Rosés pour déconfinés

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A l’aube d’un été qui sera à nul autre pareil, où les jardins belges remplaceront largement le sable chaud étranger et où la convivialité des bulles se substituera aux grands rendez-vous de masse, il importe plus que jamais de se faire plaisir. Voilà une sélection de vins rosés pour égayer vos apéritifs prolongés ou accompagner des repas à la belle étoile.

Ce n’est pas la première fois qu’on vous le dit : le rosé a, chez nous, le vent en poupe. En quelques années, le volume des ventes a grimpé de 20 %. A titre d’exemple, Delhaize en a, l’an dernier, écoulé sept millions de litres. Comme en France où une bouteille vendue sur trois est un rosé, la Belgique commence à en boire toute l’année, singulièrement au sud de pays, le nord restant très attaché au blanc.

Il y a deux explications majeures à cela. D’abord, le rosé, comme d’ailleurs les bulles et le blanc, plaît aux nouvelles générations très friandes de vins immédiats, frais et sur le fruit. Ensuite, il connaît depuis quelques années une sérieuse montée en gamme qui a lui a permis de faire son entrée sur les belles tables gourmandes. Avec, évidemment, la Provence et ses domaines stars en fer de lance (Miraval, Château d’Esclans récemment racheté par LVMH, etc.). Ce succès, notamment à l’exportation, a poussé les prix provençaux à la hausse : en 10 ans, le prix moyen hors taxe de ventes a doublé pour approcher les 5 euros ! Cette inflation a profité aux autres vignobles français qui avaient, eux aussi, connu pareille montée en gamme et en qualité. Mais la pandémie est passée par là. Les stocks français sont pleins, des millions de litres de rosé sont toujours en cuve et l’exportation ne recommence que très lentement. On a ainsi vu des bouteilles courues se retrouver bradées dans des offres de grande distribution. Il y aura des affaires à faire cette année pour qui apprécie le genre. En attendant, nous vous proposons une sélection sans concession tirée de la quasi centaine d’échantillons qui, malgré le confinement, sont arrivés jusqu’à nous.

Rosés pour déconfinés
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Une affaire de femmes dans l’Aude

Voici une appellation dont on parle trop peu. L’AOP Cabardès ferme la marche du Languedoc, au nord-ouest de Carcassonne. Une petite région d’appellation de 450 hectares adossée à la montagne Noire et au confluent des influences atlantiques et méditerranéennes. Cette conjonction donne des assemblages particuliers dans les rouges entre syrah et grenache d’une part, et d’autre part, les cabernets sauvignon et franc et le merlot. La conjonction de l’influence océanique et de la chaleur du sud produit des vins riches, aromatiques mais jamais trop chargés. Au sein de l’appellation, le domaine Salitis fait figure de valeur sûre. Il appartient à la famille Depaule-Marandon depuis cinq générations et est dirigé par des femmes depuis quatre ! Aujourd’hui aux commandes, Anne Marandon-Maurel travaille en total respect de l’environnement et de ce terroir particulier. Toutes ses cuvées sont bios, certaines sont, en outre, véganes ou sans sulfites ajoutés. Le domaine produit deux rosés dont le magnifique Salitis Grenache Gris 2019 que les vins Brunin-Guillier (vinsbrunin.com , tél. 0489 202 020, livraison dans toute la Belgique) proposent à 7,90 euros. D’une belle couleur saumon, ce Salitis exalte des notes délicates de fruits rouges, une bouche bien ronde et un côté minéral qui fera merveille sur le poisson. A boire frais (10-12°) mais pas frappé. Une jolie découverte !

Rosés pour déconfinés
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Un pas de deux dans les Corbières

