1910) © PG

Jusqu’à la mi-janvier, l’expo “Witches” à l’Espace Vanderborght présente la figure de la sorcière à travers les âges: des procès moyenâgeux à la récupération par les mouvements féministes.

Pour les lecteurs matures de Trends-Tendances, il est probable que le terme witch s’accorde immédiatement avec Ma sorcière bien-aimée. Ils n’ont pas oublié ce feuilleton américain en 254 épisodes de 24 minutes, initialement diffusé sur la chaîne ABC entre 1964 et 1972, et qui connut le succès un peu partout à l’international, y compris sur la RTB(F) où il s’installa comme classique absolu des sixties-seventies. On se souvient, dans le rôle principal, de la délicieuse Elizabeth Montgomery (1933-1995), sorcière au look de Jane Fonda (…), qui secouait son nez cabotin lorsqu’elle s’adonnait à la magie, secouant surtout sa vie maritale de banlieusarde américaine de classe moyenne des Trente Glorieuses.

Plus vaste est le sujet de l’exposition présentée à deux pas de la Monnaie, à l’Espace Vanderborght. Bâtiment moderniste qui fut longtemps un magasin de mobilier, le lieu a été racheté par la Ville de Bruxelles pour une destination culturelle. Ses cinq étages et 6.000 m2 disponibles accueillent cette fois une initiative d’ULB Culture, dont on connaît l’intérêt pour les sujets d’époque: après une récente expo sur la créativité au temps du covid présenté au campus Solbosch, voilà la jonction entre des légendes ancestrales et les thèmes contemporains. Notamment ceux des mouvements féministes et queers qui, entre underground et provoc, usent de la figure ensorcelée pour défier la norme. Un héritage de la bouillante année 1968 et des New-Yorkaises de W.I.T.C.H (Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell). Ce n’est bien évidemment que l’une des étapes de remontée dans le temps comme celle qui consiste à emprunter l’échelle de la morale et de la bienséance. Via 400 objets, oeuvres et documents, on voyage dans des réalités aussi différentes et brutales que les archives de procès, des documents divers, l’art contemporain ou encore la danse. Sans oublier toute cette iconographie issue du cinéma, de la télévision ou de la photographie. Sans reconnaître pleinement le slogan de l’expo – les sorcières sont parmi nous -, on peut tenter d’aller soi-même vérifier sur place…

Jusqu’au 16 janvier, https://witches-expo.ulb.be

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