Il n’a pas toujours bonne réputation. Il se chuchote même qu’il est l’un des plus sales caractères du circuit professionnel. De fait, sur les greens, Tyrrell Hatton collectionne les gestes de mauvaise humeur, les jets de club et les gros mots. Il y a chez lui un petit côté John McEnroe ou Nick Kyrgios, au choix. Dans les compétitions de jeunes, il avait d’ailleurs dû composer avec plusieurs exclusions. ” J’ai le sang chaud, c’est vrai. Sur un parcours, je suis très explosif “, admet-il, le verbe bougon. Mais parallèlement, cet Anglais qui vient de fêter son 29e anniversaire est sans conteste l’un des meilleurs joueurs du moment. Il vient encore de le prouver en s’adjugeant ici en octobre le BMW PGA Championship sur le légendaire parcours de Wentworth et en se hissant, du même coup, dans le top 10 mondial.
Né dans le Buckingamshire, le petit Tyrrell a grandi sous l’autorité d’un père omniprésent qui n’a cessé de pousser son rejeton vers la carrière de professionnel. Aujour-d’hui encore, Jeff Hatton joue volontiers les conseillers pour son fils et figure au rang de coach officiel sur son site. ” Je n’ai pas peur de lui dire ses quatre vérités. Et il m’écoute “, sourit-il.
Passé professionnel en 2011, Tyrrell Hatton a remporté son premier titre sur l’European Tour en 2016, lors du Links Championship, en Ecosse. Il affiche depuis une progression linéaire, avec cinq sacres sur le circuit européen et un sur le PGA Tour. Et faut-il rappeler qu’il faisait partie de l’équipe victorieuse de la Ryder Cup en 2018 ?
Dans la grande famille du golf made in England, le bouillant Tyrrell occupe une place à part. Il n’a assurément pas le côté ” gendre idéal ” de Nick Faldo, Luke Donald ou Justin Rose, ni le profil du gentleman qui fréquente les club-houses huppés. On le verrait davantage dans le kop d’Anfield Road, en train d’encourager les Reds de Liverpool dont il est un grand fan. A Wentworth, il jouait même vêtu d’un sweat à capuche ! En attendant, sur les fairways, il se débrouille très bien, merci pour lui. Atypique techniquement, il joue à l’instinct, guidé par une forme de don naturel. Et ça marche. C’est bien simple : il est désormais n° 1 anglais au ranking mondial. Son prochain grand défi : remporter un tournoi du Grand Chelem. De l’avis de nombreux spécialistes, il en est clairement capable. Il fera en tout cas partie des grands outsiders du prochain Masters (du 12 au 15 novembre). Osons croire qu’en cas de succès, il n’enverra pas balader le protocole de l’Augusta National !