On ne quitte pas l’Aude mais ce n’est plus la montagne Noire qui nous fait face mais la montagne d’Alaric dans la zone d’appellation Corbières. Nous y retrouvons le Château Lalis, une vieille connaissance de cette rubrique puisque nous adorons les rouges du domaine comme les Petits Moulins ou le GR36. Le domaine de 52 hectares, qui regroupe quatre origines de propriétés différentes, est situé sur le terroir très particulier de Lagrasse qui allie dureté de la nature et présence d’un cours d’eau classé Natura 2000, l’Orbieu. Cette particularité permettra peut-être un jour aux vignerons du cru d’ajouter la dénomination géographique complémentaire Lagrasse à Corbières sur leurs étiquettes. En attendant, Philippe Lestrade et ses acolytes produisent depuis 2009 un chouette rosé appelé Choryphée. Cette dénomination (que l’on retrouve aussi orthographiée coryphée) évoque le quatrième rang (sur cinq) du corps de ballet de l’Opéra de Paris et rend hommage à un ami du domaine qui a participé à la naissance du vin. Voilà un 100 % grenache de toute belle facture qui accompagnera à merveille les poissons grillés, les salades mais aussi les plats asiatiques. Il est disponible à la Maison Pirard qui fête cette année son 75e anniversaire (vinspirard.be, tél. 067 77 31 01, livraison dans toute la Belgique) au prix de 8,50 euros (magnum à 17,50 euros).

Rosés pour déconfinés
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Le clin d’oeil du Clos du Serres

Ne quittons toujours pas le Languedoc ! Cela fait très longtemps que nous adorons les rouges de Sébastien et Béatrice Fillon bien logés dans la région préservée et sauvage des Terrasses du Larzac. Le Clos du Serres produit quelques-unes des plus belles pépites de cette appellation comme La Blaca ou l’Humeur Vagabonde et ses vieux carignans. Leur rosé, appelé Entre Amis, est du même tonneau. Il possède une jolie particularité puisqu’il fait la part belle (40 %) à un vieux cépage autochtone et quasiment oublié : l’oeillade. Voisin du cinsault avec lequel on le confond parfois, il donne des vins peu colorés mais avec une jolie aromatique. Les Fillon, qui en ont retrouvé sur leurs parcelles, se sont fait un devoir de le sauvegarder. A l’instar aussi de Thierry Navarre, qui, dans la zone d’appellation Saint-Chinian, produit un Vin d’OEillades mais aussi un 100% ribeyrenc, autre cépage oublié du Languedoc. L’Entre Amis est l’archétype même du rosé d’amateur. C’est frais et aérien mais présente une belle complexité aromatique et une jolie dose de gras. Un rosé qu’on réservera à la table et notamment sur des grillades qu’elles soient rouges ou blanches. A découvrir aussi chez Brunin-Guillier à 9,40 euros.

Rosés pour déconfinés
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La bonne source d’Apt

Voilà une histoire romanesque digne de Jean de Florette et de Manon des Sources. Dans les années 1970, au bord de la crise cardiaque, notre compatriote Philippe Pollet cherche à changer d’air. Il tombe fou amoureux du Luberon et de sa lumière si particulière. A l’époque, il n’y a rien et Gordes n’a rien du rendez-vous mondain qu’il est aujourd’hui. Il cherche un pied-à-terre et on lui indique, un peu sans y croire, un domaine dont personne ne veut. Une soixantaine d’hectares au nord d’Apt et une ancienne villa romaine à acheter pour une croûte de pain. Et pour cause, toutes les sources sont taries. Mais il a le coup de foudre dès qu’il franchit le portail, y croit et, à force de persévérance et avec l’aide, notamment, d’un sourcier gantois, il finira par trouver le graal : une source qui fait qu’encore aujourd’hui, le Château Le Puy Saurette n’est toujours pas relié à l’eau de ville. Un bien précieux qu’il a fallu protéger des esprits locaux malveillants qui, au début, ont tenté d’empoisonner la source avec du soufre… Aujourd’hui, le domaine est géré, entre autres, par Marie-Adine Pollet qui y propose de l’huile d’olive, des sirops, des lavandins, etc. Et, évidemment, du vin ! Autrefois envoyé à la coopérative, il est désormais destiné à la production propre du domaine lancée en 2005. Situé à la limite entre les appellations Luberon et Ventoux, Saurette produit des cuvées AOP Ventoux de toute belle facture. Et on y a le temps long. Le Saurette Découvertes Rosé est millésimé 2016. Il est la preuve, si tant est qu’il nous en fallait encore, que non, le rosé n’est pas un truc immédiat à boire dans l’année. Et que, comme les blancs, il est capable de vieillir, et bien vieillir. Voilà une cuvée de gastronomie qu’on servira entre 10 et 12° en ayant pris soin de l’aérer quelques minutes. Après une entame un peu molle, il se révèle pleinement : du fruit rouge, de la complexité aromatique et une finale tout en agrumes pour une belle persistance. Ce produit labellisé AOP Ventoux est donc belge et est disponible directement auprès de Marie-Adine Pollet (info@lepuy.org – tél. 0477 34 86 64) au prix de 9,50 euros. Elle offre une réduction de 10 % aux lecteurs de Trends-Tendances à l’achat d’une caisse.

