Rattrape son retard numérique

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L’avertissement sur bénéfice du printemps dernier a clairement affecté le cours de Bourse du producteur de lingerie belge Van de Velde. Cette réaction était logique, car si le bénéfice recule à l’avenir, la valorisation tendue de l’action ne se justifie plus. Pour autant, ces dernières semaines, l’action a une nouvelle fois eu le bénéfice du doute. Le cours s’est redressé de quelques pour cent. Une nouvelle déception se traduira par un nouveau repli du cours.

Si les chiffres semestriels confirment la mise en garde sur le bénéfice, ils démontrent également que le chiffre d’affaires (CA) est parvenu à se maintenir, affichant une hausse de 1,5 % sur une base comparable. Les ventes de gros ont été soutenues par la collection de maillots de bain PrimaDonna et le lancement à succès de la collection sport du label. Les ventes en magasins propres ont également progressé de 3 % sur une base comparable, alors que les ventes totales ont reculé de 1,1 % du fait du repli de la livre et de la fermeture de plusieurs magasins. Après le sensible recul du CA au second semestre de l’an dernier, la stabilisation des ventes en magasins propres est un point très positif.

La stabilisation des ventes n’a cependant pas pu empêcher la rentabilité de baisser de manière drastique. Au premier semestre de cette année, le cash-flow opérationnel comparable a reculé de 5,7 %, ce qui a évidemment inquiété les actionnaires, après vingt années de croissance du bénéfice. Le producteur pointe du doigt les coûts supplémentaires qu’il a dû consentir pour se préparer à l’avenir. L’entreprise a réagi tardivement à la tendance à la numérisation. Elle est consciente désormais de ce que la numérisation a changé fondamentalement le comportement d’achat des clients. Dans son dernier rapport annuel, elle indiquait que 75 % des achats dans le segment du luxe étaient influencés par ce que le consommateur voit, entend ou fait sur Internet. Van de Velde a dès lors mis sur pied notamment une structure d’e-commerce, tant pour ses magasins propres que pour les activités de commerce de gros, qui représentent plus de 80 % du CA et du bénéfice total. Mais à présent, l’entreprise est contrainte à optimiser sa chaîne de production. Il lui faut pouvoir produire et livrer vite des produits de qualité. Au premier semestre 2017, elle a investi 2 millions d’euros dans la croissance future liée au numérique. Cela demeure un investissement relativement limité sur un cash-flow opérationnel de 36 millions d’euros. La société investit à notre sens trop peu pour redonner souffle à sa croissance. Nous y verrons plus clair à la publication des prochains résultats.

En août, Van de Velde a confirmé les perspectives annoncées au printemps. Ses investissements accrus en 2017 et 2018 ne contribueront à une croissance durable du CA et du bénéfice qu’au cours des prochaines années.

Conclusion

Les coûts supplémentaires consentis par Van de Velde pèseront encore une année ou deux sur sa rentabilité. À un rapport cours/bénéfice de 19 et une valeur d’entreprise de plus de 10 fois le cash-flow opérationnel, le cours a anticipé la réorientation positive. Le risque de déception demeure grand. Cela dit, le cours s’est suffisamment replié pour que nous puissions relever le conseil de ” vendre ” à ” conserver “.

Conseil : conserver

Risque : moyen

Rating : 2B

Paru sur initiedelabourse.be le 28 septembre

Ses investissements (tardifs) pèseront quelques années sur sa rentabilité.

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