Rosés pour déconfinés
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Il est sympa, le voisin !

Le confinement a eu du bon. Il a permis à notre ancien collègue du Soir, Marc Roisin, de lancer un vieux projet qu’il avait dans ses cartons : Le Vin des Voisins. L’idée ? Faire de l’achat groupé de vins de producteurs à taille humaine avec une livraison de proximité et de préférence durable. Marc enregistre les commandes, importe et puis livre. Son premier vin coup de coeur est une vieille connaissance : le clairet du Château Penin. Mais, nouveauté pour le marché belge, il existe désormais en version Natur. Une cuvée 100 % merlot sans sulfites ajoutés. Pour mémoire, le clairet, considéré comme l’ancêtre des vins de Bordeaux puisqu’il était le favori des marchands anglais des siècles derniers, bénéficie désormais d’une AOP spécifique. Il doit sa robe soutenue à une macération qui peut aller jusqu’à 48 heures au lieu de quelques heures pour les rosés. A l’arrivée, Patrick Carteyron a parfaitement réussi le virage Natur de son Château Penin version clairet. Une année après le rouge. C’est vif, rond et avec des fruits rouges qui explosent en bouche. Ce glouglou de potes est disponible via www.levindesvoisins.be au prix de 59,90 euros la caisse de six bouteilles. On en profite d’être dans la région bordelaise pour épingler deux autres jolies petites choses à acheter les yeux fermés : le Château Thieuley Clairet 2018 (8,19 euros chez Cora) et le Château Turcaud rosé (7,25 euros chez Rob).

Rosés pour déconfinés
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Maréchal, nous voilà !

Impossible d’éviter la Provence dans une sélection de rosés. Mais nous avons choisi un Côtes-de-Provence pour le moins atypique. Une cuvée vineuse mais disposant néanmoins de toute la fraîcheur nécessaire et d’une épatante droiture. Direction Cuers, au nord d’Hyères dans le Var, et le Domaine Turenne. Par référence au maréchal de Louis XIII et au chocolat du même nom produit à Sedan, sa ville natale. Cette chocolaterie fut dirigée par l’un de grands-pères de Philippe Bénézet, aujourd’hui aux commandes du domaine. Chez Cécile et Philippe Bénézet, on a l’amour de la nature. Ce respect de la vigne et du terroir se déguste dans la bouteille. Et en particulier dans Camille (par référence à la fille des propriétaires), un côtes-de-provence bio rosé, porte-drapeau du domaine, qui fait la part belle au cinsault. C’est de la belle ouvrage qu’on réservera à des accords avec des plats locaux comme les ratatouilles ou les tapenades mais aussi à des poissons de caractère ou de la volaille. Ce petit bijou provençal est disponible au prix de 10,90 euros chez Pinard Pirate (Woluwe-Saint-Pierre, pinardpirate.be, tél. 0472 98 05 61).

Rosés pour déconfinés

Et dans la grande distribution ?

Avec le confinement, la grande distribution belge n’a pas trop poussé ses opérations vins. Chez Cora, toutefois, on a maintenu la foire aux vins d’été. Jusqu’au lundi 6 juillet, on peut y bénéficier de jolies réductions tant en magasin que sur le site corawine.be. L’assortiment des rosés y est particulièrement relevé cette année. On a adoré la Casa Saint-Pierre, un IGP Côtes Catalanes 2019 (5,19 euros pendant la foire) et le Lou Parais, un IGP Alpes de Haute Provence (4,25 euros pendant la foire), deux cuvées idéales pour les apéros. Nous avons été bluffés par Amoureuse, un Costières de Nîmes rosé du Château Grand Escalion (6,79 euros pendant la foire). L’assemblage, issu d’une sélection parcellaire rigoureuse, est déjà détonant : grenache, mourvède et syrah et une série de cépages de vins blancs (vermentino, grenache blanc et roussanne). A l’arrivée, un véritable rosé de gastronomie avec ce qu’il faut de gras, de rondeur, de longueur et d’amplitude. Un véritable coup de coeur !

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